Peu de temps après une investiture qui a mobilisé les quatre coins du monde, le tout-nouveau président Ibrahim Boubacar Keïta a mis fin, une bonne fois pour toutes, au pouvoir illégal et autoritaire de l’ex-junte à Kati. Cependant, il se révèle impuissant face à l’arrogance du MNLA dans la région de Kidal.
L’opération Saniya, lancée par le président de la république pour déloger les membres de l’ex-junte, fut fortement saluée par la société civile et la classe politique malienne, à l’image du FDR qui a rendu public un communiqué pour s’en réjouir. Bien que des zones d’ombres restent encore à éclaircir, cette opération aura permis tout de même d’assainir la ville de Kati qui était devenue un vrai casse-tête pour les Maliens. En effet, la junte s’est illustrée par son autoritarisme à travers des arrestations extrajudiciaires et des enlèvements notamment de journalistes et au sein de la classe politique.
Elle est même allée jusqu’à s’immiscer dans les affaires politiques et s’était érigée en fait en noyau de l’administration, toute chose que Ladji a trouvé inacceptable. A peine investi, il a lancé une opération conduite par le chef d’Etat-major des armées. Plusieurs mutins ont été arrêtés, certains sont portés disparus et les cadavres d’autres ont été retrouvés dans les ruelles de Kati et aux abords de la route de Ségou. Le camp Soundiata Keita ne pose plus de problème. L’épineuse équation de Kati est donc résolue définitivement.
Quant à l’opération Serval, elle a été aussi chaleureusement saluée par le monde entier, singulièrement par les Maliens qui assistaient, impuissants, à la disparition de leur pays au profit des barbus. Serval a nettoyé d’un coup de fusil le pays des djihadistes. Gao et Tombouctou ont recouvré la liberté après plus d’un an de soumission à une barbarie obscurantiste. Mais, comme l’opération Saniya, Serval aussi présente des zones d’ombre sur lesquelles les Maliens attendent d’être éclairés, sauf que cette dernière mérite beaucoup plus d’attention car il s’agit là de l’intégrité territoriale du Mali.
En effet, les Maliens doutent encore du rétablissement effectif de l’intégrité du territoire de leur pays. Il y a de quoi, puisque Serval ne s’est pas montrée aussi fiable qu’on le pensait. En effet, les Maliens étaient persuadés que la France est un pays ami venu les aider à se débarrasser des bandits armés. Toutefois, depuis la libération de deux des trois régions du septentrion, le citoyen lambda peine à comprendre l’attitude de l’armée française à l’égard du MNLA qui règne en maitre absolu à Kidal. Jusqu’à maintenant cette ville reste largement hors du contrôle des autorités maliennes et les forces armées nationales sont cantonnées en lieu et place des combattants du MNLA.
Le peuple malien assiste impuissant (comme quand les djihadistes avançaient sur Bamako) à la transformation de cette ville en un Etat dans un autre puisque l’administration malienne est cloitrée dans les locaux de la mairie (comme juste pour représenter le Mali à l’extérieur) pendant que le gouvernorat sert de QG pour les membres du groupe rebelle. Entre autres faits accablants, les Maliens pointent du doigt le comportement agressif des Touaregs du MNLA qui sont censés être cantonnés comme le stipulent les accords préliminaires de Ouaga. De la signature de ces accords à ce jour, les nouvelles autorités du pays ont respecté leurs engagements, notamment en libérant plusieurs détenus du groupe rebelle et en levant les mandats d’arrêt internationaux lancés contre certains de ses responsables. En guise de remerciement, le MNLA s’est montré agressif vis-à-vis de certains habitants de la ville de Kidal qui ont la peau noire et des forces armées maliennes.
Il y a quelques mois, trois responsables du nouveau gouvernement malien ont failli payer au prix de leur vie une visite dans la zone de Kidal, autre disposition de l’Accord de Ouaga. Ils ont été tout simplement chassés à coups de jets de pierre de la part des jeunes manipulés contre le Mali, une chance que nos confrères de RFI n’ont pas eue. Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été sauvagement exécutés dans cette partie du Mali où l’Etat ne dispose d’aucun pouvoir.
Que dire de l’interdiction d’exhiber le drapeau national dans la ville de Kidal ? Face à tous ces faits, les Maliens s’accordent à dire que l’autorité de l’Etat doit être rétablie sur toute l’étendue du territoire national. C’est l’une des raisons essentielles qui ont incité plus de 77% de la population électorale à porter leur choix sur le candidat du RPM.
Source: L’Indépendant