Il n’y a plus de doute, le rap est une valeur culturelle bien ancrée au Mali. Ce style, qui réunit à présent les générations et les genres, a su se faire une place dans le paysage musical malien malgré des débuts difficiles,
Dans un Mali très attaché à ses racines musicales, l’implantation du rap dans la culture malienne n’a pas été si simple. La première explication pourrait venir des origines de ce nouveau style. En effet, ce mouvement culturel et musical tire ses origines du hip-hop apparu au début des 1970 dans les ghettos américains, loin de la réalité sahélienne. En outre, les musiciens maliens défendent et protègent la culture de leurs chansons griottes et mandingues qui sont les références harmonieuses du pays.
Mais le rap a su se développer en dépit du poids des traditions encore très présent. Ce nouveau style qui se caractérise par une diction très rythmée qui mise sur l’usage de la rime convient finalement à certaines valeurs maliennes, notamment vis-à-vis des jeunes. Effectivement, pour ces derniers le rap est surtout un moyen de dire ce qu’ils pensent d’une société confrontée à de nombreux problèmes. Il leur sert également d’espace et de canal pour exprimer les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien. Ainsi, l’acceptation de styles musicaux nouveaux est une belle occasion de faire grandir les sociétés mais aussi de passer des messages au monde entier.
Pour preuve, au Mali, ce qui était impossible encore hier, l’est beaucoup moins aujourd’hui. Peu émancipées, les filles maliennes n’osaient pas encore s’intégrer dans ce mouvement principalement masculin. A présent, cet état d’esprit appartient au passé et le rap est aujourd’hui une représentation de la mixité de toute une nation. Les festivals de rap fleurissent un peu partout au Mali, de Bamako à Gao. Il existe même un festival dédié aux filles, le festival « Le Mali a des Rappeuses » !
A présent, tout un peuple se met au diapason de la jeunesse. Pour illustrer la bonne entente entre la musique traditionnelle et le rap, beaucoup de groupes de rap maliens utilisent des instruments tels la kora et le balafon. Le groupe des Zion Be pousse l’originalité jusqu’à revêtir dans leurs shows des tenues bambaras. On le constate, le rap a su s’adapter pour apaiser les anciens et autres réticents qui doutaient de cette musique importée. Ce rap malien se veut non violent et s’inspire grandement des griots et de la musique traditionnelle.
Un des plus beaux exemples de la réussite du rap au Mali est l’ascension fulgurante de la rappeuse malienne Ami Yerewolo. Authentique et originale, elle puise son inspiration par un mélange savant de la richesse musicale malienne et des sonorités venues d’ailleurs. Depuis son plus jeune âge, elle a été bercée par cette musique mandingue et, aujourd’hui, elle rappe en bambara et raconte l’amour qu’elle porte à son pays. Elle est devenue l’icône de toute une jeunesse et une belle preuve de réussite pour toute une génération de filles.
Enfin, il ne faut pas enfermer la jeunesse dans un seul et même style musical. Cette jeunesse malienne, n’a pas oublié pour autant l’importance des traditions et des musiques ancestrales. Cependant, avec l’avènement du rap, c’est un vent nouveau qui souffle sur le Mali portant avec lui une étincelle de fraicheur qui ravit tant d’oreilles.
Siaka Sidibé
@SidibSiaka17