Mohamed Ali Bathily, le candidat des Associations pour le Mali (APM) pour l’élection présidentielle du 29 juillet prochain a tenu une conférence de presse le lundi 2 juillet 2018 pour dénoncer l’impréparation de cette élection. Il s’est plaint de l’insuffisance des agents de sécurité dans les bureaux de vote (2041 bureaux de vote pour 11 000 agents de sécurité), de la mauvaise qualité et de la mauvaise distribution des cartes d’électeurs, du monnayage du parrainage par les députés…
Selon le candidat des APM, Mohamed Ali Bathily, la situation de la préparation de l’élection du 29 juillet prochain est très grave. Et, à ses dires, il est important que les responsables politiques candidats à ma magistrature suprême du Mali puissent dire des vérités qui n’ont rien à voir avec les querelles partisanes. Ces responsables devront correctement informer les citoyens pour permettre un choix éclairé afin d’éviter des incompréhensions futures et d’aggraver la crise déjà installée. “Nous n’avons pas le choix. La politique, ce n’est pas l’art de mentir, ce n’est pas l’art de maquiller, de cacher. La politique est faite pour solliciter la citoyenneté dans sa dimension la plus noble et amener à faire des choix éclairé et transparent sur la destinée qu’elle souhaite conférer au pays et à la direction du pays. Donc, nous ne sommes pas là pour vilipender, pour critiquer inutilement, pour inviter des péchés d’Israël et les imputer à telle ou telle personne. Non ! Nous sommes conscients et imbus de l’importance de nos propos qui se réfèrent directement aux questions sécuritaires dans l’environnement des élections”, a-t-il introduit la conférence.
Le candidat Bathily s’est réjoui de la validation de sa candidature à l’élection présidentielle, une validation, d’après lui, qui n’était pas une chose facile à cause de l’exercice du parrainage soit avec 10 députés ou 5 conseillers municipaux par région. Il a dénoncé la pratique qui a été créée autour de ce parrainage qui est une exigence légale et qui fait froid dans le dos. “Il fait froid dans le dos à deux égards : le 1er égard, c’est que les partis politiques ont instruit aux députés de leur formation de ne parrainer que leur seul candidat. Autrement dit, les députés RPM se sont refusé de parrainer les autres candidats. Certains leaders politiques m’ont assuré qu’ils pouvaient me donner un certain nombre de députés, mais qui n’ont pas été suffisants. Et lorsque les députés voulaient déroger aux consignes de leurs partis pour parrainer, ils ont déterminé les prix de ce parrainage. Le plus faible prix par député était de 10 millions FCFA. Et ils sont montés à 20 millions FCFA par député. Ce sont des choses que nous devons dénoncer devant notre peuple. La loi de parrainage n’est pas faite pour constituer un fonds de commerce pour les députés de la République. Ils sont payés avec l’argent publique… Et on se dit Républicain ? Si les députés étaient payés avec l’argent de leur parti politique, j’aurai compris. Mais ils prennent l’argent de nous tous et ils refusent que les lois de la République s’appliquent en dehors de leur tendance partisane. C’est dommage ! Ce commerce des députés existe et il doit être banni tout simplement pour une question d’éthique politique, de morale politique, pour le respect de notre pays et de notre peuple”, a-t-il dénoncé.
Sur l’impréparation, les conditions de sécurité et l’accès aux cartes d’électeurs de l’élection présidentielle, il a mentionné la grève des Administrateurs civils qui a ralenti la distribution des cartes d’électeurs. Cette grève a fait que certains électeurs n’ont pas pu accéder à leurs cartes d’électeurs. Ce qui, à ses dires, n’est pas normal. “Et pourtant, on nous avait assuré que toute était mis en œuvre pour que citoyens aient accès à leurs cartes. J’attire l’attention là-dessus parce qu’il ne faudrait pas que l’on pousse à l’abstention, c’est-à-dire décourager l’électeur à aller retirer sa carte d’électeur pour exprimer son point de vue qui est une manière de frauder les résultats des élections et de priver les gens de leur droit de vote”, a-t-il estimé. Il a relevé le cas des listes électorales qui n’ont pas été mises à jour dans les règles de l’art.
