Les récents évènements à Kidal et Tessalit montrent à suffisance que la situation échappe aux autorités maliennes de la transition au nord Mali. Les éléments armés du Mnla agissent comme des électrons libres et empêchent l’exercice de la souveraineté nationale dans la région. Avec les tueries par le Mnla des populations civiles favorables au Mali et à l’intégrité territoriale, le kidnapping des agents électoraux, des interrogations planent d’avantage sur la possibilité de voter le 28 juillet sur l’ensemble du territoire malien.
Samedi, la tension a remonté d’un cran au nord du Mai, particulièrement dans la région de Kidal. Le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) qui s’est signalé à Kidal, le jeudi 18 juillet, par des actes de violence contre les populations songhaï favorables à l’unité nationale, en tuant quatre personnes, a fait encore parler de lui à Tessalit. Selon nos informations, cinq personnes chargées de distribution des cartes électorales à Tessalit dont le maire de cette localité Ismael Ag Mohamed et un conseiller Abissak Ag Inawalene ont été kidnappés par des éléments armés du Mnla, entre la mairie et le camp d’Amachach où ils avaient décidé de passer la nuit. Deux autres jeunes qu’ils ont arrêtés ont été dépossédés de leur véhicule et libérés, selon nos sources. Ces évènements compromettent dangereusement le processus et l’attitude des acteurs est telle qu’une distribution correcte des cartes est quasi impossible dans les 11 cercles que recouvre la région de Kidal, en 7 jours.
Par ailleurs certaines sources indiquent qu’à Ménaka, dans la région de Gao, des agents de la Ceni auraient été enlevés également par le Mnla, ainsi que leurs matériels. Ces actes constituent des circonstances aggravantes qui entravent dangereusement la tenue de l’élection présidentielle, le 28 juillet prochain, sur toute l’étendue du territoire malien. Le scrutin du dimanche prochain s’en trouve lourdement hypothéqué, car ce n’est pas évident, malgré les assurances données par le Premier ministre Diango Cissoko, le jeudi dernier après avoir rencontré les organes de gestion des élections, comme le département de l’administration en charge de l’organisation des élections, la Délégation générale aux élections (Dge), la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et la Commission nationale d’égal accès aux médias d’Etat. Des insuffisances sont pour autant patentes, avec un fichier électoral comportant beaucoup d’anomalies
Cette recrudescence de l’insécurité dans la région de Kidal, et les insuffisances constatées dans le fichier électoral qui ignore des millions d’électeurs, omis dans le recensement ou dans la distribution des cartes Nina qui ne pourront pas voter. D’autres électeurs potentiels ayant atteint l’âge de voter n’avaient pas été recensés. Ils sont 350 000 jeunes majeurs à être privés de leur droit de vote parce que ne pouvant pas disposer de carte de vote. Il y a également des cas d’omissions dans les ambassades et consulats. Des candidats à l’élection présidentielle avaient dénoncé ces lacunes et ont demandé un report de l’élection présidentielle. Le cas le plus connu est celui du candidat de l’Alliance populaire, Tiebilé Dramé qui a introduit une requête auprès de la cour constitutionnelle le 8 juillet dernier avant de la retirer en même temps que sa candidature. Il a ainsi refusé de prendre part à une aventure dont les issues semblent être scellées, car les conditions ne pouvant être réunies avant le 28 juillet, pour des élections transparentes et crédibles.
Situation post électorale délicate
Cependant certains Maliens de l’extérieur n’entendent pas être sacrifiés sur l’autel des anomalies liées à l’organisation. C’est le cas des Maliens de France qui ont organisé une marche le samedi pour se rendre à l’Ambassade du Mali. Avec des associations comme le Collectif des Maliens de France pour la paix (CMFPaix), ainsi que le Corenom, la Dynamique des Foyers, l’APSM – l’EJM – A.D.E.S.C.T cette marche des Maliens de France promettait de hausser le ton. « Nous sommes maliens et nous voulons voter ! », tel était le slogan scandé au cours de cette grande marche pour le droit de vote. « Nous réclamons : des élections sur toute l’étendue du territoire, avec KIDAL impérativement ; le droit de pouvoir voter pour tous les Maliens majeurs ; l’inscription des nouveaux majeurs (env. 350.000) ; la participation au vote des réfugiés et des déplacés maliens ». Les Maliens de France ont refusé la frustration des Maliens empêchés arbitrairement de voter, une situation post électorale délicate.
Vive tension à Kidal
Le vendredi 18 juillet 2013 aux environs de 22 heures, « des éléments armés ont attaqués des populations favorables au Mali dans la ville de Kidal, faisant quatre morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels parmi les dites populations dont les maisons et les boutiques ont été ciblées avant d’être pillées, saccagées. Ce vendredi, le marché central a été brûlé », selon un communiqué du ministère de la Défense et des Anciens combattants. Certaines populations victimes se sont refugiées dans les casernes militaires maliennes et étrangères.
Le détachement militaire malien patrouille dans la ville en vue de protéger les populations.
Face à cette situation, le ministre exprime son profond regret de cette « grave violation de l’accord de Ouaga au moment où la communauté entière s’est mobilisée pour la paix et la sécurité dans le Nord du Mali ». Le ministre en appelle à la communauté internationale pour le respect par tous et chacun des accords et efforts nationaux et internationaux en vue de contribuer à la tenue d’un scrutin présidentiel libre, paisible et crédible sur toute l’étendue du territoire national, selon le communiqué du département.
B. Daou
Source: Lerepublicainmali