Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé sa démission mardi soir à la télévision d’État, quelques heures après que des soldats eurent tiré des coups de feu en l’air devant son domicile avant de le détenir.
Ce développement spectaculaire survient après des mois de manifestations pour réclamer le départ du président.
M. Keïta, vêtu d’un masque en ce contexte de pandémie, semblait affligé lorsqu’il a déclaré sur les ondes du radiodiffuseur national ORTM que sa démission entrait en vigueur immédiatement. Une bannière au bas de l’écran de télévision le désignait comme le « président sortant ».
« Je voudrais à ce moment précis, tout en remerciant le peuple malien de son accompagnement au long de ces longues années et la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions, à partir de ce moment », a dit le président Keïta dans une allocution diffusée par la télévision nationale ORTM. « Et avec toutes les conséquences de droit: la dissolution de l’assemblée nationale et celle du gouvernement », a-t-il ajouté.
Le président, qui a été démocratiquement élu et réélu, n’avait plus beaucoup de choix, alors que des soldats s’étaient emparés des armes dans la ville de Kati, avant de s’avancer vers la capitale, Bamako.
Des soldats circulaient librement dans les rues de Bamako en soirée, affichant de plus en plus clairement leur contrôle sur la ville. Les militaires n’ont fait aucune déclaration publique jusqu’à maintenant.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, avait condamné la « détention forcée » des dirigeants maliens et a réclamé leur libération immédiate. Il avait rejeté « toute tentative de changement anticonstitutionnel » du gouvernement au Mali.
Les développements de la journée ont aussi été condamnés par les Nations unies, la France, les États-Unis et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Le soulèvement militaire risque de déstabiliser encore davantage le Mali, après le coup d’État de 2012 qui a permis à des insurgés islamistes de prendre le contrôle d’une grande partie du territoire et mené au déploiement d’une mission de maintien de la paix de l’ONU.
La nouvelle de la détention du président Keïta a toutefois été accueillie avec jubilation par des manifestants antigouvernementaux à Bamako, qui sont mobilisés depuis le mois de juin pour demander le départ du président trois ans avant la fin de son dernier mandat.
Des manifestants antigouvernementaux ont acclamé le coup de force des soldats, et certains ont mis le feu à un bâtiment appartenant au ministre de la Justice à Bamako.
Source: ledevoir