Fin de mission pour la délégation Cédéao, dépêchée en Guinée après le coup d’État militaire qui a renversé Alpha Condé dimanche dernier. Les ministres des Affaires étrangères du Ghana, du Togo, du Burkina Faso et du Nigeria ont quitté Conakty ce vendredi soir. Ils ont rencontré le colonel Mamady Doumbouya, à la tête du Comité national de redressement et de développement qui a pris le pouvoir. Comme elle le demandait, la délégation a pu voir Alpha Condé.
Il « va très bien » assurent plusieurs membres de la délégation qui l’ont vu cet après-midi, qui ont discuté avec lui au quartier général des forces spéciales à Conakry. C’était la priorité de cette mission : s’assurer de la santé et des conditions de vie du président déchu arrêté dimanche. À la sortie du camp du CNRD ultra-sécurisé et survolé par un drone, Jean-Claude Kassi Brou, président de la commission de la Cédéao, a fait une très brève déclaration
« Nous avons eu des rencontres avec le Comité national de redressement, avec le Comité national de redressement avec à sa tête bien sûr le colonel Mamady Doumbouya. Nous avons eu des échanges très positifs et nous avons eu également la possibilité de rencontrer l’ancien président Alpha Condé, donc nous avons également échangé avec lui. Nous allons rendre compte aux chefs d’État des résultats de nos échanges. »
Alors sur l’avenir d’Alpha Condé maintenant, sur une éventuelle libération, « des discussions ont été engagées », indique la secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères guinéen qui assure l’intérim mais « le principe est acquis » a affirmé Fanta Cissé à l’aéroport entourée de responsables militaires. Elle tire un bilan « très positif » de ces échanges.
Ces rencontres ont commencé en fin de matinée dans un grand hôtel de Conakry. Des discussions d’abord menées côté CNRD par le colonel de gendarmerie Balla Samoura, rejoint dans un second temps un peu plus tard par le colonel Mamady Doumbouya à la tête du CNRD, accompagné d’un cortège de véhicules blindés. « Il était très ouvert, très franc » selon la ministre des Affaires étrangères du Ghana, qui conclut : « nous sommes venus prendre contact, c’est fait, et nous allons poursuivre ce dialogue. »
L’Union africaine suspend la Guinée
Comme la Cédéao mercredi, l’Union africaine suspend la Guinée de ses instances, a annoncé le Conseil paix et sécurité de l’organisation.
Cette suspension était attendue. Début juin, le Mali avait subi la même sanction après un second coup d’État en neuf mois et ce deux jours après avoir été suspendue de la Cédéao. Trois mois plus tard, le scénario se répète : l’Union africaine a suspendu hier la Guinée de ses instances 48h après l’institution sous-régionale. Le Conseil paix et sécurité de l’UA s’était pourtant réuni lundi au lendemain du coup d’État pour se pencher sur la situation dans le pays. Mais cet organe en charge des conflits et des questions de sécurité « a décidé d’attendre et de s’aligner sur la Cédéao », explique une source au sein de l’organisation régionale, assurant que l’UA s’alignera à nouveau si elle venait à prendre d’autres sanctions. La Cédéao a dit mercredi qu’elle « réexaminerait la situation de la Guinée selon la suite des évènements et après le rapport de sa mission diplomatique ».
L’an dernier, la Cédéao avait pris des sanctions essentiellement économiques contre le Mali après le premier coup d’état. Sanctions qui avaient été levées après que les militaires maliens se soient engagées à respecter une transition de maximum dix-huit mois.
L’UA demande également au Conseil de sécurité de l’ONU d’approuver le communiqué final de la Cédéao.