Chaque don de sang est un cadeau précieux qui sauve des vies. Et les dons volontaires réguliers et non rémunérés sont la clé d’un approvisionnement en sang sûr et durable selon l’organisation mondiale de la Santé.
Le don de sang joue également un rôle important dans le soutien aux patients atteints d’un large éventail d’infections à long terme telles que l’hémophilie et les déficiences immunitaires. C’est ce qu’a compris Saba Tiémoko Coulibaly un jeune natif de Sikasso. Il est devenu un donneur régulier depuis 2019 après avoir été touché par l’histoire de son oncle. « J’ai déjà donné mon sang pour un oncle qui est décédé malheureusement par la suite », déplore monsieur Coulibaly.
Mais il ajoute que depuis ce jour, il a compris l’importance de donner son sang. « Il était venu de Sikasso pour faire ses soins médicaux à l’hôpital le Luxembourg. Il avait besoin de trois poches. Mes cousins et moi l’ont donné. À vrai dire, avant qu’il ne reçoive le sang il était déjà très fatigué. On avait cherché en vain du sang sans succès. Cela est resté graver dans ma mémoire. Dès lors, j’ai commencé à donner mon sang. Nous devons tous nous mobiliser car c’est un problème qui concerne tout le monde et chacun peut faire quelque chose », a raconté le jeune homme.
L’importance du don de sang face la réticence des usagers
À l’intérieur du pays, beaucoup de personnes sont conscients des avantages du don de sang et le font pour sauver des vies. Par contre, d’autres ont toujours peur de donner le leur.
Ces deux premières personnes qui suivent sont réticentes, malgré qu’elles n’avance pas les causes : « non, je n’ai jamais fait un don de sang », « je vois les gens faire le don de sang mais je l’ai jamais essayé. »
Par contre la nécessité, ne se fait pas dire et des citoyens savent bien pourquoi il faut donner son sang. « Ma motivation rentre surtout dans le cadre humanitaire. C’est une nécessité, un acte citoyen pour moi, je suis fière de donner mon sang », nous lance cet homme à Kadiolo.
Pour cet autre à Bandiagara, il s’agit d’un acte citoyen. « Vous savez le besoin du sang est énorme ici au niveau du CSREF de Bandiagara. Nos parents qui viennent des communes, des villages hospitalisés ont besoin du sang. Ils ont régulièrement besoin de sang, il y a des cris de cœur qui sont lancés. »
À sa suite, cet habitant de Gao indique pourquoi il trouve primordial de donner son sang, « je suis O+ et je peux donner à beaucoup de gens. Je donnais mais ces derniers temps j’ai arrêté de donner. »
Une des autres raisons importantes est évoquée par une jeune dame. Surtout dans un pays qui lutte contre le terrorisme. « Je fais du don de sang si c’est pour venir en aide aux nécessiteux. Les FAMa ont aussi besoin du sang. Il faut les appuyer dans ce sens », déclare-t-elle.
Une synergie pour maximiser les dons
À Bamako, des associations humanitaires se mobilisent chaque année pour organiser une journée de don de sang. Cette initiative a eu lieu en mars dernier à l’hôpital Gabriel Touré. Les poches de sang obtenues des volontaires, sont données au centre national de transfusion sanguine encore appelé Banque de Sang.
Selon Djimé Kanté, responsable de l’une des associations initiatrices de cette campagne, le sang donné sauve en plus des personnes en besoins, mais aussi le donneur. « Je suis comblé de joie quand je vois que chaque année c’est des nouveaux visages que nous voyons, de surcroit les plus hautes autorités qui viennent donner leur sang. Nous sommes satisfaits d’entendre que le sang donné a pu sauver des vies. Nous sommes encore contents parce qu’on a appris que quand on donne le sang, il est aussitôt renouvelé”, se réjouit Djimé Kanté. Et Djimé Kanté de rappeler « le sang ne se vend pas et quand vous donnez votre sang vous êtes sûr que vous avez sauvé des vies ».
Solidaris 223 est aussi une association qui intervient fréquemment dans le cadre humanitaire, surtout du don de sang. Son secrétaire général Halachi Maiga affirme que grâce à leurs actions, plusieurs malades ont été soulagés. « On sauve une vie tous les jours à travers ce programme de don de sang. Il y a les parents qui nous appellent pour des cas d’urgences, parfois ils ont besoin de deux ou trois poches de sang. On arrive souvent à trouver la première poche pour permettre de stabiliser le malade. » explique l’humanitaire.
La demande supérieure à l’offre
Le centre national de transfusion sanguine fait office de production mais aussi de donneur du sang. Il couvre Bamako et Kati. Dr Baba Fané est le directeur adjoint du CNTS. Selon lui, en plus de l’insuffisance des poches de sang récoltées, certaines poches sont rejetées. « On est dans les 70 mille dons et parmi ceux-ci on a des rejets. Parce que le sang contenant l’hépatite B, l’hépatite C, le VIH et la syphilis sont rejetés. L’ensemble des rejets représente 13 à 15 % des dons. », souligne-t-il. Il précise que de nos jours, il existe 14 banques de sang à travers le pays, « il y a des structures qui ne possèdent pas de banques de sang et qui s’adressent directement au CNTS. On est à une moyenne de 250 poches de sang par semaine pour ces CSREF et 500 à 600 par semaine pour les hôpitaux donc c’est comme si on est entre 700, 800 et souvent en période de pic 1000 poches par semaine. », précise monsieur Fané.
Le responsable déplore cependant le comportement de certains médecins et citoyens dans la gestion irrationnelle du sang dans les établissements sanitaires. « On transfuse par ce que le patient ne peut pas se passer d’une transfusion. On a beaucoup de faux besoins parce que le besoin qui est exprimé par les médecins est peut-être biaisé. Le patient doit recevoir le sang dont il a seulement besoin », explique le docteur. Il déplore tout de même, l’attitude de certains donneurs volontaires. « Les gens ont pensé qu’avoir une carte de don de sang allait pallier les difficultés d’avoir du sang en cas de besoin. Pour eux, c’est une réflexion qui est plus centré sur la personne par rapport à son besoin ».
Docteur Fané conclut en affirmant que le CNTS est là pour tout le monde, pas que pour les Maliens. « Quand les gens indiquent avoir le sang moyennant de l’argent, qui peut veiller à ça ? » s’interroge-t-il. « Ce sont des mauvaises pratiques », déplore Dr Baba Fané. Il conclut que quand l’État consent des efforts pour rendre le sang disponible, il faut maintenant un mécanisme minutieux de traçabilité.
Le centre national de transfusion sanguine se dit préoccupé par la baisse du nombre de donneurs réguliers de sang. Ses responsables invitent la population à donner du sang pour sauver des vies.
Studio Tamani