Face à la volonté de la junte militaire de monopoliser les organes de la transition, plus de sept grands regroupements de partis politiques, rejoints par les syndicats, appellent à ne pas participer au Conseil National de la Transition ; mais aussi, à la formation d’un front commun contre « une entrave à la démocratie et un danger pour l’avenir du pays ».
« Les partis et regroupements politiques appellent le peuple malien à la vigilance pour éviter tout dérapage de la transition ».
A l’issue de leur réunion, tenue le 12 novembre dernier, à l’hôtel de l’Amitié, les représentants de sept grands regroupements de partis politiques, rejoints par les syndicats, appellent le peuple malien à la rescousse, face aux dérapages de la junte militaire au pouvoir.
Très remontés contre les autorités de la Transition, partis politiques, syndicats et société civile décident de boycotter le Conseil National de Transition censé jouer le rôle d’organe législatif.
Une entrave à la démocratie
Réunis le 12 novembre dernier, à l’hôtel de l’Amitié, les représentants des partis et regroupements politiques ont procédé à une analyse approfondie des conditions de participation de la classe politique au Conseil National de Transition (CNT).
A l’issue de leurs échanges, ils refusent de siéger au Conseil National de Transition.
A l’origine de cette décision, la clé de répartition et les modalités de désignation des membres du Conseil National de Transition. Le décret du 09 novembre 2020, fixant la clé de répartition du Conseil National de Transition (CNT), attribuant au vice-président de la Transition les prérogatives de recevoir les candidatures et après examen, d’en arrêter la liste des membres du CNT.
Mieux, ce décret fixe les candidatures de la junte militaire à 22 ; tandis que celles des partis politiques sont jugées dérisoires. Plus grave encore, aucun critère, ni principe n’a été évoqué par les autorités de la Transition pour justifier les quotas fixés. D’où la colère des partis et regroupements politiques, estimant que la fixation des quotas a été effectuée, sans consultation de la classe politique.
Résultat : 17 préavis de grève, dont cinq en cours d’exécution, ont été déposés sur le bureau du gouvernement de transition.
Un danger pour l’avenir du pays
Ces partis politiques et centrales syndicales dénoncent le « manque de concertation », qui devrait, selon eux, être le préalable à la mise en place du CNT.
A l’issue de leur point de presse du mercredi 11 novembre, les leaders du M5-RFP, le Mouvement de contestation à l’origine de la chute d’IBK, dénoncent une « militarisation des institutions et une négligence envers les partis et mouvements politiques ».
Même tonalité de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM). Le même jour, juste après la déclaration du M5-RFP, elle renonce au quota qui lui est attribué au sein du CNT.
De leur côté, le COFOP et le parti YELEMA dénoncent une entrave à la démocratie et un danger pour l’avenir du pays ».
Face à ce front commun des partis et regroupements politiques et des syndicats, les autorités de la Transition modifieront-elles les deux décrets relatifs à la clé de répartition et des modalités de désignation des membres du CNT ?
Une certitude : au rythme où vont les choses, la Transition sortira malmenée de ce bras de fer, dont nul ne peut prévoir la suite.
Oumar Babi /Canarddechaine.com