2015, les usagers de la Route Nationale 9-(RN9), route reliant le Mali à la Guinée Conakry, ont tué 6 personnes dont 3 fillettes. Une dizaine de personnes invalides, donc incapables de travailler-et de vivre correctement comme de personnes bien portantes. Malgré ces drames, les autorités ne portent la moindre considération à ce village historique. Très remontée, la population interpelle le Président IBK.
«Nous souffrons énormément. La route ne nous a apporté que de la souffrance. Malgré le nombre élevé de nos morts, les autorités restent sourdes à nos appels incessants. Même pas la moindre condoléance. Trop, c’est trop !», fulmine Falaye Kéïta, notable de Kamalé. Ce petit village malien sur la RN9 à seulement 45 Kilomètres de Bamako se sent abandonné par les autorités actuelles. En fait, la population ne demande à l’Etat que de ralentisseurs ou dos d’âmes communément appelés « gendarmes couchés». Un moyen de réduire le risque d’accidents pour une population qui ne finit pas de pleurer ses morts. A notre passage le 8 avril dernier, la population en grande majorité des femmes avait non, sans se rendre justice, mais plutôt donner le ton sous l’effet de la colère. La voie était barricadée par des pneus, cailloux et troncs d’arbre, faisant une interminable succession de virages sur la route. Comme pour obliger les usagers à ralentir en traversant le village. A défaut d’un poste de Gendarmerie, Kamalé ne sollicite des autorités que seulement 6 ralentisseurs tout le long du village comme à Kandadjiguila, Chef lieu de Commune. Mais diable ! Depuis bientôt deux (2), les différentes lettres formulées par le village à l’endroit du Président de la République traînent on ne sait où. A la Mairie de Ouenzindougou ? Difficile de répondre.
A l’origine des récents événements qui ont fait déborder le vase, la collusion entre une Mercedes et un Tracteur intervenue le 06 avril 2015. Ne voulant plus de morts et n’ayant pas pu contenir sa colère, la population a décidé d’obstruer la circulation en attendant l’arrivée des plus hautes autorités, les appels au calme du Maire de la Commune du Mandé Mamourou Balla Kéïta étant restés vains.
En tous les cas, la route était sous haute surveillance des villageois jusqu’au moment où nous mettions sous presse ce reportage. Kamalé Soba et Kamalé Kakélé, les deux secteurs du village se sont donné la main pour réduire le risque d’accidents de circulation qui tuent comme à la roquette la population locale.
«L’un des drames le plus marquant, est le décès de trois fillettes à la fois alors qu’elles se rendaient en brousse. Les autorités n’ont même pas daigné présenter des condoléances», relate avec amertume un vieux Kéïta tracassé au milieu des siens.
Ce cri de détresse du 1er Conseiller au Chef de village, Lassana Kéïta en dit long sur la colère de la population de Kamalé : «Nous avons accueilli en son temps la route avec joie. Mais sommes-nous mécontents parce qu’il y a eu trop d’accidents-et l’Etat nous ignore complètement alors que nous n’avons pas les ressources financières nécessaires pour faire des ralentisseurs. Ce sont les petits fils du Président Kéïta qui sont tués chaque jour sur la route».
Bandiougou Kéïta, le plus malheureux du village pour avoir perdu deux de ses progénitures lance lui aussi un appel au Président IBK : «On a tué mes deux (2) filles sur cette route. Nous voulons désormais une voie beaucoup plus sécurisée».
«Nous avons tous voté IBK ici avec 100% de voix et sollicitons son implication personnelle pour que Kamalé bénéficie des ralentisseurs tant à l’entrée qu’à la sortie du village. Car, se sont ses petits enfants qui sont en train d’être tués dans des accidents qui pourtant, peuvent être évités si des précautions idoines sont prises», renchérit Fakanda Kéïta, ressortissant de Kamalé domicilié à Bamako Hamdallaye . Un fils du terroir qui se soucie beaucoup plus du développement de sa localité. Et le Chef de village Gangon Kéïta d’exhorter les autres ressortissants de Kamalé à emboiter le pas à Fakanda Kéïta dont les actions salvatrices redonnent chaque jour espoir au village de Kamalé. Ce, avant de rendre un hommage mérité à la Brigade Territoriale de Bamako qui intervient chaque fois à Kamalé avec promptitude.
Outre le Président IBK, le ministre des Transports et son homologue de la sécurité intérieure sont interpellés pour arrêter au plus vite cette hémorragie. Un petit geste suffit Monsieur le Président pour redonner espoir à tout un village meurtri.
Boubacar KANTE,
Envoyé Spécial
source : Le Progrès