Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont chacun défendu jeudi le débat de la veille décrié pour sa virulence et son manque de hauteur : il a permis de « réveiller les Français » selon la candidate FN, de « tordre le cou aux mensonges » pour son rival d’En Marche!
Cet affrontement, jugé « d’une brutalité inédite » et improductif par nombre de commentateurs, a été regardé par près de 16,5 millions de téléspectateurs, soit une audience en recul par rapport aux précédents exercices du même type (17,8 millions en 2012, 20 millions en 2007).
« J’ai beaucoup pensé à Jacques Chirac (qui avait refusé le débat avec Jean-Marie Le Pen, NDLR) et à la campagne de 2002 (…) je crois qu’il faut débattre avec le Front national », a néanmoins déclaré Emmanuel Macron jeudi matin sur France Inter.
« On n’arrive pas à tordre le cou à tous les mensonges, mais on en tue quelques-uns », a-t-il continué à trois jours du second tour de l’élection présidentielle, jugeant « indispensable d’aller sur le terrain de bataille, même si on se salit un peu ».
Le débat « a bousculé un peu les codes, mais c’était important de réveiller les Français » et de « déchirer le rideau » pour montrer qu’Emmanuel Macron n’est pas « un homme neuf » mais « sort du gouvernement de François Hollande », a estimé de son côté Marine Le Pen sur BMFTV et RMC.
Le débat « a été sévère, il était nécessaire qu’il soit sévère parce que l’enjeu est fondamental », a jugé la candidate, considérant que « c’est la première fois qu’il y a véritablement un débat entre deux personnes qui ont une vision aussi opposée du projet à mettre en œuvre ».
Entre invectives et échanges décousus, les finalistes de la présidentielle se sont opposés mercredi soir avec acharnement sur l’ensemble des sujets abordés, les questions de la sortie de l’euro et de la lutte contre le terrorisme donnant lieu à des échanges particulièrement vifs.
La candidate du Front national a notamment accusé M. Macron de « complaisance pour le fondamentalisme islamique ». « Ce que vous proposez, comme d’habitude, c’est de la poudre de perlimpinpin », a rétorqué le candidat d’En Marche!
Il a attaqué plusieurs « bidouilles » récentes de sa rivale sur son programme, la soumettant à la question sur sa sortie de l’euro.
presque un pugilat
Le candidat d’En Marche! a été jugé par l’ancien Premier ministre PS Manuel Valls « à la hauteur, pugnace, précis, compétent face à Le Pen qui a montré son vrai visage (…) injure, violence, mensonge, approximation ».
Ce débat « n’a pas fait bouger les lignes », a regretté Alexis Corbière, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, alors que deux tiers des adhérents de La France insoumise privilégient le vote blanc ou nul ou l’abstention.
« Il faudrait être très hypocrite après ce qu’on a vu hier (mercredi) pour ne pas aller voter », a tancé le centriste Jean-Louis Borloo, tout récent soutien de M. Macron.
« Ça n’était pas un débat d’idées (…), c’était un affrontement de personnes, presque un pugilat », a réagi Bernard Accoyer, le secrétaire général de LR. Estimant que les propositions de Mme Le Pen conduiraient à « un désastre économique pour la France », il a aussi jugé « assez inquiétants » « la faiblesse de certaines des réponses » et « le manque d’autorité » de M. Macron.
Plusieurs soutiens de Mme Le Pen interrogés par l’AFP se sont dits, sous couvert d’anonymat, déçus par sa prestation. « MLP catastrophique sur l’Euro. Voilà », a tweeté Julien Rochedy, ancien président du FN Jeunesse.
Le maire de Béziers, Robert Ménard, proche du FN, a reconnu jeudi sur France Inter « des approximations de la part de Marine Le Pen », mais l’a trouvée « bonne sur les questions régaliennes ».
A trois jours du vote, les deux finalistes repartent sur le terrain jeudi. Marine Le Pen enchaîne un déplacement en Bretagne puis un en Picardie. Direction le sud-ouest pour Emmanuel Macron, qui tiendra meeting à Albi.
Source: journaldumali