Dans une pétition adressée à Trafigura, Public Eye et ses partenaires africains demandent au géant genevois de s’engager à ne vendre que des carburants conformes au standard européen partout dans le monde. Des sociétés de négoce suisses sont accusées d’exporter en Afrique des carburants toxiques par l’Ong Public Eye, anciennement connue sous le nom de Déclaration de Berne. Public Eye, dont le siège est à Lausanne, a publié le jeudi 15 septembre, un rapport de 160 pages dénonçant la vente en Afrique de carburant à haute teneur en soufre par ces sociétés suisses.
Selon l’Ong, les sociétés Vitol, Trafigura et Addax et Oryx « profitent » de la faiblesse des normes légales africaines pour y vendre des carburants de mauvaise qualité et « réaliser des profits au détriment de la santé de la population africaine ».
« Dirty Diesel »
Ce rapport, intitulé « Dirty Diesel », est le résultat de 3 ans d’enquête selon Public Eye, pour qui, « les négociants suisses inondent l’Afrique de carburants toxiques ».
Maximum de concentration détecté au Mali… à Addax et Oryx
Certaines de ces sociétés ont acquis d’importants réseaux de stations-service en Afrique où ces carburants sont vendus. Public Eye a prélevé des échantillons à la pompe dans 8 pays (Angola, Bénin, Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Sénégal et Zambie) et découvert que la teneur en soufre des carburants est jusqu’à 378 fois supérieure à la teneur autorisée en Europe. Le maximum de concentration a été détecté au Mali, dans une station de pompage d’Addax et Oryx.
Substances nocives dans ‘’la qualité africaine’’
Ces carburants, ajoute Public Eye, contiennent en outre d’autres substances nocives telles que le benzène à des « niveaux généralement interdits par les normes européennes ». Public Eye ajoute que les négociants suisses fabriquent ces carburants en mélangeant divers produits pétroliers semi-finis à d’autres substances afin de créer ce que l’industrie appelle « la qualité africaine ». Ces carburants très polluants sont principalement produits aux Pays-Bas et en Belgique, dans la zone ARA (Amsterdam, Rotterdam et Anvers).
Source : publiceye.ch
Suspension de Transit des hydrocarbures vers le Mali : Les explications des autorités nigériennes
La suspension d’autorisation de transit des produits pétroliers vers certains pays dont le Mali par le gouvernement du Niger n’est pas une mesure de représailles contre qui que ce soit, mais plutôt des actions visant à lutter contre la fraude douanière. Les explications du ministre nigérien des Finances Dr Ahmat Jidoud et de son collègue de l’Elevage, porte-parole du gouvernement, Tidjani Idrissa Abdoul Kadri.
Le gouvernement du Niger à travers son porte-parole, ministre de l’Elevage, Tidjani Idrissa Abdoul Kadri, a publié un communiqué, le 27 septembre dans lequel il souligne que «cette mesure de suspension ne concerne pas les exportations des produits pétroliers raffinés au Niger qui continuent d’être exportés vers le Mali». «Il faut souligner que le gouvernement du Niger informe l’opinion nationale et internationale que, contrairement à une opinion véhiculée par les réseaux sociaux, cette mesure antérieure à la déclaration du Premier Ministre par intérim à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations unies n’a rien à voir avec celle-ci. La déclaration en question n’a donné lieu et ne saurait donner lieu à une quelconque réaction de la part du Gouvernement du Niger ».
En effet, la publication d’une note du Directeur général des Douanes du Niger portant suspension d’autorisation de transit de produits pétroliers en provenance du Nigeria vers le Mali a donné, le 26 septembre, lieu à toutes sortes d’interprétations sur les réseaux sociaux.
Pour le ministre des Finances de la République du Niger, il est important de rappeler les faits. « Il s’agit, en effet, d’une décision que nous avons prise qu’il y a quelques semaines de cela qui est liée particulièrement à cinq autorisations que j’ai signées personnellement…. Ce sont des autorisations que nous signons de manière routinière.», a-t-il expliqué.
Ainsi, le 12 août dernier, il a signé des autorisations spéciales de transit de produits pétroliers. La Société Anas Petrol Gaz Limited, l’Alliance Pétrolium, la Société Shl Sarlu, avaient chacune eu l’autorisation pour acheminer 5 000 000 de litres de super au Mali en provenance du Nigeria. La Société Socotra avait eu une autorisation spéciale pour acheminer, au compte de la Minusma, 4 500 000 litres d’essence super en provenance du Nigéria. La Société Bacif Pétrolium Mali a été autorisée à acheminer au compte de la Minusma les produits pétroliers suivants : 20.000 m3 de Jet A1 et 50.000 m3 d’essence super.
Dr Ahmat Jidoud, est encore plus explicite. «Deux semaines après, j’étais en vacances. J’étais interpellé par la Sonidep qui se plaignait du fait que les autorisations que nous avons accordées compromettent la santé financière de la Sonidep, parce qu’il y avait des reversements qui étaient repérés, … en particulier l’essence qui était censé transiter du Nigéria vers le Mali en passant par le Niger reversé sur le territoire nigérien à raison du différentiel du prix parce que l’essence coûte moins cher au Nigéria qu’au Niger», a confié le locataire de l’hôtel des Finances à la presse.
«Après analyse et avec vidéo à l’appui, la Sonidep m’avait convaincu effectivement de cette fraude. C’est sur cette base que j’ai demandé à l’administration douanière de suspendre. La douane m’a soumis les cinq lettres de suspension associées à chacune des cinq autorisations que j’ai suspendues le 9 septembre. Mais à la suite de cette décision, j’ai demandé au Directeur général de prendre une note pour notifier cette décision aux unités douanières qui sont aux frontières tant qu’à l’entrée et à la sortie. »
Des produits pétroliers raffinés au Niger continuent d’être exportés vers le Mali
Il donne plus de détails. « Il s’est trouvé qu’à la prise de ma décision de suspension le 9 septembre, nous avions déjà un contingent important de citernes à l’entrée du pays qui est lié bien sûr aux autorisations que nous avions accordées. Il me paraissait injuste de dire que nous suspendons et que les camions doivent repartir et j’ai demandé à la Direction générale de douane de prendre les dispositions pour les escorter jusqu’à la sortie des frontières. A la suite de ça, une fois que nous allons expirer ces stocks qui étaient déjà aux frontières, nous prenons la Circulaire pour interdire l’entrée et la sortie de transit des hydrocarbures vers le Mali. C’est le 21 septembre que le Directeur général de la douane a pris la Circulaire sur la base de la mesure suspensive déjà prise le 9 septembre. Vous voyez donc qu’il y a eu une coïncidence hasardeuse du calendrier que certains ont essayé d’interpréter comme étant une sorte de mesure de représailles à l’endroit du peuple malien. Donc, ça n’a rien à voir avec ce qui s’est passé le 24 septembre à la tribune des Nations unies. Je pense qu’il faut éviter d’entrer dans une polémique inutile. Les gens devraient demander les vraies informations à la source ».
CD