Dans un entretien avec notre reporter, l’Adjudant Chef Seyba Diarra, l’un des hommes forts du CNRDRE, fait le bilan du putsch dont il fait partie des meneurs et acteurs. Aussi, cet Officier rappelle la fin de la récréation pour une certaine classe politique avide de pouvoir et qui a montré toutes ses limites.
« La négativité du coup d’Etat, a été sa non préparation…» martèle l’Officier
Mali Demain : Un an après le putsch du 21 mars, quel bilan faites-vous ?
Adjudant Chef Seyba Diarra : Un an après le coup d’état, le bilan est positif car notre action du 21 mars 2012 a permis une prise de conscience de nos compatriotes, donc du peuple malien dans toute sa composante de l’état de notre armée ; elle qui a été transformée en armée faite que pour les exercices de défilés.
La négativité du coup d’état a été sa non préparation…
La négativité du coup d’état a été sa non préparation mais qu’à cela ne tienne, nous avions pu réussir malgré nos mauvaises conditions de vie et de travail. Il faut reconnaître aussi que le politique nous a manqué car, dans l’euphorie du putsch, il y a eu des regroupements peu professionnels pour soutenir le CNRDRE afin d’aboutir au changement souhaité. Nous avions donc compris mais tardivement que les gens se battaient pour leurs intérêts personnels et non général du peuple malien. Ce qui fait qu’il fallait être très solide dans la tête pour résister à certaines pressions et non les moindres. Cet état de fait a fait que nous nous sommes arrêtés à mi-chemin de notre action du 21 mars 2012 un an après. Il fallait aller jusqu’au bout.
Mali Demain : Comment voyez-vous les perspectives pour l’armée et la transition ?
« Le comité de Suivi et de la réforme est une opportunité »
Adjudant Chef Seyba Diarra : Pour l’armée, comme vous le savez, la création du Comité de Suivi et de la Réforme, est une opportunité pour nos forces armées et de défense. En effet, il s’agit de créer les conditions pour que ce qui est arrivée, ne se reproduise plus. Au Comité de Suivi, nous allons nous battre pour se faire. Les tournées dans les camps militaires nous ont permis de comprendre que les hommes attendent beaucoup du comité de Suivi. Nous n’allons pas laisser passer l’occasion et encore moins décevoir.
Le peuple devra faire attention à ses choix
S’agissant de la transition, c’est le moment pour le peuple malien et nous allons-nous battre pour que certains ne viennent les tromper encore. Le peuple malien devra faire beaucoup attention aux marchands d’illusions pour faire un bon choix lors de l’élection présidentielle à venir.
Mali Demain : Quel est le moral de la troupe ?
« Les hommes fondent beaucoup d’espoir sur le comité de Suivi et de Réforme »
Adjudant Chef Seyba Diarra : Il ya quelques imperfections que nous sommes entrain de corriger. Mais les hommes ont mis beaucoup d’espoir sur le comité. En vérité, il y a certaines sales habitudes qui avaient pignon sur rue dans notre armée qui consistaient à mettre l’intérêt personnel au-dessus de celui général, celles-ci sont terminées. Les propos des hommes le prouvent. Nous sommes informés et travaillons à satisfaire la troupe car pour nous, la première réforme passe par celle des hommes. Ce qui n’est pas facile tellement que le mal est profond.
Mali Demain : Quel climat règne au sein de l’équipe et avec la troupe ?
« Le climat en notre sein est au beau fixe »
Adjudant chef Seyba Diarra : Ce n’est pas facile mais les hommes font confiance au comité de Suivi en qui, beaucoup d’espoir a été fondé. C’est à nous de le consolider et non décevoir la troupe. Le climat en notre sein est au beau fixe. Et nous nous disons nos quatre vérités. Ce qui fait notre charme.
Mali Demain : Qu’attendez-vous de ces élections ?
« Il faut que le peuple réfléchisse… »
Adjudant chef Seyba Diarra : Il faut que le peuple réfléchisse mûrement avant de jeter son dévolu sur un homme qui devra être un rassembleur, respectueux des lois de la République car les partenaires du Mali attendent que le peuple fasse son choix pour que certains évènements ne se reproduisent plus jamais.
Mali Demain : Quel message particulier avez-vous pour nos politiques ?
« Nous sommes toujours là pour les politiques »
Adjudant chef Seyba Diarra : Qu’ils ne se trompent pas et n’aient pas peur, car nous sommes et serions toujours là pour eux. En ne perdant pas de vue que c’est lorsque les conditions de travail sont meilleures que le travail sera meilleur.
Aux soldats, à notre armée, personne d’entre nous en doit oublier les journées des 21 et 22 mars 2012 qui sont dues à la situation catastrophique où 1/6 de l’Armée était féminin, 1/6 intégré sans compter des conditions de recrutements et de formations dérisoires. Faisons le bilan ! Chacun devra se mettre dans la logique de communiquer afin de se faire confiance.
Mali Demain : Confirmez-vous que le putsch du 21 mars est partie des éléments de la CCAS, qu’ils sont le chef d’orchestre ?
« Tout est parti de la CCAS »
Adjudant Chef Seyba Diarra : Affirmatif ! Tout est parti de la CCAS qui a déclenché le rouleau compresseur grâce à la mutinerie du 21 mars 2012. Nous qui constituons le groupe des douze, avions été prompt et étiez bien organisés pour diriger le putsch puisqu’ayant su organiser la troupe à un moment où ce n’était pas donné à tout le monde, de venir se mettre devant les hommes.
Mali Demain : Comment voyez-vous l’avenir ?
Adjudant Chef Seyba Diarra : L’avenir est prometteur. Mais, il faut que nous sachions que le Mali ne sera ce que nous en ferons.
Propos recueillis par Bokari Dicko