Le chef suprême des Armées a rassuré les militaires du soutien de l’ensemble du pays
et ajouté que les efforts de renforcement des capacités de défense se poursuivront.
Les Forces armées maliennes de défenses et de sécurité (FAMA) ont renouvelé leur serment d’allégeance aux institutions et au peuple malien, en présentant, jeudi dernier, leurs vœux du nouvel an au chef de l’Etat, chef suprême des armées, Ibrahim Boubacar Keïta. «Conforment aux textes et en référence à vos instructions et attentes, les Forces de défense et de sécurité seront au service du peuple malien et veilleront au prix de leur sang à la sauvegarde de l’honneur et de l’intégrité de leur pays, le Mali», a déclaré le chef d’état-major général des armées, le général de division M’Bemba Moussa Keïta. C’était en présence des chefs d’instituons, des membres du gouvernement, des chefs d’état-major de différents corps et des directeurs des services centraux de l’Armée.
Cette profession de foi coïncide avec un tournant décisif de la vie de notre nation. Les Maliens, longtemps divisés sur l’essentiel depuis le début de la crise en 2012, semblent prêts à faire une union sacrée pour défendre la souveraineté nationale, dont l’armée est à la fois le symbole et le garant. Aussi survient-elle à un moment où les FAMA ont repris du poil de la bête, redevenant en espace de quelques années un symbole de fierté nationale, voire régionale. Pour preuve, au lieu des replis tactiques qui caractérisait son action sur le terrain, l’armée malienne, en plus d’être capable de riposter aux attaques asymétriques, pourchasse et traque de plus en plus l’ennemi jusque dans ses derniers retranchements.
C’est dans ce contexte de confiance et de fierté retrouvées qu’intervenait cette présentation de vœux des FAMA au président du Conseil supérieur de défense. C’était l’occasion pour les chefs militaires, en dehors des autres cadres de concertation, une opportunité de faire «le bilan des actions de l’année écoulée, les difficultés rencontrées, des leçons apprises, de formuler des suggestions…».
Dans cette optique, le CEMGA a affirmé que 2018 a été active pour les FAMA sur le plan des opérations de sécurisation et de stabilisation, ainsi que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. «C’est ainsi qu’un poste de commandement avancé a été installé à Ségou pour la coordination d’une opération de saturation du centre, pour ensuite initier des actions de ratissage et de sécurisation de nombreux villages et agglomérations», a rappelé le général M’Bemba Keita. Ces actions militaires ont, a-t-il poursuivi, permis le retour de l’administration dans plusieurs zones, de la majorité des administrateurs civils à leur poste, l’effectivité de l’ouverture de plusieurs écoles, la sécurisation des foires, la tenue de l’élection présidentielle, etc.
CONSOLIDER LES ACQUIS – Outre les actions militaires, les FAMA ont aussi réalisé des activités sociales et de développement au profit des zones d’insécurité et sur le reste du territoire national, a souligné le chef des Armées. Le CEMGA a ainsi rappelé la participation de l’armée de l’air au désenclavement du pays, en effectuant des vols réguliers entre Bamako, Sévaré, Tombouctou, Mopti, Gao, Tessalit, Kayes au profit des militaires et des civiles. Aussi, la direction centrale du service de santé des armées est, dira-t-il, «la seule alternative d’accéder aux prestations de santé dans certaines localités comme Nampala, Menaka. Gomakoura, etc.».
Pour le général Keïta, ces prouesses ont été possibles grâce au renforcement des capacités matérielles, humaines et en infrastructure, dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM). Il s’agit entre autres des moyens de mobilité en véhicule, d’armes individuelles et collectives, des matériels et infrastructures sanitaires, des vecteurs aériens. Ces acquisitions ont permis aux forces de suivre normalement et avec aisance la cadence des opérations, a-t-il salué, avant de plaider : «Les FAMAS envisagent, à la fin des opérations de cantonnement, d’initier des actions de mise à niveau des éléments intégrés». Au titre des besoins, le CEMGA a égrené des préoccupations qui, selon lui, doivent être prises en compte dans le cadre de la LOPM 2020-2024. «Si les efforts financiers consentis sont renouvelés à la deuxième phase, les erreurs d’appréciation capitalisées, nous pourrions hisser sous peu notre outil de défense à un niveau de professionnalisme très élevé et opérer un maillage du territoire très efficace afin de contrer les menaces d’où qu’elles viennent», a-t-il prédit.
En réponse aux vœux et soucis, IBK a, tout en saluant les FAMA «pour tous les résultats obtenus en 2018 qui fut une année pas facile», souhaité «une année où nous ferons économie des vies de nos soldats». A cet effet, le chef suprême des Armées a assuré : «le gouvernement ne ménagera aucun effort pour consolider les acquis et poursuivre les objectifs pour avoir une armée digne de ce nom au service du peuple». Le prochain Conseil supérieur de défense, qu’il compte convoquer très bientôt, sera un cadre propice pour traiter en profondeur toutes les préoccupations et manquements constatés dans la mise en œuvre de la première phase de la LOPM, afin qu’ensemble «nous en tirons le bilan, avec rigueur et sans complaisance pour que nous avancions bien et mieux», a jouté le chef de l’Etat.
Concernant la nécessité de la mutualisation des efforts, le président Keïta dira : «Plus que jamais, notre pays a besoin d’une défense forte, d’abord pour redevenir ce qu’il a toujours été : un pays indépendant, souverain à l’intérieur de ses frontières, un acteur de la sécurité régionale, qui a toujours été sollicité dans la résolution de beaucoup de conflits… ; ensuite pour relever les menaces nouvelles, atypiques, plus complexes ; enfin pour garantir le développement socio-économique dont nos populations a besoin».
Ibrahim Boubacar Keïta a profité de l’occasion pour balayer d’un revers de la main les accusations «d’exactions» et de «massacre de populations» attribuées aux FAMA. «Ce procès fait à l’armée du Mali est indigne, immérité. Nous ne l’accepterons pas. Qu’on nous respecte», a martelé le chef de l’Etat. «Vous avez appris le droit humanitaire de la guerre et des conflits. Ce droit humanitaire est enseigné dans nos institutions ici et je sais combien vous tenez à ce droit humanitaire», a rappelé le président de la République, ajoutant que nos soldats ont aussi fait les hautes écoles de qualification américaine, française, russe et autres. Pour conclure, le chef suprême des Armées a rappelé le besoin de la construction d’un «hôpital militaire de niveau satisfaisant». Il a salué ensuite l’ensemble des partenaires pour leur soutien à notre pays.
Cheick M. TRAORÉ
L’Essor