Ah, que je voudrais bien que mon pays, le Mali, dont la délégation avoisine maintenant les 100 personnes, avec une communauté de ressortissants assez nombreux résidant au Faso, parlent d’une même voix, pour faire comme le Cameroun ce lundi 25 février, en accompagnant ses ambassadeurs du 7èmeArt !
Le Cameroun a mis les petits plats dans les grands avec la projection du film «Les Armes Miraculeuses» de Jean Pierre Bekolo, un prétendant sérieux au titre d’Étalon samedi prochain. Les Camerounais chatouillent les Burkinabè en arguant venir remporter la Coupe d’Afrique du Cinéma après que la CAF leur eut retiré la CAN de Football sur le plan de l’organisation.
Une salle du Ciné Burkina archicomble où les journalistes camerounais pouvaient à eux seuls remplir sa moitié, un cocktail avec une vingtaine de mets pour servir le public gratuitement avant la projection au point de faire ombrage au restaurant local du ciné Burkina, deux diapo de 3 mn chacun, diffusés avant la projection du film, relatant le parcours du pays au Fespaco depuis 1976, où il a glané son premier Étalon, conclu par le message du ministre de la Culture, Pierre Ismaël, qui dit attendre le sacre final et une invite à appeler les festivaliers à découvrir Douala, capitale d’un écotourisme, des artistes locaux de Ouaga, enfin, qui font entrer, sous une haie d’honneur, dans la salle, le réalisateur du jour, Jean Pierre Bekelo…
Le Cameroun aura fait forte impression ce soir ! Surtout que le public en a eu pour son compte, avec un excellent film de 99 mn qui ne se raconte pas mais qui se vit. Trois femmes sont amoureuses d’un homme noir qui se trouve dans le couloir de la mort, un condamné à mort qui rêve autrement de liberté, même en se sachant condamné à être exécuté.
Au-delà de son traitement des relations de chacune d’elles avec l’homme, le réalisateur questionne la condition du Noir dans le monde d’aujourd’hui et appelle à une relecture du concept de la Négritude, la situation du Noir qui est déjà condamné (donc c’est comme une métaphore) et du concept de la peine de mort, c’est-à-dire des hommes qui décident qu’un autre homme va mourir parce qu’il a fait ceci ou cela. Le film camerounais pourrait laisser des traces au Faso.
Mouta
Le Kenya et son film polémique «rafiki» ou l’homosexualité sur les écrans
C’est un film osé et poignant qui fera grand bruit au Fespaco et dans certains pays qui décideront de le projeter, qui a été servi, lundi 25 février dans la nuit, au public ouagalais ; un film dont la force et le courage de la réalisatrice doivent être salués, nonobstant toutes les critiques qui en découleront sur un sujet tabou qui fut la cause même de sa censure dans son pays, le Kenya.
Mais on peut se rappeler qu’en septembre dernier, on apprenait que la cour de justice kényane a finalement autorisé la diffusion temporaire (7 jours seulement) de ce film qui narre une histoire d’amour homosexuelle, l’autorité de régulation du pays ayant interdit la sortie, l’accusant de faire la promotion de l’homosexualité.
Rafiki ou «Ami» en swahili raconte l’histoire de deux étudiantes dont les pères sont des adversaires politiques où, pour avoir déchiré l’affiche de campagne électorale du premier, la fautive viendra s’excuser tout en tombant amoureuse l’une de l’autre. Les scènes sont surréalistes dans une Afrique conservatrice, surtout à l’écran, qui plus est, avec des adolescentes (un amour lesbien, dans un pays où l’homosexualité est illégale).
Les paroles sont elles aussi directes : «tu crois que ça plaît à Dieu de voir deux hommes baiser entre eux» ou «les filles des politiciens collés comme des chiens». Somme toute, «Rafiki» affiche une formidable et belle histoire d’amour émouvante, engagée et féministe avec de la romance à couper le souffle de deux jeunes lesbiennes qui ont osé.
Cependant, la réalisatrice Wanuri Kahiu, 38 ans, de cet amour interdit qu’est homosexualité, surfe très bien sur les causes d’une société où les parents n’ont plus de temps pour leurs enfants, occupés à chercher le pouvoir par tous les moyens en plus d’un sermon de la religion : «Retournons à Dieu» !
Mouta
Source: Le Reporter