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Le Directeur national de la BCEAO lors du Panel sur ” Eco, monnaie unique de la CEDEAO : Impacts et perspectives pour l’économie malienne ” ” Si la CMDT vend le coton à l’extérieur pour 100 milliards, elle reçoit l’équivalent entièrement en FCFA dans son compte à la BDM-SA “

 » L’Eco, monnaie unique de la CEDEAO : Impacts et perspectives pour l’économie malienne  » était au cœur d’un panel de haut niveau organisé le samedi 5 octobre, au siège du Patronat, par la promotion Drissa Keïta, 1995-1999, des Sciences Economiques de l’ENA. Ayant pour modérateur l’ancien Premier ministre, Ahmed Mohamed Ag Hamani, ce panel était animé par quatre hautes personnalités, dont le Directeur national de la BCEAO, Konzo Traoré. Celui-ci a souligné que la BCEAO dispose de 32 comptes à l’extérieur mais seul celui auprès du trésor français, où sont logés 50% des avoirs extérieurs des pays membres de l’UEMOA, suscite des débats.  Il a tenu à préciser que si une entreprise comme la CMDT vend le coton malien pour 100 milliards à l’étranger, elle reçoit dans son compte à la BDM-SA l’équivalent en FCFA, donc il ne reste rien auprès du trésor français. 

C’est pour célébrer ses 20 ans que l’Amicale de la promotion Drissa Keïta, 1995-1999, des Sciences économiques de l’ENA, présidée par Aboubacar Diop, a organisé ce panel de haut niveau autour du thème : « l’Eco, monnaie unique de la CEDEAO : Impacts et perspectives pour l’économie malienne« .  Thème sur lequel se focalise l’actualité, afin de susciter des échanges pour apporter des réponses aux inquiétudes du citoyen. Il était animé par le Directeur national de la BCEAO, Konzo Traoré, le représentant-résident du FMI au Mali, René Tapsoba, Harouna Niang, économiste et consultant indépendant et Dr. Lamine Keïta, consultant indépendant.

Le modérateur Ahmed Mohamed Ag Hamani a salué cette initiative car la question de la monnaie a toujours été une chasse-gardée de la Banque centrale alors que c’est un sujet tellement important  relevant de la souveraineté des Etats, donc qui doit concerner tout le monde. Aujourd’hui, ajoute t-il, les interrogations ne manquent pas par rapport à cette nouvelle monnaie de la CEDEAO, qui compte 15 Etats et 8 zones monétaires, actuellement.

Le Directeur national de la BCEAO, Konzo Traoré a expliqué que les expériences de monnaie unique ne sont pas nombreuses dans le monde. Celle du FCFA est la plus ancienne à laquelle s’ajoute l’Euro, en 2000. Cependant, il a rappelé que depuis sa création, la CEDEAO a mis en place une Chambre de compensation des échanges pour booster le commerce intra-communautaire. Un système qui a échoué et a conduit à l’idée de création d’une monnaie unique, en 1984. Plusieurs étapes ont été franchies et de nombreuses dates pour sa création ont été reportées. Mais, ces dernières années, les Chefs d’Etat ont décidé d’accélérer le processus pour  rendre la monnaie unique effective en 2020.  Cependant, les pays doivent remplir des critères de convergence pour aller à cette monnaie unique.

Si le principe d’une monnaie flexible est pour le moment privilégié par la CEDEAO, la possibilité d’une parité fixe, comme le franc CFA, n’est pas complètement écartée. A ce sujet, l’on s’interroge sur le fait que 50% des avoirs extérieurs des pays membres de l’UEMOA soient déposés auprès du trésor français.

Sur ce sujet, le patron de la BCEAO Mali dira que, si par exemple, « la CMDT vend le coton pour 100 milliards à l’extérieur, elle reçoit dans son compte à la BDM-SA, l’équivalent en FCFA, rien ne reste en France.  Donc, la contrepartie dont les uns et les autres parlent est déjà versée dans l’économie malienne« . En somme, ce sont les devises qui reviennent à la BCEAO et qui servent pour les opérations avec l’extérieur, seule une partie reste au trésor français. Pour cela, il a souligné que la Banque centrale dispose de 32 comptes de ce genre à l’étranger, dont seul celui auprès du trésor français suscite des interrogations.

Pour le représentant-résident du FMI, René Tapsoba, son organisme n’a pas encore reçu une notification de création d’une nouvelle monnaie. Il a souligné que c’est une question de souveraineté des Etats, le FMI souhaite seulement que le processus soit bien organisé avec de bonnes communications pour que la nouvelle monnaie soit acceptée afin de préserver sa stabilité.

L’économiste Lamine Keïta estime que notre système monétaire est hérité du moyen âge français, quand le roi disposait de deux monnaies (Livre turinois pour le roi et Ecu pour les sujets) et dévaluait, chaque fois qu’il avait besoin de l’argent, celle du peuple pour récupérer une partie de ses ressources. Donc pour lui, que ce soit FCFA ou ECO, «ce sont des monnaies d’appauvrissement que nous devons abandonner».

Pour l’économiste Harouna Niang, dès lors que ces 15 Etats de la CEDEAO ont des économies divergentes, pratiquent moins de 10% des échanges commerciaux entre eux, il n’est pas recommandé qu’ils aillent à la monnaie unique.

Cependant, la CEDEAO, se fondant sur le principe que cette nouvelle monnaie peut être un moyen de convergence pour booster les échanges intercommunautaires, il précise que cette monnaie doit reposer sur un principe de solidarité entre les Etats à économie forte, à l’image du Nigeria qui représente plus de 60% du poids économique de la zone, et ceux à économie faible.

Il faut souligner que le panel s’est déroulé en présence de l’nacien premier ministre, Dr Soumana Sako et du ministre de la Promotion de l’Investissement privé, des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Entreprenariat national, Safia Boly..

Youssouf CAMARA

Source: l’Indépendant

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