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Le dollar américain plus fort que l’euro: des implications à prévoir sur la dette des pays utilisant le FCFA

Avec le dollar en hausse, les comptabilités nationales des pays de la zone CFA sont mises à rude épreuve pour identifier les gains et les pertes de change. En l’absence de communication sur les réflexions officielles, quelques hypothèses peuvent donner de la visibilité aux agents économiques.

 

C’est désormais effectif, la valeur du dollar est à parité égale, et même légèrement supérieure à celle de l’euro, la monnaie commune à 19 pays européens. Pour ceux qui résident dans la zone où s’utilise le franc CFA, il faut désormais 658,8 FCFA pour avoir 1$, selon des données disponibles sur la plateforme xe.com. C’est un niveau légèrement plus élevé que les 655,5 de taux de change stable avec l’euro.

La situation actuelle ne manquera pas d’avoir des conséquences sur la dette des pays africains dont la monnaie commune, le franc CFA, est rattachée à l’euro. Si des analyses ont été faites sur le sujet par les institutions publiques concernées, aucune d’elles n’a jusqu’ici été rendu publique. On note toutefois que la dette de ces pays est libellée principalement en dollar et en euro. Les autres devises d’endettement sont le yuan, la monnaie chinoise, sachant que l’empire du Milieu est un important créancier de l’Afrique.

Plusieurs pays concernés ont, dans le cadre des émissions d’emprunts internationaux, opté pour une conversion (swap) de leurs obligations en euro. L’objectif est de se protéger contre des risques de variation de change qu’imposerait le dollar. Avec une monnaie américaine en hausse de 22% depuis le début de l’année 2021, on peut dire que cette option est devenue payante dans le cadre de la gestion de la dette publique internationale.

En effet, non seulement, ils se protègent d’une augmentation du dollar mais aussi, avec une monnaie européenne plus faible, il faudra légèrement moins puiser dans les réserves de change pour rembourser une partie de la dette publique. Cet avantage est aussi notable pour les dettes contractées en yuan et qui nécessiteront moins de dollars pour être remboursées.

Un risque existe cependant sur la dette internationale en dollar des pays utilisant le FCFA, du fait de la dépréciation de leur monnaie rattachée à l’euro avec une parité fixe. Logiquement, il leur faudrait débourser plus d’argent en monnaie locale pour rembourser leur dette libellée en cette monnaie. Mais la bonne nouvelle est que la hausse du dollar s’est accompagnée d’une augmentation des prix des matières premières, qui accroît les revenus et peut compenser les pertes de change.

Il n’est pas évident de trouver le solde net de l’appréciation du dollar sur la dette internationale des pays de la zone FCFA en Afrique. Mais cela ouvre un champ d’analyse essentiel dans les politiques de viabilisation de leurs dettes. En tout état de cause, deux évolutions majeures sont nécessaires pour ces pays. Un accès plus réaliste aux marchés internationaux des capitaux, notamment ceux dans lesquels on trouve des dollars, et la libération des droits de tirage spéciaux (DTS) supplémentaires promis par les pays les plus nantis en ressources financières, et qui pourrait réduire le poids de la dette.

La question est désormais de savoir jusqu’à quel moment cette situation va perdurer. De nombreuses analyses publiée par les grandes banques d’investissement comme Goldman Sachs s’attendent à ce que l’euro continue de s’effondrer tout au moins jusqu’à fin 2022. La diversité de taille économique des économies qui l’utilisent rend difficile une prise de décision rapide par la Banque centrale européenne (BCE), alors que l’inflation énergétique et la dette publique qui sont identifiées comme les principaux défis de cette monnaie ne sont pas proches de trouver une solution efficace.

Idriss Linge

Source : Agence Ecofin

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