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Insécurité dans la région de Mopti: Les populations optent pour l’autodéfense !

Une grande nébuleuse se forme progressivement dans la région de Mopti avec un mélange de banditisme et d’extrémisme religieux. Apres Sevaré, c’était Ouenkoro, puis By et Douna. Mais aussi, la menace  a plané  sur Segué dans le cercle de Bankass. Ce jour-là, à Segué, c’était la psychose totale.

vue entre region mopti monument

Les jeunes et adultes ont passé la nuit en brousse et dans les villages voisins. Un ultimatum de la nébuleuse du soit disant Front de Libération du Macina d’un certain Amadou Kouffa était lancé pour l’attaque du village de Segué, à majorité chrétienne catholique. Cible : une paroisse catholique du Diocèse de Mopti. Pour faire face à cette menace, les habitants du village se sont organisés tant bien que mal, chacun avec sa stratégie : référence aux fétiches et grigris, redécouverte des anciennes caches, prière à l’Eglise et dans les mosquées, etc. Le pouvoir local en place, représenté par  la commune alerte le pouvoir central à Bankass et à Mopti, alors que  chacun sait que l’anticipation n’est pas  malienne. Car, on attend pour  subir  dans la défaite. Pour éviter cela, partout dans la falaise comme en plaine, les villages s’organisent et s’éloignent de la stratégie de sécurisation des personnes et des biens du pouvoir central malien. Lequel adopte  le laisser aller : des policiers et des maires tués malgré les alertes et les informations données. Pis, la sécurité malienne  ne protège même pas les informateurs locaux (cas de Segué).

Face à ce manque de stratégie d’anticipation, les populations s’organisent en se basant sur la gestion du terroir en matière de sécurité. Dans les communes et dans les subdivisions traditionnelles, les populations essaient de s’organiser. Mais avec quels moyens vont-elles se défendre ? Vont-elles chercher, elles-mêmes, à se défendre ? Comme en prenant le risque de former  des milices villageoises ? Ce n’est pas à écarter, dans la mesure où c’est une des stratégies légitimées par les différents régimes maliens dans l’expression des droits des peuples. Oui, car c’est par ce moyen que les groupes du Nord sont entrain d’acquérir  des droits particuliers!

Ainsi, Ces populations de Ségué, laissées à elles-mêmes vont entrer en résistance et la stabilité locale peut en prendre un coup dans le sens d’un glissement vers des conflits communautaires. Tout le monde reconnaît que la région de Mopti est le premier producteur de conflit foncier au Mali. A cet effet, tous les moyens sont bons pour accéder à la terre (à la fois spirituelle et moyen naturel de production dans un système mondial ivre qu’est la globalisation  de l’arnaque du plus fort ou du plus malin).

La guerre se fait dans la tête et non avec les armes. Les populations de la région de Mopti commencent à entrer en résistance par la construction des imaginaires que l’Etat a abandonnés dans la sécurisation des personnes et de leurs biens. C’est une sorte de perte de confiance au pouvoir central qui n’arrive pas à impliquer les pouvoirs locaux dans la gouvernance globale du Pays. La décentralisation est une bonne stratégie et un très bon outil de gouvernance, mais si elle est mal ancrée dans les valeurs sociétales des peuples, ce sera la déroute totale. Le système de décentralisation n’est autre chose pour le moment que la superposition des superstructures sans un réel ancrage socioéconomique et culturel. Un décalage important est visible entre les visions politiques imposées et les stratégies de résilience des communautés maliennes, voire africaines. Rien de nouveau sous le soleil, de la découverte de la pénicilline aux stratégies nouvelles d’adaptation aux changements climatiques, le monde ne répond qu’aux mensonges des hommes, et les peuples ont leurs propres offres de valeurs sociétales.

Dans tous les cas, les informations et les alertes faites par les communautés,  n’ont jamais servi à anticiper sur les attaques bien que la chanson soit  toujours : collaborez ! Collaborez ! Pas de sécurité sans collaboration des populations ! Mais quel résultat en cas de collaboration ? Dans la zone inondée où un chef de village a été froidement assassiné, malgré son alerte, des attaques répétées à Koro par des hommes à moto signalés par les populations, etc.

Une autre façon de voir la sécurité par les informations doit être mise dans tous les villages et communes. L’autodéfense est souvent une stratégie innée qui peut déborder et aboutir à des rebellions politiques. Ici, à Mopti, les communes, les populations, les pouvoirs locaux s’organisent pour faire face aux agressions de tout genre. Même si on ne peut rien sur l’organisation de l’autodéfense, on peut quand même suivre leur évolution en vue d’éviter la création d’autres foyers de tension. Mopti est comme une zone franche selon les stratèges, mais une zone stratégique laissée à son propre sort. On ne demande pas aux habitants de la région de Mopti de rentrer en résistance, mais de réfléchir à comment se défendre dans la légalité.

Cependant l’Etat du Mali, s’il veut garantir l’unité du pays, doit faire face à ces stratégies locales d’autodéfense qui sont désormais en gestation un peu partout dans le pays.

 

SDF

Source: Le Canard de la Venise

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