Dans sa luxueuse résidence de Boulkassoumbougou en Commune I, autour de son plat favori (le tô à la sauce gombo), nous avions retrouvé le président de la Transition, Bah N’Daw, pour échanger à bâton rompus sur la situation nationale, quelques heures avant son départ pour la France pour participer au Sommet sur le financement des économies africaines. Interview imaginaire du chef de l’Etat.
Le challenger : Monsieur le président, vous présidez depuis neuf mois les destinées de la transition malienne. Quel bilan pouvez-vous déjà dresser à mi-parcours ?
Bah N’Daw : Ce n’est pas à moi de dresser un bilan. Ce sont plutôt les bénéficiaires directes de l’action publique, les populations, les forces politiques et sociales qui doivent évaluer notre action. Cela étant, je pense en toute honnêteté que notre bilan n’est pas mauvais.
Nous avons hérité d’un pays à terre, ébranlé dans tous ses fondements. Nous avons pu mettre en place tous les organes de la transition conformément à la feuille de route adoptée par le peuple lors des journées de concertations nationales.
Le front social est en pleine ébullition avec la grève de l’UNTM et celle en vue des syndicats libres des Travailleurs des Affaires Etrangères et des surveillants de prison. Qu’en dites-vous ?
Le droit de grève est reconnu et consacré par notre Constitution. Cependant la situation particulière du pays doit inciter les syndicats à surseoir aux revendications en attendant un régime démocratiquement élu.
Pour régler pour de bon ces questions de primes et d’indemnités mon Premier ministre, Moctar Ouane, conformément au Plan d’action du gouvernement de Transition, organisera dans les meilleurs délais une conférence sociale en vue d’obtenir un pacte de stabilité sociale avec les centrales syndicales et toutes les forces vives de la nation.
Que rétorquez-vous à ceux qui estiment que votre départ sur la France au moment où le pays est sans gouvernement est un mépris pour l’Union Nationale des Travailleurs du Mali, la plus grosse centrale syndicale du pays ?
Loin de là. Je dois aller là-bas pour mobiliser des fonds pour le pays afin de relancer notre tissu économique qui a trop souffert de la crise multidimensionnelle. Aussi, je leur dirai que ce n’est pas le chef de l’Etat qui mène le dialogue social. Mais la commission de conciliation, le ministre de la Fonction publique et les ministres sectoriels compétents.
Les populations semblent de plus en plus indignées par la militarisation à outrance de l’appareil d’Etat par les autorités de la Transition. Que pensez-vous de cet état de fait, Monsieur le président ?
Je suis surpris par ces remarques que je lis à longueur de journée sur les réseaux sociaux. L’armée regorge de hauts cadres compétents qu’on ne saurait priver du droit de participer à la construction nationale parce qu’ils sont militaires. Du reste, la nomination tous azimuts de ses proches à des postes stratégiques de l’appareil l’Etat n’a pas commencé par nous. Souvenez-vous des années ADEMA et RPM qui ont fait de l’administration publique de véritables bureaux de placements de leurs cadres.
Un chronogramme électoral fixant les dates des élections générales est disponible depuis quelques semaines, pouvez-vous gagez que le délai de 18 mois imparti à la transition sera respecté ?
Nous l’espérons vivement. Mon gouvernement et moi travaillons à ce que la transition ne dépasse les 18 mois, à lui accordé par les concertations nationales. Nous invitons la classe politique, les organisations de la société civile et les partenaires techniques et financiers à nous accompagner pour l’atteinte de cet objectif.
Quelles sont les motivations du remaniement gouvernemental en cours ?
A l’issue des consultations avec l’ensemble des acteurs politiques et sociaux, j’ai librement décidé de former un gouvernement de large ouverture pour promouvoir l’inclusivité et faciliter l’accompagnement de toutes les parties prenantes en vue de la réussite des reformes politiques (relecture du Code électoral, de la Constitution) et institutionnelles nécessaires pour la consolidation de l’ancrage démocratique.
Entretien imaginaire réalisé par Alpha
Sidiki Sangaré
Source : Le Challenger