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Le Mali et ses crises endémiques : Après la marche du 5 juin, que peut- il se passer?

«Les hommes marchent presque toujours dans les sentiers déjà battus, presque toujours ils agissent par imitation; mais il ne leur est guère possible de suivre bien exactement les traces de celui qui les a précédés, ou d’égaler la vertu de celui qu’ils ont entrepris d’imiter… [… ]. Ils doivent faire comme ces archers prudents, qui, jugeant que le but proposé est au- delà de la portée de leurs forces, visent encore plus loin, pour que leur flèche arrive au point qu’ils désirent atteindre.» (Nicolas Machiavel).

 

Il convient de rappeler qu’à l’accession de notre pays à la souveraineté nationale, le gouvernement nationaliste dirigé par Modibo Keïta a pris en main les destinées du Mali. Le gage des serviteurs de la première République était le Mali, seulement le Mali et uniquement le Mali !

Le président Modibo Keïta a dit: «Nous, dirigeants du parti et membres du gouvernement, demeurons fidèles à l’engagement de conduire notre peuple vers un avenir meilleur. J’affirme que les dirigeants du parti se consacreront entièrement à cette tâche et je préviens d’avance que tous obstacles qui s’y opposeront seront immédiatement brisés, qu’ils viennent de l’intérieur ou de l’extérieur.»

Pendant huit (08) ans, Modibo a mis tout le pays en chantier. Partout, dans les coins et recoins du Mali, le peuple malien s’est levé comme un seul homme derrière le bureau politique national de l’US-RDA pour réaliser des ouvrages de fierté nationale. Ce n’est pas ici l’occasion pour nous de faire revivre les exploits nationalistes du gouvernement de la première République.

Rappelons simplement que plus d’une vingtaine d’usines ont été construites pour servir de tremplin au développement du Mali. Sur le plan agro-pastoral, le peuple a été mis au travail patriotique national.

Dans les coins et recoins de nos campagnes, on rencontrait des tons villageois dans des champs collectifs pour pallier à la faim et à la malnutrition. Cela était un impératif pour le gouvernement de la première de la République, sachant qu’un peuple qui a faim n’est pas un peuple libre. Le régime nationaliste de Modibo Keïta avait donc opté pour l’autosuffisance alimentaire au Mali.

Amadou Seydou Traoré plus connu sous le nom Amadou Djicoroni, dans son ouvrage intitulé ‘’Devoir de mémoire, Devoir de vérité’’, a rapporté entre autres réalisations: «Le gouvernement du Mali a aménagé en 1960, 37 660 hectares nouveaux, creusé 161 puits, distribué 27 796 charrues et 3340 tonnes d’engrais chimiques, ouvert 38 écoles saisonnières.

Dans le domaine de l’élevage, le Mali indépendant a dressé dans son premier quinquennat (1960-1964) 19 postes vétérinaires, 32 parcs de vaccination en vue de soigner le cheptel. Pour enrichir le domaine agricole, le ministre du Développement a introduit de nouvelles variétés de culture comme la canne à sucre, le thé, le café, le teck (pasteck), l’anacardier dont les bois, les fruits et amendes s’ajoutent aux produits  se trouvant déjà sur le terrain de la commercialisation.

Sur le plan de la santé, des efforts colossaux ont été entrepris pour donner à notre peuple une santé de fer. Partout, les Maliens avaient de quoi se soigner.

De grandes écoles ont vu le jour pour assurer aux jeunes maliens un enseignement de masse et de qualité.

Sur le plan sécuritaire, la première République a doté le Mali d’une forteresse militaire qui imposait aux pays limitrophes respect et considération pour notre peuple laborieux.

Le pouvoir colonial français, sidéré par le travail patriotique abattu en quelques années d’indépendance, en accord complet avec des sous-officiers et officiers traitres du Mali, a décidé de donner un coup d’arrêt à cette marche populaire vers un avenir radieux. C’était le 19 novembre 1968. C’est ce jour que le Mali est tombé et avec lui l’espoir de tout un peuple. Le Comité militaire de libération nationale (CMLN) a opté pour dix ans de vide politique en vue d’un lavage de cerveau.

Pendant vingt-trois (23) longues années de gestion de nos affaires par le tombeur de Modibo Keïta, le Mali s’est enfermé dans la gabegie, le vol, les détournements de deniers publics, la concussion, la surfacturation, etc.

