Le Conseil de l’Azawad est né mis en place le 2 mai à Kidal par la notabilité de cette Région, à en croire l’Afp. Et celui qui a parlé au nom dudit Conseil, c’est Mohamed Ag Intallah de la famille du puissant amenokal ( chefferie) de l’Adrar. Il n’est donc pas n’importe qui et c’est ce qui rend tout très intéressant.
Au départ de la crise, la sensibilité pro-Mnla de cette autorité morale était avancée. En revanche, plus tranchée était son opposition à Ansardine dont son frère Alghabass faisait partie avant de créer le Mouvement Islamique de l’Azawad. Question brûlante : pourquoi un nouveau mouvement en ce moment où la guerre est presque finie ? Réponse : parce qu’on peut gagner la guerre et perdre la paix et que le Conseil de l’Azawad n’est pas le nième mouvement de rébellion.
Au contraire, il se dit républicain et laïc, attaché à l’intégrité du Mali et déjà en contact avec la Commission Dialogue et Réconciliation. Il invite même le Mnla et le Mia à se joindre à la dynamique qu’il compte impulser pour le règlement pacifique de la crise du Nord malien. Du déjà vu, peut-on dire. Car dans les années 1990, le préalable au Pacte National qui a mis fin à la rébellion d’alors était la fusion des différents mouvements en une structure unifiée pour les représenter.
L’exercice ne fut pas simple puisqu’il y eut tout de même des dissidences dans le nouveau mouvement. Ce risque est plus réduit dans le cas du nouveau Conseil qui est plus homogène et qui semble procéder de ce que Churchill considérait comme un des conditions pour négocier la paix : permettre à une partie de sauver la face. En l’occurrence le Mnla et le Mia.
Reste qu’il va falloir convaincre les autres communautés du Nord d’accepter les visages du Mnla même « blanchis » par le Conseil. La justice malienne aussi. Car elle a lancé un mandat d’arrêt contre la hiérarchie de la rébellion.
Adam Thiam