LUTTE CONTRE LA PRÉCARITÉ MENSTRUELLE
Aminata Simpara propose une solution écologique et peu coûteuse
La précarité menstruelle s’explique par le fait qu’une femme soit en manque de moyens de se procurer des protections hygiéniques. De part de monde, plusieurs millions de personnes font face à ce terrible problème. Dans l’objectif de pallier les effets de ce phénomène au Mali, Aminata Simpara, jeune entrepreneure, a mis en place une initiative de confection de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables. La jeune promotrice est de ceux qui pensent que « l’entreprenariat ne se limite pas au simple fait de vendre des produits ; son objectif premier est de résoudre un problème. »
Les Echos : Parlez-nous brièvement de votre initiative et de ses objectifs
Aminata Simpara : Nous sommes une entreprise de confection de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables. Cela, avec une durée de vie de 2 ans minimum. Nous sommes une équipe majoritairement constituée de femmes. Notre objectif est de lutter contre la précarité menstruelle.
Les serviettes jetables ne sont pas à la portée de toutes les femmes, surtout les plus vulnérables. En revanche, les serviettes que nous proposons, constituent une solution durable qui vient en alternative aux protections hygiéniques jetables. Nous sommes là pour aider les femmes en difficulté ou en manque de moyens à avoir accès à des services de protection hygiénique. Ces serviettes, au-delà de leur aspect économique, réduisent considérablement le nombre de déchets plastiques générés par les protections classiques. Ainsi, s’offrent aux femmes des protections sûres, économiques et écologiques. Nous faisons également des activités de sensibilisation et des campagnes de donation.
Les Echos : Qu’est-ce qui vous a motivée à initier ce projet ?
AS : La source de motivation est évidente. La précarité menstruelle est un problème de grande envergure et plusieurs femmes y font face. Je suis une jeune engagée pour l’autonomisation des femmes. Or, l’autonomisation d’une femme commence au moment où elle se sent bien dans sa peau. Avoir accès à des protections périodiques est un grand pas vers cette émancipation des femmes. Une femme en situation de pauvreté menstruelle ne peut pas s’assumer ni s’affirmer. D’où mon initiative consistant à aider les femmes en cette matière.
Les Echos : Comment vos serviettes sont-elles fabriquées ?
AS : Nos serviettes sont fabriquées à base de tissu constitué de 100% de coton. Le tissu est hyper absorbant et contient une membrane imperméable décorative. Nous le faisons dans le respect intégral de l’intimité des femmes.
Les Echos : Qu’avez-vous à dire aux femmes maliennes sur le port des serviettes hygiéniques ?
AS : Toutes les femmes sont libres de porter les protections qu’elles veulent. Par contre, les serviettes réutilisables offrent beaucoup plus d’avantages. Elles sont à base de tissu coton et ne contiennent aucune substance chimique qui peut causer des maladies comme l’endométriose. L’endométriose est une maladie gynécologique fréquente qui touche près de 10% des femmes. Ces serviettes protègent également contre le syndrome de choc toxique. Elles sont économiques, les femmes n’ont plus besoin d’acheter des protections tous les mois. De même, elles sont écologiques parce qu’elles sont réutilisables et biodégradables. Elles s’opposent aux protections à usage unique qui polluent l’environnement.
Les Echos : Votre projet contribue sans doute au développement de l’entreprenariat jeune au Mali. Quel message avez-vous à adresser à la jeunesse malienne ?
AS : Je dirais tout simplement que l’entreprenariat ne se limite pas au simple fait de vendre des produits. Son objectif premier est de résoudre un problème. Nous nous devons en tant que jeunes maliens d’avoir des idées créatives. Ne soyons pas bloqués par la peur de nous lancer. A travers des initiatives entrepreneuriales, nous pouvons chacun, contribuer à l’évolution de ce pays sur plusieurs plans.
Propos recueillis par Fatoumata Boba Doumbia
Source: lesechosmali