Hauts fonctionnaires de l’Etat ou du secteur privé, ils sont nombreux les cadres maliens, à être les purs produits du Centre de Formation Professionnelle Soumaourou Kanté. Cette école qui était jadis une référence est en totale désuétude, faute de matériels pédagogiques et des ressources humaines. Nous avons cherché à y voir clair.
Situé dans le quartier de Médine en face du Stade omnisports Modibo Keita, le Centre de Formation professionnelle Soumaourou Kanté est l’un des tout premiers centres portés sur les fonts baptismaux depuis 1963 au Mali pour la formation professionnelle. Il a formé au départ tous les techniciens des industries créées à l’heure de l’indépendance. L’établissement a par la suite pris de l’envergure et formé des compétences pour les filières industrielles et voire tertiaires.
Le Centre compte aujourd’hui 16 filières en industrie et 3 filières en tertiaire en CAP et en BT. Parmi les filières enseignées, on note la maçonnerie, la menuiserie, l’électricité, l’électromécanique. A celles-ci s’ajoutent la plomberie, la mécanique générale, la construction métallique, la mécanique auto et le génie civil, le tout en CAP et en BT.
Au niveau du tertiaire, il y a les travaux de bureaux appelés les secrétaires comptables, le secrétariat de direction et les techniciens en comptabilité. Actuellement et malgré ce riche répertoire, le Centre de formation professionnelle peine à retrouver sa gloire d’antan.
Les raisons sont surtout d’ordre matériel et souvent pédagogique, selon le directeur de l’établissement, Ibrahim Maïga : «…Matériel parce qu’il nous faut suffisamment de matières d’œuvres pour les apprentissages des élèves en industrie et en mécanique auto surtout pour les nouveaux arrivants qui doivent être formés selon l’approche par compétence, parce que l’essentiel de notre pédagogie, c’est en APC (Approche Par Compétence) et les professeurs que nous recevons sont envoyés le plus souvent en cours d’année. Ils n’ont pas reçu la formation, donc il faut attendre les congés de Pâques, de Noël et les grandes vacances pour pouvoir leurs former, parce qu’on ne va pas arrêter les cours pour pouvoir former ces nouveaux-là. Ils sont confiés aux anciens qui s’occupent d’eux et leur donnent des guides au fur et à mesure avant qu’ils aient leurs formations pour notre but », a-t-il expliqué.
Interrogé par nos soins, Hama Traoré, un voisin du centre, pointe plutôt son doigt accusateur sur les anciens de l’établissement de l’avoir abandonné à son propre sort. « Moi j’accuse les cadres qui sont sortis de cette école, je dirais qu’ils ont été ingrats envers cette école, car la bonne formation est la base d’une réussite. Même nous ne sommes pas sortis de cette école, avons entendu que beaucoup de nos cadres ont été formés ici. A mon avis, ils auraient dû aider l’école à maintenir le cap de l’excellence », a-t-il déploré.
M. Traoré n’a pas du tout tort. Mais bien plus que les ancien qui doivent beaucoup au CFP, les autorités en charge de l’enseignement technique et professionnel et celles chargés de l’emploi et de la formation professionnelle sont vivement interpellées !
Bintou Diarra et Bourama Camara
Le Challenger