Le Conseil des ministres du 6 mars 2013 a adopté un projet de décret portant création, organisation et modalités de fonctionnement de la Commission dialogue et réconciliation (Cdr). Cette Commission rentre dans le cadre de la recherche d’une paix durable et de la réconciliation nationale. Elle sera composée de 33 membres, qui seront désignés par le président de la République pour une durée de deux ans. Joint au téléphone depuis le Gabon où il réside, le président du Haut conseil des Maliens de l’Extérieur, Habib Sylla, se prononce.
Habib Sylla
Avec la mise en place de cette structure, le président du Haut conseil des Maliens de l’extérieur estime que nos compatriotes vivant à l’étranger, auront un grand rôle à y jouer. Il conseille surtout aux autorités de la transition d’opter pour le modèle sud-africain selon lequel, pour qu’il y ait un dialogue et une réconciliation véritable, il faudrait qu’il y ait une reconnaissance des faits et des actes commis. «Au Mali, les gens doivent vider leurs ventres, après tout ça, pour qu’ils se serrent les mains. Vous savez qu’il y a eu beaucoup d’injustices, qui ont été commises. Il faut donc que les uns et les autres se pardonnent, tout en reconnaissant leurs torts. Nous, en tant que Maliens de l’extérieur, à chaque fois qu’il y a un problème au pays, nous en souffrons dans notre chair. Donc, nous sommes prêts à nous investir, comme nous le faisons, chaque fois qu’il s’agit de la construction du Mali. Notre participation et notre contribution, si on nous sollicite, nous les apporterons. Nous sommes plus nombreux que les populations de 3 régions du Mali réunies. Malheureusement, chaque fois qu’il s’agit de prendre des grandes décisions, on nous met de côté. J’espère que cette fois-ci, nous allons être consultés, considérés et entendus», a déclaré Habib Sylla.
«J’ai eu une très bonne appréciation de cette mesure, surtout par rapport aux difficultés que nous traversons en ce moment. Je pense qu’elle est effectivement nécessaire pour une sortie définitive de la crise actuelle. Donc, je pense que cette décision a été choisie au bon moment et pour une bonne cause», a-t-il déclaré.
À la question de savoir s’il faut organiser les élections après le dialogue et la réconciliation ou bien avant, M. Sylla est on ne peut plus clair : «Franchement, loin de moi de remettre quoi que ce soit en cause, je pense que la volonté de vouloir aller très rapidement aux élections, est dangereuse. Parce qu’une élection, ça se prépare minutieusement pour que ça se passe dans la transparence. Il faut donc que toutes les conditions soient réunies. J’ai entendu qu’une date a été fixée, mais j’espère qu’elle n’est pas butoir. La date du 31 juillet 2013 n’est apparemment qu’un véhicule en ce moment. Il faut que la situation sécuritaire sur le terrain réponde. Mais, si tel n’est pas le cas, je pense que c’est mieux de faire en sorte qu’on puisse organiser des élections propres et crédibles, non seulement aux yeux de la Communauté internationale, mais aussi pour que le Mali se sente concerné. Alors, il serait peut-être mieux d’aller d’abord vers la réconciliation. Et en ce moment, je crois qu’on va faire des élections crédibles. À mon avis, c’est là une condition sine qua none : la réconciliation avant les élections».
Seyni TOURE