Le moment était venu en 1990 de comprendre que Moussa Traoré ne pouvait plus continuer à gérer le Mali au regard de la décadence vertigineuse de toutes les valeurs économiques, sociales et culturelles nationales. Pourtant, en théorie, l’Union démocratique du peuple malien (UDPM, un parti mort-né) s’était fixé de grands objectifs ambitieux à atteindre, entre autres:

– la satisfaction constante des besoins alimentaires des populations;

– la sécurisation et l’élévation des revenus des producteurs;

– l’élévation constante du niveau de la productivité;

– la satisfaction des besoins en matières des agros- industries;

– le dégagement des surplus de produits agricoles en vue de leur exportation;

– la conservation et la mise en valeur du patrimoine national;

– l’éducation et la formation des producteurs.

Hélas ! Comme le dirait une locution latine: «Parturiunt montes; nascetur ridiculus mus.» (les montagnes sont en travail: il en naîtra une souris ridicule).

Le régime Moussa a été déboulonné par le mouvement démocratique. L’espoir d’un Mali nouveau était lisible sur les visages des Maliens. Après quatorze (14) bons mois de transition gérée par le Comité de transition pour le salut public (CTSP) dirigé par Amadou Toumani Touré (ATT), voilà  Alpha aux affaires. Comme tout le monde a fait l’amer constat, la gestion d’Alpa a tout simplement été chaotique. Les vices semés par l’apache régime de Moussa Traoré ont germé et fleuri. Les dix (10) ans d’Alpha se sont soldés par un échec regrettable.

ATT a creusé davantage le puits de la honte et de la trahison du peuple travailleur du Mali avec une mention particulière. Le général, en fin connaisseur  des politiciens et religieux du Mali, a remorqué presque tout le monde avec son régime. Ainsi, au nom du consensus, il a réussi à faire de tous ces politiciens (ou presque) comptables de son échec pour avoir tous répondu présents aux mangeoires de la chose publique malienne.

Quant au régime d’IBK, comme par effet d’entraînement politique, il a marché sur les traces de ses prédécesseurs ‘’démocrates’’. Mais mention doit lui être faite dans le processus de désintégration dans les faits de notre territoire.

L’accord de paix d’Alger et celui de défense avec la France ont fini par prouver à la face de notre peuple que le président IBK n’est pas venu pour servir utilement notre pays. Il suffit de se reporter sur les secteurs de la défense, de la sécurité, de la santé et de l’éducation pour s’en convaincre. Ainsi, on peut tout simplement dire que si la deuxième République a été la négation de la première, tel ne fut pas le cas de la troisième et de la deuxième Républiques.

Les présidents de la troisième République ont marché les uns sur les pas des prédécesseurs. C’est bien ce qui relie Alpha-ATT et IBK. Mais sans faire exactement les uns comme les autres, tous parlent du Mali et au nom du Mali.

Machiavel disait: «Les hommes marchent presque toujours dans les sentiers déjà battus, presque toujours ils agissent par imitation; mais il ne leur est guère possible de suivre bien exactement les traces de celui qui les a précédés, ou d’égaler la vertu de celui qu’ils ont entrepris d’imiter… [… ]. Ils doivent faire comme ces archers prudents, qui, jugeant que le but proposé est au- delà de la portée de leurs forces, visent encore plus loin, pour que leur flèche arrive au point qu’ils désirent atteindre.»

IBK ayant échoué sur toute la ligne, il est de plus en plus contesté et méconnaissable par ses citoyens, sinon désormais combattu par une foule de Maliens de plus en plus emportés.

La marche du 5 juin 2020 organisée par nombre de sensibilités est la manifestation du ras-le-bol des populations maliennes. Comme d’habitude, les politiciens maliens tout comme les religieux, dans leur écrasante majorité, ont toujours prouvé dans les actes qu’ils se battent pour des intérêts propres. Cette marche est aussi (peut- être) l’expression de la nécessité pour les gens d’être ensemble pour la circonstance sans jamais pour autant regarder dans la même direction.

La marche contre le code de la famille et les protestations contre ce que certains ont appelé ‘’projet d’enseignement de l’homosexualité dans nos écoles’’ témoignent si besoin en était, que les gens défendent plus des intérêts privés inavouables que ceux du Mali. Alors s’assemble-ton pour ne pas se ressembler ?

Tout compte fait, les marcheurs ont demandé haut et fort à IBK de rendre le tablier. Mais comment et en faveur de quelle tendance ? Après cette marche, que peut-il donc se passer au Mali ?

Wait and see !

Fodé KEITA

Inter De Bamako

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