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La traque et l’assaut contre l’artificier de Terrasse et qui il était

Les deux rues sur lesquelles donne « Prison Break » sont de nouveau ouvertes aux voitures après avoir été bloquées vendredi par les forces de l’ordre. Prison Break, en raison des nombreuses nationalités qui louent cet immeuble de 2 étages à la façade inachevée, c’est le surnom donné par les jeunes du voisinage au bâtiment où Mohamed Tanirou Cissé, a été tué la nuit du vendredi dans l’assaut des forces spéciales maliennes.

Lendemain d’assaut

Dans l’immeuble,  plus de soixante impacts de balles et d’éclats de grenade sur les portes, la fenêtre,  les quatre murs et le toit de la chambre. Trace d’explosion dans la toilette. Le suspect a voulu s’échapper  du bâtiment par une issue dans la toilette plus haut. Cette sortie était quadrillée, selon nos sources. Une entaille dans un mur de la chambre :  le terroriste l’aurait fait pour tenter de  fuir.  Il occupait cette chambre depuis moins de trois semaines selon le témoignage du  propriétaire du bâtiment,  auditionné tôt vendredi au Camp 1 de la gendarmerie.

Témoins peu diserts

K.T. habite le bâtiment depuis plus de deux ans. Il était dans sa chambre quand l’assaut a été lancé. Il dit qu’aux premières détonations, il s’est rhabillé et a quitté le bâtiment par la porte qui donnait sur l’autre rue. C’est ce qu’il jure !

Quant à Y.D : « j’ai déjà fait ma déposition à la police, je ne dirai plus rien parce que je suis exposé. Les terroristes ont vu mon visage. Désolé, je vous aurai aidé sinon ».

S.K. est plus coopératif : Je suis rentré à la maison vers 22 heures je pense. Les policiers ont frappé à ma porte vers  minuit trente. Je regardais mon film au niveau du balcon. J’ai entendu du bruit sur ma porte, je me suis levé et j’ai trouvé des armes braqués sur moi. Et ils m’ont demandé de me mettre à terre. J’ai exécuté tout simplement. Ils m’ont dit qu’ils étaient des forces spéciales et qu’ils étaient là pour chercher un individu. Ils ont ensuite obtenu que je donne mon identité.  Ils m’ont dit que ce n’était pas moi qu’ils cherchaient. Donc ils m’ont dit de me mettre à couvert face au mur pour me protéger. Juste après, j’ai entendu des détonations. Je pense qu’ils avaient des armes automatiques. Ce n’était pas des kalachs. C’était d’un niveau plus moderne. Est-ce que le suspect a lancé une grenade ici ? Je n’en ai aucune idée parce que je me trouvais au deuxième étage. Mais en tout cas j’ai entendu un bruit qui  ressemblait à une résonance de grenade.

M.S. habite dans la rue : « Quand ils – les policiers- sont venus, j’étais assis devant la porte. Automatiquement je suis rentré dans la cour de la maison. J’ai entendu les agents demander avec insistance « ouvrez la porte ». J’ai ensuite le bruit d’une explosion. Les agents disaient que c’est une grenade. Ensuite, il y a eu des coups de feu. Je pense que j’ai vu  après trois agents blessés.

L’assaut

Comment il a été préparé : l’immeuble était sous surveillance discrète par la Dgse, avons-nous appris. Dans la journée du jeudi, le secteur, pas le quartier, a connu des interruptions de courant : une heure, deux heures au début. En fin d’après-midi, le courant était coupé jusque vers 22h. Une dizaine de véhicules ont été nécessaires. Sur le lieu, on pouvait distinguer des éléments, semble t-il de la Dgse en civil, de la Brigade Spéciale d’Investigation, de la Brigade Anti-Criminelle, des forces spéciales. En tout, une bonne quarantaine d’hommes.

Vers 23h jeudi : des mouvements de policiers s’intensifient dans la rue. Certains portent des cagoules et d’autres pas.  Ils bouclent le secteur et prennent position. Personne ne peut plus passer dans la rue.

0H 42: Des détonations se font entendre de temps en temps : bruits d’explosion de grenades suivies de rafales tirées par des éléments des forces spéciales encagoulées et en gilet noir. Ils s’engouffrent en toute vitesse dans l’immeuble.

Vers  2h : les coups de feu avaient cessé. Les Forces spéciales repartent. Seuls restent les policiers autour de l’immeuble et dans la rue.

Vendredi toute la journée : les forces de sécurité bouclent tout le secteur.

 

 

Comment ont-ils su ?

Une enquête ne donne jamais tous ses secrets, assurent certains des sécuritaires qui étaient sur ce dossier. Mais beaucoup d’indices avaient parlé, se contentent t-ils de dire. D’abord, les portraits robots obtenus par la reconstitution des événements de la Terrasse et de l’interrogatoire des témoins-clés. Ces portraits auraient permis d’établir la ressemblance entre le suspect de Prison Break et l’homme à la Jakarta qui, vendredi 7 mars, a lancé des grenades sur la Rue Princesse.  Nous n’avons pas pu savoir comment le suspect a été localisé. Ce qui est sûr, selon le boutiquier du coin, c’est qu’il ne parle ni français ni bambara. Pour prendre de l’eau, du yaourt, il indiquait les produits. Il connaissait le mot « crédit » pour désigner les cartes de rechange téléphoniques. Le suspect a dû être suivi dans tous ses mouvements et ses contacts depuis un moment. Il ne sortait du bâtiment que la nuit et il lui est arrivé, de rares fois, de descendre de son étage pour s’asseoir dans la rue en face du bâtiment. Donc le jour de l’assaut, les forces de l’ordre savaient qu’il était là et avec qui.

Et son identité ?

Les munitions trouvées, les grenades sur les lieux indiquent que Mohamed Tanirou Cissé n’était pas un enfant de chœur. A-t-il agi sous sa vraie identité ? Qu’il vienne de Mudakane serait en tout cas étonnant, selon des sources interrogées sur place. « Le seul Tanirou connu ici est Tanirou Kounta » nous a indiqué un sage  de Bourem. Alors si le défunt pensionnaire de Prison Break n’est pas inconnu au bataillon jihadiste, les notables locaux  ne se souviennent pas de lui. Ahmed Elkori, le directeur du journal Nour de Tombouctou a eu plus de chance que nous : ses informateurs indiquent que Cissé un moment donné pour peul ou maure serait un Kel Tamasheq de la fraction des Ibogholitane.

 

Source: autre presse

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