« L’application de ce papier injurieux aboutirait sans nul doute à la partition et à la perte de l’indépendance du Mali, de sa souveraineté et au démantèlement de l’Etat malien », a mis en garde Ibrahima Kébé.
Dans cet entretien, le premier du genre livré à notre rédaction, cet activiste imperturbable, se prépare à galvaniser la jeunesse malienne pour une vraie lutte d’indépendance du Mali aujourd’hui, occupé par des forces internationales censées venir nous aider. Six ans après, le bilan est macabre et la colère des maliens se fait maintenant voir. Le président de l’association « Faso Kanu », tire sur la sonnette d‘alarme afin de créer un véritable sursaut de nos compatriotes face aux agissements des forces françaises, de la MINUSMA et du G5 Sahel sur notre sol. Et Kébé de mettre en garde par cette phrase «Nous allons lutter jusqu’à la fin de nos jours contre L’IMPÉRIALISME quelle que soit sa nature ou son origine ». Lisez l’interview réalisée par Bokari Dicko.
Mali Demain : Pourquoi cette levée de boucliers présentement contre la présence militaire française actuelle au Mali ?
Ces forces néocolonialistes ne défendent que leurs intérêts…
Ibrahima Kébé: Nous nous sommes toujours dressés de toute notre volonté contre l’ingérence, contre les forces étrangères stationnées en République du Mali et même dans d’autres pays africains. Ces forces néocoloniales ne défendent que leur propres intérêts opposés à ceux de l’Afrique en général et du Mali en particulier. Cette levée de boucliers présentement est justement une nouvelle phase de la lutte. Elle réaffirme notre engagement à rester fidèles à notre serment de lutter jusqu’à la fin de nos jours contre L’IMPÉRIALISME quelle que soit sa nature ou son origine. Nous croyons en l’avenir où nous réussirons un jour à l’écraser sur notre sol. Il est évident aujourd’hui que cette forme de domination criminelle a atteint ses limites. Elle a suffisamment creusé sa tombe par ses propres dents. Donc nous continuons à organiser la résistance avec les moyens disponibles jusqu’à la victoire.
L’accord d’Alger est inacceptable…
Mali Demain : Comment voyez-vous l’accord d’Alger et son application pour lequel, le conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à sanctionner tout acteur qui constituerait une entrave ?
Ibrahima Kébé: Ce papier issu du processus d’Alger version 2015 est inacceptable en la forme et en le fond. Cette décision du conseil de sécurité de l’ONU ne pourra nullement décider de l’avenir d’un peuple digne. Surtout, il est évident pour notre peuple que cette institution n’est pas, dans les faits, au service des intérêts des peuples. Il est clair maintenant pour notre peuple, que l’application de ce papier injurieux aboutirait sans nul doute à la partition et à la perte de l’indépendance du Mali et de sa souveraineté ; au démantèlement de l’Etat malien et la déstabilisation de la sous-région ; aux désordres institutionnels ; à l’ethnicisation, à la dislocation et à la liquidation de l’armée nationale ; à une guerre civile intercommunautaire ; à la discrimination, au favoritisme et à l’impunité.
Nous allons appliquer cette citation du Président Modibo Kéita
Ce peuple aime le Mali. Il ne reculera devant aucune sanction pour l’intérêt et le bonheur du Mali. Le président Modibo Kéïta disait en avril 1965 en recevant les lettres de créance de l’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République Islamique de Mauritanie auprès de la République du Mali : «L’impérialisme ne respecte que les peuples qui se respectent et qui ne reculent devant aucun danger, aucune menace ou pression». Aujourd’hui nous avons bien compris cette leçon et nous allons l’appliquer.
Un agenda caché…
Mali Demain : Pourtant, depuis la signature de cet accord synonyme d’un diktat de la communauté internationale, plus de 14.000 casques bleus séjournent sur le territoire sous le prétexte de ramener la paix au Mali, l’insécurité s’est aggravée avec son corollaire de morts civils et militaires. Qu’en pensez-vous ?
