Au cours d’un meeting géant tenu le 29 février 2020 au Palais de la Culture de Bamako, l’Imam Mahmoud Dicko appela le peuple à prendre son destin en main à travers une grande manifestation populaire et pacifique le vendredi suivant. 72 heures après, l’imam Dicko a été convoqué par le procureur du Tribunal de la commune V, Ladji Sara.
Mais très vite, cette convocation a été rétirée avec des excuses officielles du pouvoir pour apaiser la situation. Sur instruction de son grand maitre, le cheikh Mohamed Ould Cheickné Haïdara, alias ‘’Bouyé’’ la marche du vendredi programmée par le l’Imam Dicko a été annulée. Une décision peu appréciée par une frange importante de la population surexcitée, décidée à en découdre avec le régime d’IBK.
Des commentaires vont bon train. Pour couper court à toutes les rumeurs autour du report de ce grand rassemblement du vendredi 6 mars dernier, le maître spirituel de la Tariqa Tijaniyya a évoqué les raisons de cette annulation aux fidèles hamallistes en dédouanant l’imam Dicko de tout soupçon de manipulation de masse. « A présent, je retiens de lui (Dicko) un homme correct, intègre et fidèle à mon égard. » a-t-il précisé. Dans son intervention, le Chérif de Nioro a fait des révélations sur le régime d’IBK, qui selon lui tend vers sa fin, les coups bas d’Alpha Oumar Konaré, les attaques de Karim Keïta et son ami, le fils de Tiékoro Bagayogo contre sa famille, les élections truquées de 1992 et 2002 par ATT et Alpha, les manœuvres de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga…. Nous vous livrons l’intégralité de son intervention traduit en français par Cheick Coulibaly, porte- parole de l’union des jeunes Hamallistes.
,
« Ma relation avec Dicko est sincère. »
Compte-rendu de l’intervention du Chérif, ce jour 6 mars 2020, après la prière du vendredi. Après son mot de bienvenue aux fidèles hamallistes comme à l’accoutumée, le Chérif a tenu à donner des précisions à l’ensemble des fidèles sur toute l’étendue du territoire national à propos de sa position face aux rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux concernant la marche à l’appel de l »Imam Dicko, finalement annulée. « Aujourd’hui, je me glorifie d’être le fils d’un grand homme comme Cheickné Hamaoula. Un homme de tolérance, un homme emblématique. Même si d’autres pensent qu’il ne vit plus, je suis parmi les gens qui pensent que Cheickné Hamaoula n’est pas mort. Je n’ai rien aussi contre les gens qui pensent qu’il est mort. » A rappelé Bouillé aux fidèles, à l’entame de ses propos avant d’ajouter.
Marche annulée….
« Ma relation avec Dicko est sincère, nous nous sommes engagés ensemble en 2011 contre le code de la famille qu’ATT avait voulu nous imposer. A présent, je retiens de lui un homme correct, intègre et fidèle à mon égard. Concernant la marche annulée, j’ai fait savoir à l’imam Mahmoud Dicko qu’on n’a pas besoin d’utiliser la violence contre un régime ayant montré ses limites. Les propos attribués à lui après son meeting m’ont été rapportés et j’ai donc pris l’initiative de le faire revenir à la raison, en lui demandant de surseoir à la dite marche. Tout le monde est conscient de la situation actuelle du pays. Le Président et son gouvernement sont incapables de gérer les affaires publiques de l’Etat et la situation sécuritaire va de mal en pire.
« Ce régime qui tend vers sa fin ? »
« Je ne m’associerai jamais à quelqu’un pour déstabiliser le pays. Mon seul objectif est de voir tous les Maliens heureux. Le régime actuel est déconnecté de toute la réalité du pays. Si nous avons des ennemis aujourd’hui, c’est ceux-là qui prennent des armes contre nous. Nos militaires et civils meurent à longueur de temps. Notre pays a figuré parmi les grands empires du monde, mais aujourd’hui, nous connaissons toutes sortes d’humiliation du fait de la mauvaise gouvernance pendant que le Président lui-même, n’est même pas conscient de son rôle de Président que lorsqu’il se voit dans son avion pour voyager; le peuple malien étant laissé à lui-même. Notre souveraineté est bafouée et la seule préoccupation du régime, c’est de jouir des deniers publics. Les droits des fonctionnaires ne sont plus respectés et l’armée est humiliée en permanence. Qu’allons-nous faire avec ce régime qui tend vers sa fin ? Une chose est claire, le Mali ne restera pas comme ça. IBK doit se rappeler de 2002 quand le troisième a pris la place du premier (en 2002, il avait été premier à l’élection présidentielle suivi de Soumaïla Cissé, ATT était arrivé troisième, mais a pris le dessus sur les deux autres grâce à la complicité d’Alpha Oumar Konaré qui avait lui aussi, perdu les élections en 1992 face à Tiéoulé Mamadou Konaté et cela, grâce à l’implication du même ATT qui fut son mentor en son temps et qui a volé les voix des autres au profit d’Alpha.
