Aujourd’hui, rares sont les routes qui se portent bien dans la Venise malienne. Tout investissement dans les infrastructures routières devient alors un geste salutaire au Mali. Et aucun sou n’est de trop pour les réaliser. C’est pourquoi leur construction et réfection devraient tenir compte des urgences de l’heure, mais aussi de l’importance socio-économique des sites concernés.
Mais voilà que sur instruction du Président de la république, le gouvernement doit débourser sur le budget national, la somme pharaonique de 115 milliards de FCFA pour la construction et le bitumage de certaines routes. Des réalisations relieront les localités suivantes : Yanfolila-Kalana-frontière Guinée, longue de plus de 32 Kilomètres ; Bankoni-Djalakrodji-Safo-Nonsombougou, longue de 56 Kilomètres ; le tronçon Barouéli-Tamani, long de plus de 15 kilomètres ; la route Kayes-Sadiola-Kéniéba, soit 90 Kilomètres ; la voie Kangaba-Dioulafoundo jusqu’à la frontière guinéenne, distante de 50 kilomètres.
Comme on peut le constater, ce sont notamment les régions de Kayes, Koulikoro, Ségou et le district de Bamako qui sont concernées. Et selon le gouvernement, ces travaux s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de désenclavement du Président de la République pour le bonheur des maliens. Mais pourquoi seulement ces régions ? La priorité n’était-elle pas ailleurs, notamment dans les régions de Mopti, Tombouctou et Gao, etc. ?
Le monde entier est témoin du fait que la route nationale, très vieille de plusieurs décennies, qui relie ces trois régions est aujourd’hui dans un état très piteux. Pourquoi le programme gouvernemental a-t-il pu ignorer ces régions pour un départ ? Devraient-elles attendre encore, par ce qu’elles ne comptent pas pour les autorités actuelles, au risque de se voir carrément enclavées ?
Ce qui est sûr et certain et crève les yeux, c’est la route Sévaré-Gao en passant par Douentza qui est toujours dans un état de déliquescence totale. Ainsi donc, la construction de la route du poisson peine à prendre fin. Le tronçon Bandiagara-Douentza a besoin d’être bitumé. Mais aussi et surtout, l’accès de certaines zones est très difficile et souvent même impossible. Il s’agit en l’occurrence de Ténenkou, Youwarou, Dialassagou, Madougou, etc. Pourquoi ne pas y penser aussi ? Ces pauvres ressortissants de ces villes et villages méritent-ils de souffrir ainsi alors que d’autres, ne connaissant ni l’épreuve du sable ni celle de l’eau ? Le pouvoir actuel a-t-il un peu de considération à l’égard des populations de la région de Mopti ?
De toutes les façons, tout le monde sait que le démarrage de ces chantiers routiers actuels répond bien à des motivations de précampagne électorale pour la présidentielle 2018. Pourtant, Monsieur le président de la république, d’autres régions, notamment les régions de Mopti et Gao, Tombouctou, Taoudéni, etc. sont la vraie priorité en matière de construction d’infrastructures routières. Attendez-vous alors que leurs populations vous répondent dans un an, aux moyens des urnes. De toutes les façons, Mopti n’a jamais été la priorité du Président Ibrahim Boubacar Kéita, jusqu’à preuve du contraire.