Le gouvernement malien “ne permettra à aucun Etat de faire des choix à sa place et encore moins de décider quels partenaires il peut solliciter ou pas”. C’est la réaction de Bamako aux accusations selon lequelles les nouvelles autorités maliennes cherchent à recruter des “mercenaires” russes de la société privée Wagner.
Dans un communiqué publié dimanche 19 septembre 2021 par le ministère malien des Affaires étrangères, le gouvernement malien de transition invoque l’exercice de sa “souveraineté” et “le souci de préserver son intégrité territoriale”.
Le texte se garde toutefois de citer un pays, encore moins l’entreprise russe Wagner.
Le gouvernement malien dénonce dans son communiqué “des rumeurs et des articles de presse commandités s’inscrivant dans le cadre d’une campagne de dénigrement du Mali et de ses dirigeants”.
Pour le Premier ministre de transition, Choguel Maiga, le Mali a le droit de demander le soutien militaire de qui il veut.
Le Premier ministre Choguel Maiga n’a pas confirmé si le gouvernement était en pourparlers avec une autre partie dans ses commentaires publiés par un site d’information malien, mais des sources diplomatiques et sécuritaires ont déclaré à Reuters que le gouvernement malien était proche d’un accord avec un entrepreneur militaire privé russe.
Le groupe russe Wagner devrait fournir des mercenaires pour former l’armée malienne et protéger les hauts responsables, sur la base de l’accord qui serait en cours de négociation, rapportent les médias.
Inquiétudes de Paris et justifications de Bamako
La France et l’Allemagne ont prévenu qu’un déploiement des paramilitaires du groupe russe remettrait en cause leur engagement militaire au Mali.
La France considère qu’un accord entre Bamako et les Russes serait incompatible avec sa présence militaire au Mali, où les forces maliennes, françaises et européennes, aux côtés des casques bleus de l’ONU, combattent des insurgés liés à l’État islamique et à al-Qaïda.
Paris craint que l’arrivée de sous-traitants russes ne compromette son opération antiterroriste dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest.
Pourtant la France veut réduire le nombre de ses soldats déployés dans le Sahel.
Certains soldats devront quitter une partie de leurs positions dans le nord du Mali pour se concentrer sur la zone aux confins du Niger et du Burkina Faso. Pour Bamako, ce redéploiement justifie ses possibles partenariats.
“Il y des partenaires qui ont décidé de quitter le Mali pour se replier sur d’autres pays, il y a des zones qui sont abandonnées. Est-ce qu’il ne faut pas avoir des plans B?“, s’est interrogé M. Maïga, avant de poursuivre: “C’est cette réflexion qui conduit à des débats aujourd’hui où on nous accuse de vouloir changer de stratégie“.
“J’avais dit très clairement qu’il faut qu’on ait la possibilité de regarder vers d’autres horizons, qu’on élargisse les possibilités de coopérations pour maitriser notre défense nationale“, avait affirmé M. Maiga quelques mois plus tôt.
“Il y a des zones abandonnées qui doivent être occupées aujourd’hui pour ne pas les laisser vides. Il n’y a pas assez de troupes. On ne peut pas nous empêcher d’envoyer des personnes formées dans un pays donné.“, a conclu le Premier ministre malien.Wagner au Mali: après la France, l’Allemagne s’offusque
De son côté, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Cedeao, a condamné jeudi “la volonté des autorités de la transition malienne d’engager des compagnies de sécurité privées”, sans citer de nom, s’alarmant des “conséquences certaines sur la détérioration de la situation sécuritaire” dans le pays et la région.
Un millier de Russes?
The Africa Report rapporte que le contrat entre le Mali et le groupe russe Wagner stipule que 1 000 mercenaires russes seront déployés.
Selon plusieurs sources citées par Reuters, une fois la transaction conclue, la société liée au groupe Wagner devrait toucher 6 milliards de francs CFA, soit 9,1 millions d’euros.
The Africa Report annonce que la société Wagner espère appliquer au Mali une stratégie de déploiement similaire à celle qu’elle utilise en République Centrafricaine depuis 2018.
Source : VOA Afrique