Ces derniers temps, le Mali a enregistré plusieurs cas d’accident de la route ayant souvent occasionné la mort de certaines personnalités dont celle récente de M. Ousmane Cissé, attaché de cabinet de David Sagara, ministre de l’Urbanisme, du Logement et des Affaires foncières. Une situation qui pouvait être évitée si les dispositions administratives et politiques avaient été respectées. L’on ne saurait continuer à attribuer ces tristes réalités à la fatalité.
Les gros-porteurs continuent de semer la terreur à Bamako malgré l’existence de textes qui limitent pourtant leur circulation. Le bilan de l’accident de la route survenu le vendredi 2 Août 2013, aux environs de 09 heures, par un camion remorque d’une immatriculation étrangère au niveau de l’échangeur du Quartier Mali en commune V du district de Bamako a été lourd : Un mort et plusieurs blessés. Ce drame relance le débat sur l’insécurité routière dont la responsabilité, au-delà de l’indiscipline des usagers de la route, incombe surtout à l’Etat. Le commissaire principal du 4e Arrondissement, qui a coordonné l’opération de secours aux victimes de cet accident, a levé le voile sur le laxisme de l’Etat à propos de la circulation des gros-porteurs dans la ville de Bamako.
Sur le ton de la colère, il a rappelé que réglementairement, les gros-porteurs ne sont autorisés à circuler dans la ville qu’entre minuit et 6 h du matin les jours ouvrables. Par contre, le week-end, ils sont autorisés de 10 à 16 h.
Le policier venait de jeter une pierre dans le jardin des autorités qui, face aux pressions des syndicats des transporteurs, ont fermé les yeux sur les mesures de restrictions qu’elles avaient édictées.
Pourtant, les innocents continuent de mourir à cause de la faiblesse des autorités du District à imposer un règlement qui fera certainement le salut des Bamakois, confrontés au casse-tête des gros-porteurs.
» La dernière fois, lorsque la mesure est entrée en vigueur, les gros-porteurs ont fait la grève. J’ai écrit au maire pour lui demander de surseoir à son application. Mais, ces derniers temps, les gros-porteurs ont causé plusieurs accidents. Face à cette situation, nous avons décidé de lever la suspension, car il s’agit de préserver la vie des citoyens ». Ces propos du président du Conseil malien des transports routiers(Cmtr), Youssouf Traoré, témoignent de tout le laxisme qui prévaut dans la gestion des gros-porteurs.
L’adjudant de police Fousseiny Coulibaly, du Commissariat du 4e arrondissement, qui a fait le constat de l’accident mortel du 2 août, confirme que la cause du drame est liée à une défaillance du système de freinage du gros-porteur en cause. Ainsi, après avoir été à la base d’un carambolage, le véhicule s’est renversé sur la voiture de l’attaché de cabinet qui est mort sous le coup. La victime était seule dans sa Land Cruiser V8.
Le laxisme de l’Etat est palpable également au niveau de la visite technique des véhicules.
De ce fait, des milliers de voitures défaillantes continuent d’emprunter nos routes.
La police fait de son mieux malgré tout ce que l’on peut lui reprocher. «Il nous faut trouver la bonne formule pour les empêcher de faire autant de dégâts qu’ils le font présentement», suggère, désappointé, le commissaire du 4e arrondissement, convaincu qu’il urge d’appliquer l’arrêté n°25/M-DB du maire du District portant réglementation de la circulation et du stationnement des gros-porteurs dans le district de Bamako.
En tous les cas, cette situation interpellatrice doit pousser les plus hautes autorités à doubler d’efforts afin de changer la donne. La solution à ce phénomène n’est pas de disposer d’un permis de conduire car au Mali les uns et les autres savent comment ce document est délivré. Mais il faut plutôt sensibiliser les citoyens sur la maitrise du code de la route et le respect des mesures administratives et politiques.
Gérard Dakouo