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L’Afrique face au défi du terrorisme : L’aide de la Chine sera précieuse dans l’équipement des forces africaines contre le terrorisme

Longtemps cantonné dans la corne de l’Afrique (Somalie) et au Maghreb, notamment à l’Algérie dans les années 90, le terrorisme est aujourd’hui l’une des plus grandes menaces à la stabilité de l’Afrique. Les immenses espaces délaissés par les Etats sahélo-sahariens, faute de moyens logistiques et financiers, sont aujourd’hui devenus des no man’s land où prospèrent les activités terroristes. Les conséquences des interventions impérialistes en Libye et en Irak accentuent cette menace planétaire.

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Dans une interview accordée à la presse française au lendemain des attentats qui ont fait 130 morts à Paris le 12 novembre dernier, Soumeylou Boubèye Maïga (ancien ministre de la Défense du Mali et président du groupe d’experts de l’Union Africaine) rappelait qu’il y a «un terreau propice dans les pays africains qui fait que, dans tous les cas, nos pays restent des cibles potentielles importantes du terrorisme».

Et pourtant le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian sur le plateau d’une télévision française le 22 novembre 2015, a tenté de faire croire que «le terrorisme a été quasiment éradiqué au Mali, mais il y a des soubresauts».

La réalité est que c’est une menace qui a tendance à se généraliser en Afrique après s’être enracinée dans la corne de l’Afrique (Somalie) et au Maghreb (Algérie) dans les années 90.

Le terrorisme est presque le lot quotidien aujourd’hui des Nigérians et de leurs voisins Camerounais, Nigériens et Tchadiens. Et en presque 4 jours d’intervalle, le Mali et la Tunisie ont été frappé comme pour traduire la rivalité entre Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) et Daesh (Etat islamique). Une rivalité qui peut aussi expliquer la multiplication sur le continent de leurs satellites comme Ançar Dine, Al-Mourabitoune, BokoHaram, Shebab…

«C’est l’économie de la terreur qui est le mode de gouvernance mondiale», déplore sur les réseaux sociaux AboubacrineAssadek Ag Hamahady, professeur de math à l’université de Bamako.

Pour l’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, l’Afrique est prise dans l’engrenage d’un fléau mondial. Et, dans une interview qu’il a récemment accordée à Xinhua (Agence Chine Nouvelle), il lie cette menace aux «conflits, aux inégalités et aux injustices» qui alimentent les frustrations pour aboutir à «des réactions violentes». Sans compter que, précise M. Mara, «l’essor des technologies offre des possibilités d’embrigadement des esprits fragiles…».

De nombreux experts du terrorisme dans la bande sahélo-saharienne comme Alexis Kalambry (Directeur de publication du quotidien privé Les Echos, analyste économique et consultant en communication) sont de cet avis. «Les situations d’injustice, de non droit et surtout de manque de perspective pour les jeunes et souvent les communautés, favorisent les mouvements extrémistes en Afrique», signale M. Kalambry.

Former et s’équiper à la hauteur de la menace

«L’Afrique ne connaissait pas le terrorisme, du moins l’Afrique noire. Mais depuis un certain temps avec l’émergence de BokoHaram au Nigéria et suite aux bombardements de l’Otan en Libye, nombre de groupes terroristes ont pris d’assaut le Sahel», précise Alhassane H. Maïga, sociologue et Directeur de publication de l’hebdomadaire Le Matin.

Malheureusement, craint M. Maïga, «nos Etats ne disposent pas de moyens pour faire face au terrorisme. Les renseignements, la logistique et les équipements font défaut». Une analyse partagée par M. Mara qui rappelle qu’il faut avoir «des agents en mesure de comprendre l’organisation, le mode de fonctionnement et de financement ainsi que les méthodes de communication des groupes terroristes».

Face à la menace, certains experts interrogés conseillent «l’unité politique, économique et stratégique», c’est-à-dire la mutualisation des moyens de lutte à l’échelle sous-régionale ou régionale.

En septembre 2014, face à la recrudescence de la violence liée au terrorisme et à l’extrémisme religieux, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (Ua), a mis en place un groupe d’experts africains afin de prévenir et de lutter plus vigoureusement contre ces nouvelles formes de violences qui menacent l’Afrique. Et cela sous la direction de l’ancien ministre malien de la Défense, SoumeylouBoubèyeMaïga.

Et le 20 novembre dernier, jour de la sanglante prise d’otages du Radisson Blu de Bamako (21 morts officiellement), les dirigeants du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) ont renouvelé leur volonté de mutualiser leurs moyens de lutte avec notamment la création d’une force commune.

Les chefs d’état-major généraux des armées des pays concernés, en début novembre à Ouagadougou (Burkina Faso), avaient signé une Charte sur le partenariat militaire afin de mieux lutter contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière.

N’empêche que des observateurs sont sceptiques quant à l’efficacité d’une telle mutualisation. «Dans les faits, c’est très difficile. Ce sont des pays extrêmement pauvres, qui ne sont pas en mesure d’assurer l’essentiel des services dont ont besoin leurs populations», craint LemineOuld Salem, un confrère mauritanien auteur d’un livre sur le terrorisme dans la bande-sahélo-saharienne.

Coopérer avec franchise et sincérité

«Je ne pense pas qu’ils puissent être en mesure d’empêcher l’arrivée de fonds d’origine saoudienne ou qatarie ou de fonds provenant directement de financiers, de groupes jihadistes ou salafistes», avait-il ajouté interrogé sur des médias français aprèsles attentats de Paris.

Que faire alors ? Pour Fousseyni Camara, un activiste de la diaspora malienne de France, il faut une «collaboration franche» entre les pays du Sahel. «Que nos voisins arrêtent définitivement d’héberger les commanditaires d’actes de banditisme ou de terrorisme dans leurs pays. Ceux qui se livrent au terrorisme et aux activités de déstabilisation d’un Etat ne doivent trouver un refuse nulle part».

Nos interlocuteurs soulignent que la présence des forces étrangères comme Barkhane au Sahel n’est pas une solution de long terme. Et qu’il faut surtout former et équiper les forces de Défense et de Sécurité des pays africains.

Pour Alexis Kalambry, il leur faut d’abord «des formations de type non conventionnel pour les armées, et ensuite, l’équipement… Il leur faut ensuite des moyens modernes de communication, de renseignements et d’investigation».

«Les pays africains ont besoin d’être assistés sur le plan de la formation et des moyens pour faire face au terrorisme. Et je pense que la République Populaire de Chine peut leur apporter l’appui nécessaire dans ce sens», indique Alhassane H. Maïga.

«La Chine, à un moment de son histoire, a eu à faire face à des actes terroristes. Les conseils, la formation, le renforcement des capacités de notre dispositif de lutte anti terroristes peuvent être des actions urgentes de soutien qu’elle peut apporter aux pays africains qui sont désormais sous cette menace», avait insisté Moussa Mara dans l’entretien accordé à Xinhua.

Il est aussi indispensable, pensent des experts, d’intégrer les populations dans les stratégies de prévention et de lutte car, disent-ils, «les informations qu’elles peuvent donner aux forces de sécurités peuvent s’avérer précieuses à anticiper sur les actes terroristes» !

 LA REDACTION (Avec XINHUA)

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