Trois militaires en faction devant un centre communautaire juif à Nice ont été agressés au couteau dans le centre-ville mardi après-midi par un homme interpellé dans la foulée et la section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête. Les motivations de cet homme étaient inconnues dans l’immédiat. Une source policière a ensuite fait savoir qu’un deuxième homme a été interpellé, et que «des vérifications sont en cours». Selon une autre source proche de l’enquête, l’agresseur des militaires aurait été vu avec ce deuxième individu avant les faits, mais pas au moment de l’acte.

«Un peu après 14 heures, alors que trois militaires étaient en faction devant un site israélite (…), un individu, qui passait sur le trottoir a alors agressé violemment avec un grand couteau l’un des soldats, visant son visage ou son cou», a-t-on indiqué à l’AFP de source policière.

Ce soldat a été blessé à une joue, une «blessure apparemment profonde mais sans gravité», et un autre militaire a été atteint au bras en maîtrisant l’individu, connu des services de police pour des faits assez anciens, a-t-on ajouté de même source. Le troisième soldat n’a quant à lui pas été blessé.

Selon plusieurs sources proches de l’enquête, l’homme interpellé s’appellerait Moussa Coulibaly mais n’aurait «a priori» aucun lien avec Amédy Coulibaly, un des auteurs des attentats de Paris en début d’année.

RÉCEMMENT ENTENDU PAR LA DGSI

L’agresseur des trois militaires a «été refoulé la semaine dernière par les autorités turques» et a été «entendu à son retour par la DGSI», selon une source proche de l’enquête. «Cet homme avait attiré l’attention de la Police aux Frontières (PAF) à Ajaccio le 28 janvier car il avait pris un aller simple pour la Turquie. Il a donc été signalé sans délai par la DGSI aux autorités turques qui l’ont refoulé», a expliqué cette source. «A son retour, il a été entendu par la DGSI mais son entretien administratif n’a pas permis de recueillir d’informations suffisantes pour judiciariser son dossier.»

L’agresseur des trois militaires «âgé d’une trentaine d’années et originaire de la région parisienne, est très défavorablement connu des services de police», ont déclaré dans un communiqué commun les ministres de l’Intérieur et de la Défense. Selon une source proche du dossier, il est connu pour des faits de violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et vols aggravés.

Mardi soir, son domicile, situé à Mantes-la-Jolie (Yvelines), a été perquisitionné. L’opération a débuté vers 20 heures, dans un immeuble de huit étages du Val-Fourré, un quartier sensible de Mantes-la-Jolie, ont constaté des journalistes de l’AFP. Une quinzaine de policiers, en civil et en tenue, dont certains portaient des flash balls, se tenaient aux abords de l’immeuble.

Jean-Yves Le Drian (Défense) et Bernard Cazeneuve (Intérieur) «condamnent avec la plus grande fermeté cette attaque commise contre les forces armées». Ils«adressent leurs vœux de rétablissement aux soldats lâchement blessés et réitèrent leur détermination à assurer la protection de notre territoire et de nos compatriotes». Tous deux doivent se rendre ce mardi soir à Nice.

Selon un communiqué du maire UMP de la ville, Christian Estrosi, l’agresseur a été interpellé grâce aussi à l’intervention d’un commerçant, d’un agent de la régie des transports locaux et des membres de la police nationale et municipale.

«Je tiens à la disposition de la justice les images des caméras de vidéo protection qui ont enregistré l’agression et appelle à des sanctions très lourdes à l’encontre du criminel interpellé», a ajouté Estrosi. L’élu a demandé au gouvernement de«maintenir la présence des forces militaires dans (la) ville, dont la mission devait s’achever» mardi.

L’AGRESSEUR AVAIT DEUX COUTEAUX

Les militaires ont été pris en charge par les services de secours sur le lieu de l’agression, avenue Jean Médecin, à proximité de la place Masséna, a constaté un correspondant de l’AFP. Leur pronostic vital n’est pas engagé. L’agresseur avait deux couteaux sur lui, mais n’en a utilisé apparemment qu’un, a précisé le premier adjoint de Christian Estrosi à la mairie de Nice, Philippe Pradal, qui s’est rendu sur place après les faits.

Les militaires assuraient la sécurité dans le cadre du plan Vigipirate devant un immeuble abritant le Consistoire israélite de Nice, Radio Shalom et une association israélite.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, «va appeler la chaîne de commandement pour avoir des nouvelles de ces militaires, à qui il souhaite un prompt rétablissement», a indiqué à l’AFP son entourage. «On voit bien que la menace (antisémite) est plus que réelle, devant ces agressions devant des lieux qui sont identifiés comme juifs», a-t-on déclaré de même source. «La présence des militaires devant des lieux de culte est nécessaire. Comme l’a dit le président François Hollande, ils risquent leur vie pour sauver la nôtre».

Quelque 10 000 militaires ont été déployés, dont 5 800 en Ile-de-France, sur des sites sensibles, notamment les lieux de culte juifs et musulmans, devant des établissements scolaires ou les entreprises de presse, dans le cadre du plan Vigipirate, renforcé après les attentats commis en début d’année à Paris.

 

Source: AFP