A l’issue d’un duel incertain, opposant deux technocrates, c’est finalement l’ancien premier ministre Faustin Archange Touadéra qui remporte la présidence de la République centrafricaine, a annoncé samedi 20 février l’Autorité nationale électorale (ANE). Il devra désormais redresser un pays parmi les plus pauvres de la planète, qui a sombré dans le chaos après les tueries intercommunautaires des années 2013 et 2014.
Selon les résultats du second tour de la présidentielle publiés par l’ANE, M. Touadéra a recueilli le 14 février 62,71 % des suffrages, contre 37,29 % pour son rival, Anicet-Georges Dologuélé. Ces résultats doivent encore êtrevalidés par la Cour constitutionnelle de transition.
Le candidat des pauvres
Malgré la volonté affichée des électeurs de voter en masse, à Bangui, pourélire un président et tourner la page des violences, la participation au niveau national n’a pas été aussi forte qu’attendue par les responsables politiques centrafricains. Sur plus d’1,9 millions d’électeurs inscrits, 1 153 300 ont voté, a précisé l’ANE.
Faustin Archange Touadéra, 58 ans, avait créé la surprise au premier tour en recueillant 19 % des votes. 21 des 28 candidats éliminés avaient rejoint ce discret professeur demathématiques, ancien recteur de l’université de Bangui. Ex-premier ministre de François Bozizé de 2008 à 2013, il a mené une campagne de proximité, jouant à plein la carte du candidat des pauvres contre celui des riches.
C’est son adversaire, Anicet-Georges Dologuélé, 58 ans également, qui était arrivé en tête au premier tour avec 23,7 % des suffrages exprimés. Homme sans aspérité, ce banquier nouveau venu dans l’arène politique – même s’il fut, entre 1999 et 2001, le premier ministre d’Ange-Félix Patassé –, apparaissait comme le candidat des milieux d’affaires et celui disposant du parti le mieux structuré. Son assise nationale et le ralliement dans l’entre-deuxtours de Désiré Kolingba, arrivé troisième avec 12 % des votes, n’auront pas suffi à luiassurer la victoire.