D’après lui, il n’y a pas eu de recensement depuis 5 ans. ” Les personnes qui, en 2013 avaient 13 ans et qui sont parvenus aujourd’hui à 18 ans n’ont pas été inscrites sur la liste électorale. Il n’y a eu aucune opération tendant à leur donner le droit de citoyen de pouvoir voter à 18 ans. Cela n’est pas donc que la préparation des élections. Ce n’est pas que l’insécurité qui justifie ça. On a eu le temps en 5 ans de le faire. Donc, la liste électorale peut ignorer cruellement ces personnes. Bien qu’elles aient envie d’aller voter, elles ne verront leur nom sur aucune liste. C’est donc des citoyens à qui on a refusé le droit de voter, quand bien même leur âge leur permet de le faire”, a-t-il signalé.
Pour le cas des Maliens de l’extérieur estimés à 6 500 000, Mohamed Ali Bathily dira que ceux-ci n’ont reçu les cartes d’électeur que de façon minorée. Les Maliens de France qui sont plus de 2 millions n’ont reçu que 500 000 cartes d’électeurs. Bathily estime que ces données devraient être communiquées à tous les candidats pour leur permettre d’être informés. “Tout a été fait pour marginaliser les Maliens de l’extérieur. Et pourtant, ils participent de façon très dynamique à l’économie malienne. C’est eux qui construisent les écoles, les hôpitaux. Ils paiement les médecins, les matrones, les enseignants dans leurs écoles communautaires. Ils réalisent beaucoup d’autres infrastructures pour leurs communautés. Quand il s’agit de profiter de leur travail, on sait le faire au Mali et on les salue lorsqu’on les rencontre. Mais quand il s’agit de voter, on les oublie, on les ignore totalement, on ne leur donne aucun droit. Cela est inacceptable”.
” Il y aura un problème de
sécurité parce qu’il n’y a que moins d’un demi agent de sécurité par bureau de vote “, relève Bathily
Sur la sécurité, Bathily a indiqué qu’il y a des problèmes dans ce domaine. D’après lui, il y a 23041 bureaux de vote pour 11 000 agents de sécurité. “Ce qui fait moins d’un demi agent par bureau de vote alors qu’il est écrit qu’on peut fermer un bureau de vote pour des raisons de forces majeures. Ce qui veut dire que beaucoup de bureaux n’auront pas d’agents de sécurité. En ce moment, la liberté est donnée aux organisateurs de fermer les bureaux qu’ils veulent pour raison de forces majeures. Ce qui nous inquiète. […] Et le Premier ministre s’est baladé pour nous dire qu’il est allé à Kidal, qu’il est allé dans le Centre du Mali, que l’Etat a repris la situation en main et que la sécurité est partout et qu’on peut voter sans problème. Les délais vont être tenus et les conditions de sécurité font être assurées. Et après lui, ça été la grande déflagration. Alors, je me demande bien s’il est allé en pompier pour éteindre les conflits ou s’il a mis les conditions pour allumer le feu, auquel cas, il serait un pompier pyromane…”, a-t-il dit.
Mohamed Ali Bathily : ” IBK m’a sorti du gouvernement … parce qu’il pensait que c’est moi qui poussait mon fils contre lui “
Il s’est expliqué sur son rapport avec son fils Ras Bath du CDR qui, à ses dires, a bien fait de soutenir Soumaïla Cissé de l’URD. “Le choix de Ras Bath m’arrange. Car j’avais été accusé, malgré les dénégations que j’ai eu à faire d’être celui qui poussait son fils à attaquer IBK et de me positionner par rapport à lui pour aller à la conquête de la magistrature suprême. J’ai été presque poussé à la porte du gouvernement, constamment agressé par le RPM et tenu en suspicion constante par le président Ibrahim Boubacar Kéita qui m’a sorti du gouvernement non pas parce que j’ai fait une faute, non pas parce que je travaillais mal, parce qu’il pensait que c’était moi qui poussait mon fils contre lui. Il y a un Dieu qui n’attend pas qu’on meurt pour rendre une certaine justice. J’ai toujours dit que je n’ai jamais discuté de politique avec mon fils chez moi. Et je le confirme. Aujourd’hui, je salue le courage de Ras Bath d’avoir pris sa décision et d’avoir tout simplement exprimé ses propres pensées par rapport à la gestion du pays sans que ce soit moi qui le dise. Je reconnais en Mohamed Youssouf Bathily devenu Ras Bath mon fils. Il est mon fils parce qu’il prend son courage et décide ce qu’il veut”, a-t-il précisé.
Siaka DOUMBIA
Source: Aujourd’hui mali