« J’étais le seul confident d’IBK »
En 2007, le même scénario s’est produit face à ATT où Alpha jurait qu’IBK ne serait jamais président de son vivant à lui. A l’époque des faits, j’étais le seul confident d’IBK et il doit encore se rappeler de ce que je lui ai dit pour le réconforter. Alpha le traitait d’incapable à gérer le pays, mais lui reconnaissait au moins, un homme de rigueur et ferme, lorsqu’il s’agit d’exécuter des décisions. Une chose n’est plus un doute sur IBK, c’est que c’est une liane (une liane est une plante grimpante herbacée ou ligneuse à la tige particulièrement souple qui utilise d’autres végétaux, mais aussi, d’autres supports verticaux pour monter vers la canopée, bénéficiant d’un meilleur ensoleillement.). IBK n’est bon que pour exécuter des ordres et décisions à lui instruites. Il ne saurait les initier lui-même. En 2013, c’est lorsque les deux Chefs religieux, à savoir : Mahmoud Dicko et Ousmane Madani Haïdara, n’ont pu nous faire un choix que j’ai décidé de porter ma confiance à IBK pour la simple raison qu’il n’était pas parmi les gens qui ont défendu le code des personnes et de la famille. »
‘’ATT a porté atteinte à nos valeurs sociétales.’’
« IBK reste le seul Président incompétent que le Mali n’a connu de toute son histoire. Il a trahi son peuple et son gouvernement, est incapable de gérer les affaires publiques de l’État. Pourtant, il est le deuxième Président légal et légitime à travers son élection de 2013, Modibo Keïta étant le premier. Les autres ont fait des mascarades pour venir au pouvoir. Le peuple malien l’a choisi, lui, comme président par la voix démocratique. Alpha, dans sa stratégie de livrer notre pays à nos ennemis, a opté pour une flamme de la paix en détruisant nos armes au profit des rebelles. Quant à ATT, il a porté atteinte à nos valeurs sociétales et religieuses en voulant instaurer le code de la famille pour faire plaisir aux occidentaux. Tant que nous resterons vivants, nous dirons non aux tripatouillages de nos textes. IBK laisse gérer le pays par sa famille et son entourage ».
« J’ai été la première personne à être attaquée par Karim Keïta »
Prenons le cas de son fils Karim, « il est impliqué dans toutes les affaires. Qui ne sait pas que Karim fait du trafic d’argent à travers le monde entier ?
Ils ont tous des comptes bloqués à l’étranger.
Nos ressources sont pillées pour des investissements en dehors du pays.
Karim ne serait pas devenu député si je ne m’étais pas opposé à la décision de son père qui prévoyait d’empêcher sa candidature. Mais j’ai été la première personne à être attaquée par Karim à travers mes enfants pendant la campagne présidentielle de 2018. Lui et le fils de Tiékoro Bagayoko, en la personne de Mohamed, ont planifié une attaque contre une partie de la famille de ma fille à Guiré dans la zone de Nara.
Par ailleurs, deux de mes enfants ont subi de coups et blessures volontaires, l’un à Diema au poste de péage et l’autre à Bamako.
Notre Zawia de Niaréla a fait l’objet d’attaque, le 05 avril dernier, au gaz lacrymogène par des policiers. Si je dois raconter tout ce que nous avons subi de ce régime, on n’en finirait pas aujourd’hui ».
“Ma position face au régime reste la même…’’
‘’Pour conclure mon intervention, le message important que j’adresse à l’endroit du peuple malien est le suivant : “Ma position face au régime reste la même, mais de façon démocratique.
Notre pays est une grande nation, tous ceux qui pensent que le Mali va tomber se trompent, nous allons nous relever. Même les ennemis de la nation qui souhaitent du malheur au pays profiteraient du Mali.”
Rassemblés par Habi Kaba Diakité
L’Enquêteur