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… Le candidat à la présidence de l’ADEMA-PASJ, Pr. Moustapha Dicko : « Le clanisme, le clientélisme, l’argent et la recherche effrénée du gain facile… ont eu raison de notre parti »

Dans un entretien qu’il nous  a accordé, le candidat à la présidence de l’ADEMA-PASJ, Pr. Moustapha Dicko, s’est prononcé sur  les raisons profondes qui le poussent à briguer la présidence de ce parti, lors du congrès des 24 et 25 mai prochain. Il a abordé, sans ans  langue de bois, les questions concernant sa vision pour le parti et les rapports étroits  qu’il entretient  avec les anciens présidents de la République Alpha Omar Konaré, Pr. Dioncounda Traoré et surtout avec l’actuel locataire du palais de Koulouba, Ibrahim Boubacar Kéïta. Il profite de cette occasion pour rendre hommage à toutes ces personnalités qui ont toutes été aux commandes de l’ADEMA.

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L’Indépendant : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et que souhaiteriez qu’ils retiennent de votre long parcours politique ?

Moustapha Dicko : Je me suis engagé en politique avec l’immense majorité des travailleurs de notre pays à la faveur de la Lettre du 7 août 1990, qui a vu les Maliens revendiquer le multipartisme intégral et exiger du régime dictatorial d’alors de mettre fin aux souffrances de toutes sortes qu’il imposait à notre pays. J’ai été le président du Comité A.DE.MA de l’Hippodrome, qui abritait le siège de l’association.

Je suis membre fondateur de l’ADEMA- PASJ, dont je suis le  premier secrétaire à l’éducation et à la culture. C’est à ce titre que les camarades ont porté leur confiance en moi en 1993, au plus fort de la crise scolaire, pour diriger le département des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique.

Depuis, j’ai été appelé à beaucoup de fonctions et de missions.

Ce que je voudrais que l’on retienne de mon parcours politique, c’est l’engagement, la sincérité, le sens de l’équipe et de la discipline, la constance et la fidélité à nos idéaux.

L’Indép: Quelles sont les motivations profondes de votre candidature à la présidence du Parti ADEMA et qu’est-ce qui justifie votre grand optimisme après tant de jours d’une campagne harassante ?

M.D: Le pays tout entier a fondé et fonde beaucoup d’espoir sur l’ADEMA-PASJ. Tous les résultats des élections, depuis l’avènement de la démocratie, le prouvent. Cependant,  le clanisme, le clientélisme, l’argent et la recherche effrénée du gain facile, le manque de solidarité, le manque de vision ont eu raison de ce bel outil politique. Et l’espoir qu’il incarnait, hier, d’un avenir meilleur pour tous, a fait place à la désillusion et à la désaffection.

Je voudrais rendre à l’ADEMA ses valeurs et ses principes fondateurs. Je voudrais combler le fossé entre notre direction et nos bases. C’est cela l’attente de nos militants et de nos sympathisants et de notre peuple tout entier, qui en a assez de regarder la politique comme une valse de jouisseurs. Ils attendent que l’on s’occupe des vrais problèmes: le développement, l’école, la santé, la sécurité, une bonne administration, une justice bien distribuée, une armée bien organisée et dans les conditions.

C’est ce qui fonde mon optimisme dans cette campagne, le désir de nos militants de prendre en main leur responsabilité et de choisir en toute liberté leurs dirigeants.

L’Indép: Présider un parti comme l’ADEMA ne semble pas être chose aisée. Comment comptez-vous vous y prendre pour en faire un parti historique, un parti d’avenir ?

M.D: Si on ne triche pas avec les principes, diriger l’ADEMA-PASJ est plutôt aisé, comme pour toute organisation humaine démocratique. Mais, quand on a recours à des contorsions, à des manœuvres, au laxisme et au seul besoin d’assouvir des intérêts  personnels et immédiats, cela devient une gymnastique plutôt difficile. Et il faut sortir de ça! Je mettrai les responsables devant leur responsabilité, qui est de servir, pas de se servir. Et je mettrai le parti face à ses responsabilités vis-à-vis de notre pays et de l’histoire. Nous avons encore de formidables ressources humaines dans nos rangs et nous allons créer les conditions pour qu’elles puissent s’épanouir et s’exprimer!

L’Indep: Comment avez-vous vécu les défections de ces derniers temps de militants ADEMA et non des moindres? Comment comprenez-vous leurs attitudes compte tenu de tout ce qu’ils doivent au parti ?

M.D: Je ne voudrais pas parler de camarades qui, à un certain moment, ont eu à donner le meilleur d’eux-mêmes pour ce parti et ce pays. J’ai beaucoup de respect pour chacun d’entre eux. Mais si le parti a fauté, si le parti a connu des déboires, si le parti s’est souvent écarté de sa ligne politique, éthique et morale, ce ne fut sûrement pas sans eux et leur rôle ne fut pas mince dans la déchéance du parti et même du pays. Ils ont souvent utilisé le parti à des fins personnelles et ont joué contre des camarades. Ils ne sont pas les seuls, j’en conviens. Tous ceux qui se sont livrés à ce jeu ne sont pas partis et poursuivent leurs objectifs tapis parmi les militants et les responsables.

