Le véritable enjeu du moment n’est pas de convaincre les Maliens d’aller remplir le stade du 26 Mars le vendredi prochain ou d’aller voter en faveur du ”OUI” le dimanche prochain mais de nous convaincre en quoi la nouvelle constitution par rapport à celle de 92 permet au Mali et aux Maliens de tirer le maximum de profits des immenses ressources naturelles et minières dont regorgent le sol et le sous-sol du pays. Aujourd’hui, tous les pays industrialisés puissants de la Planète terre sont au Mali pour leurs intérêts sous le label de la lutte contre le ”terrorisme” et non pour aider les Maliens.
Autrement dit tout le monde est en train de gagner dans cette guerre sauf nous les Maliens. Au lieu de faire de cette crise une opportunité de changer radicalement de système de gouvernance, nous sommes en train de nous donner encore une constitution qui demeure floue sur la manière dont les richesses du pays doivent être désormais gérées ou cédées aux industriels étrangers qu’ils soient chinois, français ou russes.
En guise d’illustration, pour l’extraction du Lithium de Bougouni, est-ce que les autorités de la Transition sous le magistère du ”patriote” Col. Assimi Goita ont fait un bon deal qui permettra au Mali de bien profiter de cette matière première stratégique indispensable à la modernité ? Absolument Non! Pourtant dans la nouvelle constitution il est envisagé de renforcer les pouvoirs d’un Président qui n’est pas capable de défendre les intérêts du Mali face aux industriels étrangers prédateurs. Hélas !
Revenons au deal fait pour exploiter le Lithium de Goulamina:
A première vue lorsqu’on additionne les différents éléments qui sont :
1) Etat actionnaire, 20% de dividende
2) 6% de redevance sur la production,
3) 35% d’impôts sur le bénéfice commercial d’exploitation,
4) 0,25 d’impôts foncier indexé sur le chiffre d’affaires
nous obtenons un total d’un peu plus de 61%. « Pas mal diront certains »! Cependant ça serait trop facile de se limiter à cette simple analyse.
En effet, dans l’étude de faisabilité de la mine de Goulamina publié par l’entreprise australienne Firefinch, il en ressort beaucoup plus de détails qui ont attiré encore plus notre attention sur ce dossier.
Comme par exemple la quantité estimative minimum de Lithium qui puisse être extraite du site durant toute son existence (21 ans extensible) pour 1 570 000 de tonnes de Lithium.
Le Directeur de l’entreprise Leo Lithium affirme que la mine en question durant sa première phase pourra extraire 500 000 tonnes de spodumène de Lithium par an avant de passer à 800 000 durant la seconde phase.
Le prix moyen du spodumène de Lithium étant de 666 dollars (380 000 FCFA) selon le même document, alors que le prix de la tonne de l’hydroxyde de Lithium est à plus 78 000 dollars actuellement (44 millions FCFA).
La valeur annuelle du spodumène de Lithium qui puisse être produite par an est à environ 450 millions de dollars tandis que celui de l’hydroxyde de Lithium qui puisse également en être produite se lève à plus de 3 milliards de dollars par an (plus de 1600 milliards FCFA).
Comment ?
C’est comme si quelqu’un achète un bidon de 20L remplie d’eau normal à 100 FCFA puis viens ajouter certains désinfectant pour mieux assainir l’eau puis remplis 20 bidons d’eau minérale pour vendre chaque bidon à 350 FCFA ou 400 FCFA.
Au même moment le prix d’une batterie électrique est à environs 9 000 dollars d’après le site « ornikar » qui ne demande qu’environs 5 KG de Lithium.
Vouloir simplement extraire du spodumène alors que nous avons la possibilité d’en extraire également de l’hydroxyde de Lithium sans oublier la production de batterie électrique est une erreur d’affaire très grave.
Sans noter que le prix de la tonne de l’hydroxyde de Lithium va atteindre les 90 000 dollars d’ici 2024 d’après les experts du Crédit Suisse.
Conclusion : Malgré les données simple qui disent que l’État recevra plus de 60% de l’extraction du spodumène de Lithium alors que la valeur ajoutée n’y est pas et nous perdons beaucoup en négligeant cet aspect.
Ce qui devrait être préconisé dans la nouvelle constitution c’est la transformation systémique de toutes nos matières premières sur place, aucune exportation à l’état brute desdites matières ne devrait avoir lieu. Sans cela même si nous prenons même plus de 90% du spodumène, cela ne servirait absolument à rien à part des dégâts écologiques.
Malheureusement les mêmes prédateurs locaux sont associés à des prédateurs étrangers pour organiser le pillage du Mali en dotant le Pays d’une constitution qui fait du Président de la République un Empereur à l’image de Kankou Moussa. Une stratégie de nous maintenir encore dans la servitude en finançant à coût de milliards l’élection à la présidence de la République d’un homme corrompu ou corruptible qui n’aura d’autre agenda que d’obéir aux desiderata des patrons industriels et autres opérateurs économiques.