A quand l’indépendance monétaire de l’Afrique ? En dépit des énormes richesses dont dispose le continent, le sous-développement reste le dénominateur commun à la quasi-totalité des pays africains dont la majorité se trouve en Afrique francophone. Est-ce une fatalité? Le combat de nos pères de l’indépendance que furent Modibo Keita, Patrice Lumumba, Kwamé Nkrumah, Sékou Touré, Julius Nyerere pour le Panafricanisme qui devait aboutir à la création d’une monnaie unique, symbole de notre indépendance économique s’est-il étiolé sous les coups de boutoir du néo colonialisme occidental ? Ces questions taraudent l’esprit de bon nombre d’africains soucieux de l’avenir du continent.
Ainsi pour asseoir son leadership et se rendre incontournable dans la plupart de ses ex colonies, la France créa des zones monétaires. Le CFA-XOF en Afrique de l’Ouest et le CFA-XAF en Afrique Centrale. L’arrimage du F CFA hier au Franc français et aujourd’hui à l’Euro procède de la même vision : exploiter, sucer, aliéner pour allumer deux ampoules sur trois en France grâce à l’Uranium du Niger et bientôt du Mali.
La garantie du Franc CFA par le trésor français est estimée à hauteur de 18 mille milliards de Francs CFA pour la zone UEMOA dont 9 mille milliards pour la seule Côte d’Ivoire. L’Afrique Centrale, elle aussi, a certainement le même taux. Et en cas de crise financière dans chacun des Etats membres de la zone Franc, la France ne fait que puiser dans le fonds de garantie dont elle est la seule à avoir accès. Seuls, quelques droits de tirage à des plafonds fixés sont autorisés à des pays africains. L’Afrique continue de nourrir la France.
Selon M. Aliko Dangoté, milliardaire Nigérian, le plus riche d’Afrique en a fait les frais. Il a été buté à la concurrence déloyale de la France au Sénégal quand il a voulu construire une usine de fabrication de ciments qui devait concurrencer les intérêts français. Il dira en substance qu’il serait très difficile pour les Etats Francophones d’Afrique d’amorcer un véritable développement, parce que très assujettis à la France et asservis culturellement, contrairement aux pays anglophones qui restent plus développés.
Par moment, pour éviter l’asphyxie des « grands malades », il leur arrive d’annuler les dettes pour brouiller les pistes et afficher l’image d’une France humaniste et solidaire. Ce fut le cas à Bamako la semaine dernière, quand le Ministre de l’économie et des finances de la France impériale, M. Michel Sapin, entouré de ses homologues des pays de l’UEMOA, a annulé la dette monétaire de 43 Milliards pour le Mali. Il exposera par la même occasion la vision de la France quant au franc CFA et à l’économie des pays de la zone.
Le refrain est le même, l’Afrique est le continent du futur, son taux de croissance est en hausse souvent même à deux chiffres. En dépit de ses immenses richesses, l’Afrique reste le continent qui abrite le plus grand nombre de pauvres de la planète. Les africains sont malheureux à cause de l’avilissement et de l’exploitation de ses richesses par Babylone. Vivement l’Unité Africaine à travers une monnaie unique désarrimée de l’Euro ou de toute autre monnaie.
Youssouf Sissoko
Source: Inf@sept