L’Indép: La jeune garde du parti nourrit l’envie d’avoir, encore et toujours, à ses côtés les anciens du parti. Comment entendez-vous remobiliser ces anciens autour des valeurs de solidarité et de justice qui ont fait la grandeur de l’ADEMA-PASJ ? Vous avez certainement rencontré ces anciens. Qu’est-ce qu’ils vous ont dit et quels sont vos rapports avec les anciens présidents de l’ADEMA : Alpha, IBK et Dioncounda Traoré?

M.D: Vous me permettrez de parler d’un désir profond que j’ai de rendre hommage à tous nos anciens et d’évoquer la possibilité de créer un espace, si je dirige le parti, pour les réunir régulièrement, parler de leurs problèmes pour chercher à apporter une solution et aussi leur demander conseils et avis sur toute question concernant la vie de la nation.

Alpha, Ibrim et Dioncounda sont des camarades et des aînés, qui ont, sans conteste, participé  aux heures de gloire de notre parti et de notre pays. IBK, lui, a quitté dans les conditions que nous savons et que je continue de déplorer. J’ai de bons rapports avec eux tous et je suis en contact avec eux tous, à des degrés différents, c’est vrai, mais je n’oublierai jamais qu’aux moments les plus difficiles de notre histoire, le tandem Alpha-IBK a permis à notre pays de faire un bond prodigieux: retour de la paix et de l’Etat, début de la reconstruction du Mali. Avec tous les autres camarades unis dans la bataille pour un Mali meilleur. L’élection de IBK comme président de la République  est l’écho  de ces temps difficiles et exaltants!

L’Indép: L’ADEMA est membre de la majorité présidentielle. Vous sentez-vous à l’aise dans votre option de soutenir le président Ibrahim Boubacar Kéïta ?

M.D: Absolument à l’aise. J’ai été l’un des fervents partisans du soutien de l’ADEMA-PASJ à IBK au second tour de la présidentielle. Il ne me l’avait pas demandé, on n’en avait pas parlé avant que je rende publique ma position.

J’ai dit tantôt pourquoi, selon moi, IBK à été élu président de la République. J’ai eu l’honneur singulier de participer activement à ces moments historiques des années 1990 aux niveaux les plus périlleux. Aujourd’hui, comme toujours, je veux la paix et la stabilité pour notre pays et je suis sûr que l’ADEMA-PASJ doit aider à la stabilisation du Mali; c’est son devoir. Mais, en recouvrant et en gardant son identité pour pouvoir remobiliser ses bases sociales, aujourd’hui démotivées par le comportement de notre direction nationale. Le président et le pays ont d’énormes difficultés. Il a hérité d’une situation catastrophique à tous points de vue. Les débuts n’ont pas été faciles et nous devons tout faire pour l’aider à nous extirper de cette horrible crise.

Cela dit, je suis conscient que l’opposition a toute sa place et qu’il n’y a pas de démocratie vraie sans une opposition crédible.

C’est mon souhait le plus profond. C’est un débat d’idées. Plus, il est ouvert et sincère, mieux ça vaut. L’ADEMA doit sortir grandi de ce congrès, s’il veut poursuivre sa route, s’il veut coller à son engagement des débuts et s’il ne veut pas disparaître. Il faut réussir le sursaut attendu par les militants de notre parti, il faut réussir le sursaut attendu par notre pays tout entier!

L’Indép: Le congrès est annoncé pour être celui de toutes les empoignades. Etes-vous confiant que l’ADEMA sortira grandi de ce congrès ?

M.D: Ce sont des frères et des camarades. Ils ont leur parcours et leurs visions. Ils proposeront leur projet de reconstruction de l’ADEMA et les délégués trancheront. Que le meilleur gagne et que l’organisation soit à hauteur de souhait.

L’Indép: Quels messages avez-vous à l’adresse des autres candidats à la présidence de l’ADEMA et des militants et à l’endroit de la Commission d’organisation du congrès ?

M.D: Notre pays est en crise par la faute de ses enfants. Les leaders politiques, plus que les autres, sont comptables de cette situation, qui a mis en insécurité nos paisibles populations, qui a envoyé sur les sentiers de l’exil beaucoup de nos compatriotes, qui a envoyé bon nombre d’entre eux à la mort, qui a effrité la cohésion sociale et notre vivre- ensemble légendaire. Une situation qui nous met sous perfusion internationale!

Le choix des responsables est extrêmement important. Il détermine l’avenir de chacun d’entre nous et l’avenir de notre pays en tant que nation, l’avenir de nos enfants. Ne le faisons pas à la légère, ne faisons pas les choix que nous regretterons. Soyons responsables et pensons au Mali de demain.

Je souhaite la paix et le bonheur à toutes et à tous. Que Dieu bénisse le Mali !

  Réalisé par Abdoulaye Diarra

 

Source: L’Indépendant

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