Le centre malien pour le dialogue inter-partis et la démocratie (CMDID) a organisé, hier jeudi 13 mars au Grand Hôtel de Bamako, un atelier d’échanges entre les partis politiques. L’objectif de cette rencontre était de réflechir sur les perspectives de l’émergence d’une vraie opposition politique dans notre pays. L’évènement était présidé par le représentant du ministre de l’Administration Territoriale (MAT), le capitaine Mamadou Sangaré.
Au Mali, bien qu’il existe un statut de l’opposition (la loi no00-047 du 13 juillet 2000), la jeune démocratie a souffert jusque là d’un consensus politique qui a largement contribué à affaiblir le système de gouvernance du pays. C’est fort de ce constat que le CMDID a organisé cet atelier qui vise à renforcer l’existence d’institutions démocratiques solides au Mali.
Pour ce faire, les participants ont eu à refléchir sur les questions suivantes : Quels contenus aux droits et devoirs de l’opposition ? Quel espace de l’exercice pour l’opposition ? Faut il un chef de file de l’opposition ou pas ? Quels droits et devoirs pour le chef de file ? Comment assurer une application correcte d’un statut de l’opposition ? Ce sont autant de questions qui ont attiré l’attention des participants à cet atelier pour parvenir à des recommandations concrètes qui vont pouvoir améliorer le statut de l’opposition dans notre pays afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle de contre pouvoir.
Selon le représentant du MAT, le capitaine Mamadou Sangaré, »échanger sur les perspectives de l’opposition politique est un thème fort intéressant et l’existence d’une opposition politique dans une démocratie relève d’un postulat politique qui s’analyse comme la contribution au débat démocratique indispensable pour l’enrichissement des populations sur les problémtiques nationales ».
A l’instar du capitaine Sangaré, beaucoup d’observateurs de la scène politique nationale pensent que l’existence d’une vraie opposition et d’une majorité présidentielle au sein de l’Assemblée nationale est d’une importance capitale pour toute démocratie, singulièrement celle du Mali qui vient de prendre un coup fatal. Car cela permettra de mieux éclairer le peuple sur toutes les questions qui concernent la vie de la nation.
Quant au Directeur exécutif de la fondation CMDID, M. Moumouni Soumano, il a laissé entendre que »constituer une pôle majoritaire et une opposition qui critique la gestion du parti au pouvoir en proposant d’autres alternatives répresente une règle fondamentale pour un processus de construction démocratique’‘. Il a également soutenu que le processus démocratique de notre pays a déjà une expérience dans ce sens et que le phénomène n’est pas nouveau au Mali, même si le contexte politique a changé.
En effet, le Mali, dans le passé (dans les années 1995-1996), a connu une opposition bien animée par des acteurs politiques qui défendaient l’intérêt supérieur de la nation. Mais depuis une dizaine d’années, avec l’arrivée de l’ancien président ATT aux commandes du pays, l’opposition a quasiment disparu et a fait place à une gestion consensuelle des affaires publiques qu’on juge à tort ou à raison d’avoir entrainé la chute du pays.
Dans certains pays, l’opposition dispose d’un véritable statut, vu son importance pour un régime démocratque. C’est le cas notamment de la Grande Bretagne qui a érigé la fonction de chef de l’opposition en fonction officielle « chef de l’opposition à Sa Majesté« . Ou encore la France qui, dans sa reforme constitutionnelle de 2008, accorde des droits spécifiques aux groupes parlemenatires d’opposition et aux groupes minoriatires.
Aboubacar DICKO
SOURCE: L’Indépendant