Dans la soirée de mercredi, de retour de Niono, le chef de l’Etat a reçu les partis politiques de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition. Dans la salle de conférence du gouvernorat de Ségou, Ibrahim Boubacar Keita a rencontré séparément les deux groupes, mais dans le même format. Après avoir écouté attentivement les deux porte-paroles, le chef de l’Etat a indiqué qu’il était loisible à tout un chacun de juger son bilan à mi-parcours. « Chacun sait et se rappelle très bien du contexte dans lequel nous avons pris les affaires du pays en main. C’était une gageure. On nous a prédit le pire des destins. Il y avait même dans nos rangs quelques scepticismes tant la charge semblait particulièrement lourde, difficile à porter », a-t-il indiqué à l’entame de son propos avant d’évoquer la « lancinante » question du Nord, la solution de laquelle tout le reste dépend.
Pour le chef de l’Etat, l’application des accords sur la paix, notamment en ce qui concerne les élections, a valu des critiques « souvent de bonne foi » et « quelques fois de mauvaise foi ». Mais ce qui importe, dira-t-il, c’est la cohésion nationale. Pour mieux servir son peuple, il explique avoir pris le temps de mieux comprendre les choses pour bien préparer les échéances électorales. C’était l’objet des Assises nationales sur la décentralisation, a rappelé Ibrahim Boubacar Keita qui a fait la genèse des négociations conduites par l’Algérie, sous la responsabilité de la communauté internationale. L’objectif, le seul qui l’animait, assure-t-il, était de parvenir à faire du Mali un pays totalement apaisé.
A la classe politique, il a rappelé qu’il était temps que tous s’intéressent au pays. « Et pas à IBK qui est de passage. Le Mali reste. Seulement, par le choix des Maliens, le président de la République incarne la souveraineté du pays. J’estime et j’espère que dans les jours à venir, chacun retrouvera ses esprits pour ne s’intéresser qu’au pays », a-t-il souhaité.
Évoquant ses priorités, le président Keita a pointé l’urgence d’équiper l’armée. « Ces hommes là sont de qualité, sont valables, patriotes. Mais quand on n’a pas l’outil qu’il faut, on ne peut aller loin », a-t-il analysé en rappelant le temps où les soldats étaient en guenille, sans chaussures, sans casques et suscitaient « la pitié ». Il a promis de remettre les choses dans l’ordre pour que l’armée soit un véritable outil de défense.
Ibrahim Boubacar Keita a appelé les leaders politiques à s’ouvrir aux autres. « N’ayez pas peur de l’autre car il est Malien. Il a peut être commis des fautes hier. S’il vient, ouvrez lui les bras », a conseillé l’orateur précisant à la majorité présidentielle comme à l’opposition qu’il ne s’agit pas « d’une histoire de club ni de clan mais de pays ». « Et le Mali vaut plus que chacun de nous », a-t-il martelé assurant qu’il était « prêt à travailler avec tout fils du pays » ayant quelque chose à apporter à son développement.
A. M. C.
source : Essor