L’Assemblée nationale ghanéenne a ratifié vendredi 23 mars un accord militaire donnant aux Etats-Unis un accès « sans entrave » à son territoire. Concrètement, les Etats-Unis auront le droit de déployer des soldats et du matériel militaire à leur guise. En contrepartie, les forces armées du Ghana devraient toucher vingt millions de dollars, notamment pour la formation.
L’accord précisera si l’accès à certaines infrastructures ghanéennes est réservé exclusivement aux Etats-Unis ou partagé avec leur partenaire ghanéen. « Le Ghana doit également permettre l’accès et l’utilisation d’une piste répondant aux besoins des forces américaines », précise le document.
Toujours selon le texte, l’armée américaine pourra utiliser les fréquences radio gratuitement, et sera par ailleurs exemptée de taxes à l’importation de matériel sur le territoire.
En retour, les Etats-Unis octroieront vingt millions de dollars dans la formation et l’équipement de l’armée ghanéenne. Des exercices conjoints seront également mis en oeuvre.
Une cible pour les terroristes?
Pour l’opposition, qui a boycotté le vote à l’Assemblée nationale, cet accord risque de porter atteinte à la souveraineté du pays.
Un certain nombre de Ghanéens se font aussi du souci pour leur sécurité, selon Kobi Annan, un analyste de Songhai Advisory, des experts-conseil basés à Accra et à Londres. « Beaucoup de gens craignent à tort ou à raison que cet accord augmente le risque d’attentat terroriste. On a bien vu que des pays de la région, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, ont été la cible d’attentats. Des groupes jihadistes vont, sans l’ombre d’un doute, cibler des positions américaines au Ghana s’ils en ont l’occasion. Il ne faut pas se voiler la face. Donc, beaucoup de gens s’opposent à cet accord militaire avec les Etats-Unis. Le débat n’est pas franchement nouveau. A l’époque du président George W. Bush, déjà, il avait été question d’installer le commandement militaire américain pour l’Afrique au Ghana. Les Américains avaient démenti. Mais il reste que la coopération militaire est au cœur des relations entre le Ghana et les Etats-Unis depuis un certain temps. »
RFI