Le conseil de sécurité des Nations unies a adopté, ce mercredi 29 juin 2022, le renouvellement du mandat de la Minusma. Pour la première fois depuis dix ans, un double tabou violé : le Conseil n’a pu afficher l’habituelle unanimité des missions de paix et la voix du Mali a retenti comme un gong pour dire Non. Et pour cause ?
Créée le 25 avril 2013 avec pour mission de « stabiliser les principales agglomérations, en particulier dans le nord du pays, et, dans ce contexte, écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones », de contribuer au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays et d’aider les autorités maliennes à étendre et rétablir l’administration de l’État dans tout le pays, le Minusma est devenu au fil des ans une Force qualifiée d’inerte, statique, partiale et aujourd’hui en voie de subversion.
Outre qu’elle n’est plus une force combattante, New-York ayant décidé qu’il revient au Mali de défendre sa souveraineté et de protéger ses populations, la Minusma perd ainsi l’une de ses missions essentielles au Mali. En se donnant comme priorité des priorités de veiller à l’application de l’Accord pour la paix, l’essentiel du mandat de la Minusma sera-t-il désormais de vadrouiller et de rendre compte des violations des droits de l’homme imputables aux FAMa ? Il ne s’agit plus d’aider et d’appuyer le Mali, mais de coincer et de dénoncer le Mali, au nom d’une prétendue défense des droits de l’homme.
Parce que le premier droit fondamental pour un être humain, c’est le droit à la vie, donc à la sécurité. Alors en s’accrochant à la notion du respect des droits de l’homme, la Minusma ne devait pas diminuer son attention de la protection de la population civile.
Justement, le renouvellement de ce mandat est l’occasion pour le conseil de sécurité d’arrêter de divertir en adoptant un mandat offensif de la Minusma dans la croisade contre le terrorisme. C’est l’un des meilleurs services que le conseil de sécurité rendrait au Mali au lieu d’assister impuissant aux tueries des dizaines et voire de centaines de morts parmi les civils et pour ensuite ouvrir des enquêtes après le drame.
Ainsi, le nouveau mandat de la Minusma, qui est censé renforcer le respect des droits de l’homme, tape à côté s’il n’intègre pas suffisamment la protection des civils comme souhaités par les autorités maliennes de la Transition.
Alors quels droits de l’homme la Minusma veut-elle protéger ? Les droits de ces hommes et de ces femmes que la sécurité et la protection est le cadet de ses soucis ? Dans la nouvelle résolution renouvelant le mandat de la Minusma, le conseil de sécurité n’a-t-il pas insisté « sur le fait que c’est avant tout aux autorités maliennes qu’il incombe d’assurer la stabilité, la sécurité et la protection des civils sur l’ensemble du territoire malien, exhortant les autorités maliennes à poursuivre les efforts qu’elles consentent pour s’acquitter de leurs obligations à cet égard » ? Quelle est cette vertueuse hypocrisie qui veut qu’on défende les droits des gens qu’on ne veut assurer ni la sécurité ni la protection ? Pour qu’elles aient des droits à défendre encore faudrait-il qu’elle vivent, qu’elles soient protégées et sécurisées.
Compréhensible que sous ces auspices, le Mali se réaffirme et dit non à des puissances étrangères et avant de s’opposer à toute instrumentalisation des droits de l’homme à des fins subversives contre l’unité et la cohésion de notre pays. Une opposition soutenue par la Russie et la Chine qui portent le glaive contre l’impartialité et l’inégalité déguisées des Nations unies, à travers son conseil de sécurité, au détriment du Mali.
Que le Conseil de sécurité soufre que les autorités maliennes désapprouvent et expriment son ras-le-bol à la promenade de santé et parfois au tourisme des Casques bleus déployés chez nous dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin