Il n’y aura bientôt plus de soldat gabonais stationnés en République centrafricaine au sein de la Minusca (mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies pour la Centrafrique). Le pays a annoncé le retrait de ses troupes au nombre d’environ 450 soldats sur le terrain. Selon le compte rendu du Conseil des ministres rendu publics dans la presse locale, le gouvernement a pris la décision et a instruit les ministres concernés de prendre les dispositions en entreprenant les démarches nécessaires à ce rappel des troupes. « Le ministre [de la Défense, ndlr] a sollicité l’accord du Conseil des ministres pour le retrait des forces gabonaises de la République centrafricaine eu égard au retour progressif de la paix et de la stabilité dans ce pays frère », peut-on lire dans le compte rendu du Conseil des ministres.
Cette décision a été rapidement acceptée du côté onusien sans contestation. « Les Nations unies respectent le choix du gouvernement gabonais et des discussions ont été engagées sur le calendrier du retrait de ce contingent dans des délais raisonnables », a déclaré à l’AFP Hervé Verhoosel, directeur de la communication de la mission onusienne, à Bangui. Saluant ainsi la contribution du Gabon qu’il a qualifiée de « très appréciée », le responsable a souligné que l’engagement des Etats membres dans une opération de maintien de la paix était « un exercice volontaire ». Pourtant, l’annonce surprend quelque peu.
Annonce surprise
Par cette annonce, le Gabon va ainsi mettre fin à sa participation militaire dans le pays datant de plusieurs années. Dès 1997, l’armée gabonaise est déployée en République centrafricaine dans le cadre de la Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB). Ensuite, alors que la Centrafrique est en proie à une crise politique et militaire, elles maintiennent leur présence avec pour mission de contribuer au retour à la paix. Elles ont intégré la Minusca dès sa mise sur pied en 2014 devenant l’une des premières armées à s’y engager. Selon certains observateurs, cet effort du Gabon est motivé par son envie ne maintenir une certaine influence dans la zone, qu’il n’aurait pas sans cela. L’annonce de retrait des troupes gabonaises paraît encore plus curieuse intervenant selon la présidence gabonaise, le lundi 5 mars 2018, alors que le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, était à Libreville pour discuter avec son homologue Ali Bongo Ondimba de la « coopération bilatérale » entre leurs deux pays.
Cependant certains trouvent aussi le facteur explicatif dans le scandale des soldats gabonais cités dans des cas d’allégations d’abus sexuels en RCA. Le gouvernement gabonais qui avait annoncé l’ouverture d’enquêtes après l’identification d’une quinzaine de soldats gabonais soupçonnés d’avoir commis des agressions sexuelles en 2014 et 2015, voudrait peut-être éviter le sort connu par les troupes congolaises l’année dernière. Plus de 600 hommes congolais (Brazzaville), avaient été renvoyés de la mission pour les mêmes accusations.
La Tribune