Ibrahima Kébé: Ils sont là pour un agenda caché, c’est-à-dire une volonté de piller nos richesses, sucer notre sang, semer le trouble, le désordre, pour mieux justifier leur présence sur notre sol. Ils sont sans état d’âme. Dans la réalité la paix ne les arrange pas. Ils font partie des problèmes et non de la solution.
Mali Demain : Le cas précis de la MINUSMA ?
Une force d’interposition…
Ibrahima Kébé: Elle est une force d’interposition entre les ennemis qui ont pointé les armes par procuration contre le Mali et le Mali en tant que pays qui veut rétablir son intégrité territoriale acquise depuis le 22 septembre 1960, respecter et faire respecter son drapeau national, son hymne national et sa devise : «un peuple, un but, une foi» sur l’ensemble de son territoire national. Dans sa logique la MINUSMA se veut être une force d’imposition avec deux poids deux mesures pour permettre sous son couvert, l’accès à certaines zones à des citoyens et le refuser à d’autres créant des frustrations au sein des populations et des Forces Armée du Mali.
Mali Demain : L’installation du G5 Sahel à Bamako ?
Faire vivre aux maliens le traumatisme de l’attaque de l’Etat-Major des armées Burkinabés à Ouagadougou…
Ibrahima Kébé : Je vous renvoie la question : veut-on faire vivre à Bamako le traumatisme de l’attentat contre l’État-major général des armées burkinabé, situé en plein centre de Ouagadougou, en mars 2018?
Sinon comment comprendre l’installation du QG du G5 Sahel en pleine zone résidentielle de Bamako ?
Mali Demain : Pourquoi le G5 sahel a-t-il quitté son siège de Sévaré pour Bamako?
Repli sournois de la force du G5 Sahel à Bamako
Ibrahima Kébé : Incapables de se protéger, prédisposé à sa mission officielle au front, il a préféré fuir nuitamment sur la pointe des pieds son siège de Sévaré, pour se replier sournoisement sur Bamako.
Mali Demain : Quelles sont les raisons fondamentales non dites qui poussent à son installation à Bamako ?
Une connivence entre le G5 Sahel et les « terroristes »…
Ibrahima Kébé: Logiquement et rationnellement, la présence du G5 Sahel se justifie plus sur les théâtres d’opérations militaires. Si sa mission officielle est réelle. À la derrière réunion de notre association, Faso Kanu, nous nous sommes posé la question suivante : Est-ce que le G5 Sahel ne veut-il pas non seulement amplifier le conflit, terroriser les populations mais aussi étendre ses tentacules à Bamako, qui reste la principale cible des attaques infâmes ? Il est clair que le G5 Sahel demeure une cible privilégiée des attaques odieuses partout où il se trouve. Il est difficile de ne pas comprendre qu’il s’agit là d’une connivence entre les troupes étrangères et les «terroristes» qui sont montés de toute pièce pour faciliter l’installation et l’exploitation impérialiste de la France et ses alliés sur le terrain. Ils veulent affaiblir davantage le Mali à travers les prochaines attaques à Bamako si jamais le gouvernement malien accepte l’installation du QG du G5 Sahel à Bamako. Il est important de noter que le QG du G5 Sahel est tenu par un officier français. Alors au lieu de G5 c’est plutôt G6 Sahel.
Mali Demain : Quelle est la responsabilité du gouvernement malien?
Le gouvernement sera le premier responsable de ce qui arrivera à Bamako…
Ibrahima Kébé : Il est le premier responsable de la compilation des dangers qui guettent les paisibles citoyens de Bamako avec l’installation probable et le fonctionnement du QG du G5 Sahel dans la capitale, Bamako étant une ville stratégique et une zone sensible à forte concentration humaine.
Propos recueillis par Bokari Dicko
Mali Demain