L’intérêt que vous, les cercles du pouvoirs et les médias d’Etat ont accordé à la posture des bras, des mains et des yeux du président en exercice de la Coordination des Mouvements de l’Azawad lors d’un diner ou vous étiez tous les deux invités, me surprend, m’interroge et m’oblige à une réaction tout à fait naturelle. Je vous garantie aussi que chaque fois que la CMA, ses responsables et de surcroit son président feront l’objet de vos attaques, vous aurez de nos nouvelles sans attendre!
Depuis votre surprenante nomination au poste de ministre des affaires étrangères à la faveur d’un virage opéré à 90 degrés vous menant du statut d’opposant le plus farouche au flatteur le plus habile du pouvoir actuel, l’opinion de l’Azawad vous attendait plus en termes d’actions urgentes pour accélérer la mise en oeuvre de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger que sur des déclarations inappropriées à l’encontre d’un des acteurs clé et incontournable du processus de paix.
Vous reprochez à monsieur Brahim Ould Sidatt, président en exercice de la CMA d’avoir croisé les bras de façon désintéressée et de s’être levé en retard au moment où le chant du Mali était entonné!
Monsieur le ministre des affaires étrangères, depuis quand le degré de patriotisme d’un homme, son respect de l’intégrité et du caractère laïc de l’Etat se mesurent-ils à la vitesse par laquelle il se lève ou par la tenue de ses bras au moment ou s’entonne un hymne national?
Vous parler de l’accord ?
N’êtes vous pas le premier dans un passé très récent où vous ne juriez que par le départ de IBK, à promettre à vos militants que l’accord devrait être déchiré et refait à zéro?
Monsieur le ministre, pendant que vous menaciez au cours de vos meeting dans l’opposition, de déchirer cet accord et de renverser les institutions de la République, Monsieur Ould Sidatt, justement dans un respect total de ces mêmes institutions, se battait bec et ongle à le sauver au prix d’inestimables efforts voire des sacrifices à travers les différentes cessions du Comité de Suivi de l’Accord.
Son excellence Pierre Buyoya, le représentant spécial de l’Union Africaine en vous invitant pour la commémoration du 56ème anniversaire de la journée de l’Afrique, inscrit son action dans le cadre des efforts de son organisation à aider au retour de la paix et la réconciliation au Mali et a tenu à ce que les femmes et les hommes engagés dans cette dynamique soient présents. L’Afrique de Buyoya comme la notre est une Afrique qui intègre toutes ses composantes et s’enrichit de toute sa diversité, celle de Tieblé Dramé quant à elle stigmatise tout ce qui ne lui ressemble pas et appelle à la vindicte populaire!J’imagine alors la déception de Mr Buyoya quand son invité de marque s’est embarqué dans des invectives inappropriées aux allures d’un populisme à peine voilé, savamment orienté contre un autre invité de marque.
Je vous rappelle par ailleurs que Les hymnes, les statuts, les symboles, les institutions sont justement les aspects qui constituent le continue de l’accord et font l’objet d’un débat pas encore définitivement réglé car devant être revus dans la future organisation politique et institutionnelle du pays.
Monsieur le ministre, je me permet enfin en attendant votre prochaine sortie que j’espère en adéquation avec les attentes du peuple, de vous dire que vous avez manqué pour une fois la meilleure occasion de vous taire.
Cordialement
Je vous salue en espérant que vous n’allez pas m’imaginer assis ou les bras croisés.
Mossa Ag Attaher
Cadre de l’Azawad.