Si aujourd’hui Kidal revenait de gré ou de force au Mali, cette histoire de rébellion dans le septentrion Malien qui nous mine depuis un moment déjà serait un mauvais souvenir, et nous serons épargnés du cinéma pour le moins inepte et insipide qu’on nous impose au quotidien avec d’un côté la Coordination des Mouvements de l’Azawad, qui malgré la signature de l’accord de paix tient mordicus à l’idée de séparation au-delà des apparences, et travaille d’arrache-pied à cette fin, et de l’autre, le gouvernement Malien, qui, comme un homme groggy ayant reçu un véritable uppercut, s’aplatit, se fait spectateur de sa propre déchéance, et ne jure que par un accord bidon aux conséquences graves pour la nation malienne.
En apparence toutes les parties veulent la paix, je dis bien en apparence. Certes, l’accord de paix a permis de faire taire les armes, mais l’on comprendra aisément qu’à part cela, rien de clair ne se fait dans le sens d’une avancée pour l’intégrité, l’unité du Mali et des Maliens. L’on a comme l’impression que tout est fini. Adieu Kidal, désormais, il faut compter le Mali sans Kidalconsidérée aujourd’hui comme une enclave autonome aux mains de la CMA
Duperie, hypocrisie, coups bas…
Pour un accord dont la mise en œuvre est plus qu’urgente, avec comme objectif, la récupération deKidal, la réconciliation des Maliens, la résorption de la menace djihadiste, de l’insécurité rampante, il est clair que le spectacle qu’on nous offre aujourd’hui est lamentable. L’on se dépêche lentement dans l’implémentation, sans compter les multiples crocs en jambe et autres fourberies qui jalonnent le processus. Le temps joue contre le Mali, et plus la situation perdure, difficile sera la sortie de crise et surtout la récupération de Kidal.
Les lignes sont brouillées à tous les niveaux donnant l’impression d’un sur place ou souvent même d’une régression. Un semblant de paix où Kidal est toujours coupée du reste du Mali depuis 2012, avec des occupants qui n’ont aucunement l’intention de s’effacer, et œuvrent « intelligemment » à l’atteinte de leur objectif. Mais c’est surtout le sentiment d’abandon, de défaitisme, de manque de réalisme des dirigeants Maliens qui fait mal et n’augure rien de bon pour la suite. Si ce n’est pas de la haute trahison ça …
Malgré la signature de l’accord de paix, il est clair que les questions de fond demeurent, et pire le constat sur le terrain, la manière dont les choses se déroulent n’incitent pas à l’optimisme. La paix est très fragile et rien ne nous dit que les hostilités ne seront pas ouvertes après, quand on sait que le casKidal, contrairement à ceux que beaucoup pensent est loin d’être résolu. Il faut le dire, Kidal est toujours coupée du Mali et c’est la CMA qui l’administre aujourd’hui. C’est cela la vérité. La CMA va-t-elle accepter l’Etat Malien de rependre son dû in fine ?
Des comportements et agissements qui intriguent.
Il est évident que La CMA souffle le froid et le chaud à la fois, pour dire finalement que cette histoire d’Accord de paix ne concerne que ceux qui y croient sinon leur objectif reste et demeure la séparation qu’importe le contenu qu’on lui donnera !
Comment comprendre que pendant que les uns et les autres s’investissent pour la mise en œuvre de l’accord, la CMA en toute arrogance, se permet de célébrer le quatrième anniversaire de son pseudo « indépendance », comme d’ailleurs elle l’a toujours fait depuis 2012 ? Leur drapeau flotte jusqu’à présent à Kidal et tout le monde s’en accommode visiblement, gare à celui qui prendra le risque d’exhiber un quelconque symbole du Mali. On interdit l’Etat du Mali à Kidal sans que personne ne lève le petit doigt et cela perdure malgré la signature de l’accord de paix avec son contenu pour autant clair. On se fend de communiqués alambiqués et provocateurs en brocardant au passage l’Etat du Mali. Aucune protestation ! On s’érige en administrateur autonome de Kidal, et traite avec la MINUSMA pour toutes questions touchant Kidal au vu et su de tout le monde sans qu’on s’en émeuve. On organise gaillardement des rencontres entre groupes armés communautaires à Kidal devenue depuis fief des rebelles. L’Etat du Mali, invité comme les autres sur son propre territoire par la CMA (humiliation suprême), encaisse et se fait tout petit laissant les groupes armés prendre toutes sortes d’initiatives. Pour la CMA, nul doute, Kidal et le Mali font deux. Des gens sont manipulés à Kidal pour s’attaquer à la grande MINUSMA,him self . L’Etat du Mali méconnaissable avec tous les grands discours qu’on nous gave, se tient coït, la Communauté internationale ne bronche pas. Auréolée de tant de « victoires » à elle seule, la CMA se voit pousser des ailes et n’hésitera plus à s’en prendre à quiconque oserait se mettre sur son chemin fut elle communauté internationale. Avec tous ces éléments, dire que Kidal n’est plus pour le Mali ne saurait être un mensonge ! Réveillons-nous, sinon demain, il sera trop tard !
