Un premier contingent de 570 soldats maliens a entamé le mardi dernier, sa formation par des instructeurs militaires européens qui ont pour objectif de restructurer l’armée malienne. Cette mission a pour objectif de professionnaliser les soldats maliens pour qu’ils soient capables de résister aux attaques des groupes jihadistes liés aux terroristes d’AQMI.
Selon le lieutenant-colonel français Philippe de Cussac, porte-parole de la mission de formation de l’Union européenne (EUTM), le premier contingent est bien arrivé à Koulikoro et les choses sérieuses vont bientôt commencer pendant dix semaines par une centaine d’instructeurs de sept pays: France, Royaume-Uni, Suède, Finlande, Lituanie, Luxembourg et Irlande.
« Dans un premier temps, on aura une formation généraliste, ensuite, il y aura une formation de spécialisation, en télécommunications, artillerie, génie », selon le lieutenant-colonel de Cussac. « Des forces spéciales, des tireurs d’élite » seront également formés, a-t-il ajouté.
L’EUTM aura à former au total près de 3.000 soldats, qui auront à prendre la relève des forces françaises et sécuriser le pays tout entier pour les élections à venir.
Le constat du commandant français d’EUTM est sévère. Pour le général François Lecointre, l’armée malienne est « destructurée », « incapable de se projeter dans l’avenir ». Bref, tout est à reconstruire.
Mais sur le théâtre des opérations d’importantes poches de résistance islamistes demeurent dans plusieurs régions du nord du Mali: massif des Ifoghas, Gao et Tombouctou.
Sans commenter directement la mission de formation de l’UE, les Etats-Unis se souviennent d’avoir formé un certain Amadou Haya Sanogo, capitaine de l’armée malienne auteur d’un coup d’Etat ayant renversé le 22 mars 2012 le président Amadou Toumani Touré, précipitant la chute du Nord aux mains des islamistes.
Le général Carter Ham, haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom), s’était déclaré l’an dernier « amèrement déçu » qu’un militaire malien formé aux Etats Unis ait renversé « un gouvernement élu », qualifiant cela de « totalement inacceptable ».
Le déploiement des Casques bleus de l’ONU est toutefois conditionné à la situation politique et sécuritaire du Mali, prévient Ban Ki-moon dans son rapport. Le secrétaire général est particulièrement pessimiste : « Les attaques terroristes, la prolifération des armes, le trafic de drogue et d’autres activités criminelles » font ainsi partie des « risques » qui subsisteront à l’intervention militaire. D’autre part, « le processus politique accuse un retard dangereux », estime le diplomate sud-coréen.
La feuille de route pour la transition, adoptée par le Parlement malien fin janvier, prévoit notamment des élections d’ici à fin juillet. Or, pour l’heure, « les conditions ne sont pas mûres pour la tenue dans le calme d’élections libres et crédibles et paisibles » dans le pays. Pis, des « élections pourraient provoquer un regain d’instabilité et même des violences », écrit-il. Mi-mars, à l’issue d’une visite sur place, le sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, Edmond Mulet, avait lui aussi estimé « peu probable que les élections puissent se tenir d’ici juillet ». Selon lui, l’ONU se prépare à affronter au Mali « des menaces inédites, jamais rencontrées dans un contexte de maintien de la paix ». Dans ce contexte donc, il sera très difficile pour les autorités de la transition de réussir leur pari sans l’aide de la communauté internationale surtout de la France.
Maximin de Diapé