La ville de Djenné est-elle en train de perdre son statut de ville classée sur la liste du patrimoine mondial ? En tout cas la question mérite d’être posée. Car, la conservation de ses biens précieux laisse aujourd’hui à désirer.
En effet, depuis le début de l’année 2015, les autorités communales, vu la suspension qui pesait sur le secteur des domaines, avaient entreprises des démarches allant dans le sens de l’obtention de mesures dérogatoires en vue d’obtenir le lotissement de 6 hectares à Toguéré Diama, non loin de la ville de Djenné. Selon toute vraisemblance, cela devrait être un acquis pour conserver l’image de la ville et éviter des constructions anarchiques. Mais le dossier reste toujours bloqué au niveau du Ministère des Domaines et des Affaires Foncières, malgré la persistance des autorités communales qui ont peur de voir la ville de Djenné perdre sa sphère de ville patrimoine et rien n’est fait jusqu’à présent. Ainsi, par manque d’espace de construction, les habitants se voient dans l’obligation de construire sur certains sites archéologiques, pourtant reconnus sur le plan mondial. Certains arrivent même jusqu’à construire également sans respecter les normes architecturales avec lesquelles la ville de Djenné est connue depuis des centaines d’années.
Que le ministre de la culture, de l’artisanat et du tourisme se mette en évidence, cette décision de suspension, émanant du ministre des domaines et des affaires foncières va causer à Djenné une lourde perte sur le plan culturel. La mission culturelle de Djenné, par le biais de son directeur, Mahamane Djittèye serait entrain de tout faire actuellement pour conserver l’image de marque de Djenné. C’est pourquoi, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo se trouve aujourd’hui vivement interpellée. Toutes les estimations montrent à suffisance que la perte de cette notoriété fera disparaitre à jamais une partie substantielle de l’histoire et de la culture de cette partie du Mali, tant réputée pour son histoire et sa culture. Les autorités régionales, à travers le gouverneur et le Conseil régional, ont-elles conscience des enjeux de la perte de notoriété de cette ville ?
Tout compte fait, la forte pression démographique nécessite un nouveau lotissement pour répondre aux besoins des populations. Sinon, il y a aujourd’hui la transgression des espaces limitrophes des sites du fait de l’occupation anarchique de ses espaces limitrophes. Cela constitue aujourd’hui une véritable menace qui plane sur la ville millénaire.
Pour palier à ce phénomène qui inquiète les autorités communales, à savoir le Maire Bamoye Sory Traoré et ses collaborateurs ainsi que la population de la ville, le ministre de la culture, de l’artisanat et du tourisme doit prendre des mesures urgentes et s’il le faut, écrire à son collègue des domaines sur le sujet. Car, la forme architecturale de cette ville est une marque historique qui doit être jalousement conservée pour les générations futures du pays.
A bon entendeur, salut !
Alfousseini Togo
Source: Le Canard de la Venise