Il ne s’agit point de faire la guerre, d’user de la force pour remettre les choses en l’état, mais de faire en sorte, ce qui n’est pas encore le cas, que l’Etat du Mali soit respecté dans son entièreté, dans sa souveraineté, Kidal incluse dans les meilleurs délais. Ce préalable s’impose absolument et les autorités Maliennes se doivent d’être intransigeantes à ce niveau. Pour se faire respecter par les autres, il faut se respecter déjà. L’Etat du Mali doit faire preuve de responsabilité dans tous les sens du terme. Il ne doit jamais se départir de son honneur, de sa dignité et ne doit jamais faiblir quel que soit la situation. Il y a des limites à ne pas franchir. L’accord de paix a bon dos, on le brandit quand ça arrange, sinon les objectifs des uns et des autres sont très clairs. Le Mali, Etat souverain, même vaincu par la CMA, ne doit pas et ne saurait se rabaisser au même niveau qu’un simple groupe rebelle hors la loi ou pire s’aplatir honteusement. L’arme la plus efficace pour le Mali, reste le Droit à condition que les autorités Maliennes œuvrent intelligemment… le courage aussi, car n’est pas responsable qui veut !
Le cas Iyad Ag Aly.
Ennemi public n°1, recherché par les services secrets des grandes puissances Occidentales, Iyad Ag Aly continue pour autant de faire la pluie et le beau temps au nez et à la barbe des gendarmes du sahel. De qui se moque-t-on ? Veut-on réellement mettre hors d’état de nuire ce personnage, qui constitue à dire d’experts un maillon essentiel dans ce bordelmade in Sahel ? La pacification de la bande sahélo saharienne passe par la neutralisation d’Iyad Ag Aly et de son mouvement terroriste ANSAR EDDINE. C’est une donnée intangible connue de la communauté internationale. Barkhane est sur le terrain, la MINUSMA aussi, sans compter les services secrets occidentaux qui pullulent la zone. Avec tout cela Iyad Ag Aly est bien vivant et ne chôme surtout pas. On le signale tantôt en Algérie, tantôt en Mauritanie et à Kidal même. Il revendique des attentats, menace tout le monde et le terroriste n’est nullement inquiété. Toute cette hypocrisie donne à vomir ! C’est là qu’il faut comprendre qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.
Il faut le dire, le problème du nord n’est pas un problème touareg. La preuve, il y a des non Touaregs dans la CMA, et mieux ils sont nombreux, les Touaregs qui ne sont pas avec ces gens et aspirent plutôt à la paix et à l’unité dans un Mali pluriel. Il s’agit ni plus ni moins d’une minorité qui a décidé de vivre du business de la rébellion, du terrorisme et visiblement ça leur réussit bien. D’ailleurs, la métastase se répand, le pays s’embrase avec des foyers de tension un peu partout. Le cas du centre du Mali inquiète. La région de Mopti, point névralgique, et stratégique entre le Nord et le Sud du pays n’est pas en reste. Une situation dangereuse, qui fait oublier Kidal désormais tombée dans l’escarcelle de la CMA, à l’abri des « soubresauts », alors que les armes crépitent dans le centre du Mali amenant l’Etat Malien à parer au plus pressé. Et si tout cela était une diversion soigneusement mise en branle pour la cause des séparatistes de la CMA ?
Que Dieu préserve le MALI !
Makan DIALLO
Docteur en Droit Privé
Avocat inscrit aux Barreaux de Paris et du Mali
Source: Autre presse