Le patron de l’Ocs était le mercredi dernier face aux hommes de médias au ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile du Mali. Le bilan des activités réalisées de 2016 à nos jours, les difficultés rencontrées, les perspectives, ont été, entre autres, les sujets abordés lors de cette rencontre.
Dans son exposé liminaire, le conférencier a expliqué que conformément à ses missions, de 2016 à nos jours, l’Ocs a effectué des saisies de drogues, démantelé des réseaux de trafic de drogue, organisé des activités de sensibilisation et posé des actions pour une meilleure coordination de la lutte. “En tant que structure de contrôle et de répression, l’Office central des stupéfiants a, au titre de l’année 2016, procédé à la saisie record de cannabis avec 2 700 kg; plus de 5kg de cocaïne et de 3 tonnes de psychotropes composées de tramadol, de rivotril et d’autres médicaments contrefaits, etc…Suite à ces saisies, 175 personnes, dont 20 de nationalité étrangère, ont été interpellées et mises à la disposition de la justice” a souligné le conférencier.
Selon lui, l’un des plus grands réseaux de trafic de cannabis au Mali dirigé par Moustapha Doucouré a été démantelé.
S’agissant de l’année 2017, il a rappelé que les opérations de contrôle se poursuivent. “Cette année, jusqu’ici nous avons saisi plus de 600 kilogrammes de cannabis, 1,5kg de cocaïne, 10kg d’héroïne avec la douane et une quantité importante de psychotropes. Au total environ 32 personnes ont été interpellées et le chef de l’un des plus grands réseaux de trafic de cannabis de Bamako, du nom de Ibrahima Madani Bah dit Rougeot, a été interpellé” a fait savoir le conférencier.
Prévention et
sensibilisation
Les soldats de la lutte antidrogue ne se limitent seulement au contrôle et à la répression, ils mènent également des activités de sensibilisation, au nombre desquelles une marche de sensibilisation avec les organisations de la société civile, l’animation de conférences-débats dans les écoles et lors de certaines activités culturelles comme les festivals, etc….
Toujours dans le cadre de la sensibilisation, l’Ocs, a-t-il poursuivi, a procédé à la cérémonie d’incinération d’une importante quantité de produits stupéfiants et psychotropes, le 04 juillet 2016 à Dio (derrière Kati).
S’il y a un principal défi auquel l’Ocs fait face lors de ses missions, c’est sans nul doute, selon son directeur, un manque de coordination. “Il faut qu’il y ait une coordination entre tous ceux qui interviennent dans ce domaine. Si on n’arrive pas à coordonner, ce sera forcément du pain béni pour les trafiquants” a soutenu le Magistrat Lieutenant-Colonel. S’agissant de cette coordination, il a rappelé que leur structure a regroupé tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le trafic et la consommation de drogue au Mali (douane, police, gendarmerie, justice, santé, organes et presse et organisations de la société civile) autour d’un atelier en vue de créer une synergie et de mutualiser les efforts de lutte contre le trafic de drogue au Mali.
“Nous avons compris que la lutte contre la drogue nécessite une coopération avec les pays voisins, c’est pourquoi, j’ai effectué en fin 2016 une tournée sous-régionale dans cinq (05) pays, à savoir le Nigéria, le Ghana, le Niger, le Burkina Faso et le Sénégal en vue de mettre en place un mécanisme de partage d’informations et de renseignements opérationnels pour rendre plus efficace la lutte” a-t-il rappelé.
Toujours dans le cadre de la coopération, l’Ocs entretient, selon son patron, des partenariats avec plusieurs pays et organismes, à savoir la France, les Etats Unis, le Canada, l’Espagne, la Russie, l’Onudc, la Minusma, l’Eucap-Sahel, le G5 Sahel, Misahel, la Cedeao…
Difficultés
S’agissant des difficultés, le directeur a souligné qu’elles ont pour noms : l’absence de données fiables sur les tendances nationales du trafic et de la consommation de drogue dans notre pays, l’absence d’une politique et d’une stratégie nationale de lutte contre la drogue par manque de cadre approprié pour son élaboration et sa validation ; l’absence d’un fonds pour la prise en charge des informateurs car la lutte contre le trafic de drogue repose essentiellement sur le renseignement ; le manque de moyens techniques appropriés comme les matériels d’exploitation numérique et téléphonique, le matériel de scan corporel et de bagages et les chiens renifleurs.
Pour juguler les difficultés sus évoquées, l’Ocs compte réaliser une série d’actions, à savoir mettre en place un réseau et un fonds de prise en charge des informateurs, conformément à l’article 29 du décret 2015-0400 du 04 juin 2015 portant organisation et modalités de fonctionnement de l’Ocs; poursuivre le renforcement des effectifs et assurer leur formation spécialisée; orienter les efforts de lutte de l’Ocs et des autres structures vers les nouvelles substances psycho actives (tramadol, rivotril, diazépam…) qui constituent une menace de plus en plus croissante.
L’office veut aussi rendre opérationnelle la Mission interministérielle de coordination de la lutte contre la drogue (Mild) à travers la nomination de son secrétaire permanent et la désignation des membres des différentes commissions techniques qui la composent.
L’une des premières activités de cette mission sera, selon lui, l’élaboration d’une politique et d’une stratégie nationale de lutte contre la drogue au Mali qui prendra en compte sa transversalité et proposer une vision globale.
Magistrat lieutenant-colonel Adama Tounkara : “Pour moi, le nouveau Commandant de la brigade des stupéfiants ne répond pas aux critères d’intégrité pour être à ce poste”.
A la question d’un journaliste qui voulait savor ce que l’Ocs pense de la nomination du Commissaire Mamoutou Togola comme Commandant de la Brigade des stupéfiants (il a été renvoyé de l’Ocs pour connivence avec les trafiquants de drogue), le Dg de l’Ocs, tout en se sentant gêné à répondre à cette question, a tout de même donné son avis en ces termes : “Je pense que pour moi, il ne répond pas aux critères pour diriger cette brigade eu égard à son antécédent à l’Ocs où il a été pris pour une connivence avec des trafiquants de drogue. Aussitôt après les faits, je l’ai renvoyé tout en envoyant un rapport à la Direction générale de la police. Et lorsque j’ai appris sa nomination, j’ai aussi évoqué à la Direction que ce Monsieur ne répond pas aux critères exigés d’intégrité pour être commandant de cette brigade. Car on ne peut être dans ce domaine sans avoir un certain nombre de qualités. Et à chaque fois que nous avons eu connaissance du mauvais comportement d’un agent au niveau de l’Ocs, nous l’avons aussitôt remercié” a soutenu magistrat lieutenant-colonel Adama Tounkara.
Kassoum THERA
Par Aujourd’hui-Mali