Le Directeur général de l’INSP, Pr Akory Ag Iknane, a été limogé le 5 mai dernier, à l’issue du conseil des ministres, qui l’a aussitôt remplacé par un médecin colonel-major, du nom de Guédiouma Dembélé. Son remplacement par ce colonel suscite des réactions négatives, qui évoquent » une colonelisation de l’administration « .
Le Mali, qui affiche un bilan de plus 14.000 cas, dont 502 décès et 9 039 guéris, limoge le Directeur général de son Institut National de la Santé publique (INSP), qui était aussi le Coordinateur national de lutte contre la Covid-19. Il s’agit de Pr Akory Ag Iknane, qui vient d’être remplacé par le médecin colonel-major Guédiouma Dembélé.
Selon Aboubacar Sidick Fomba » la nomination d’un médecin militaire comme Directeur de l’INSP contredit le cadre organique qui retient que le poste de Directeur est réservé aux Cadres/Corps : Professeur, Directeur de recherche, Maître de conférence, Maître de recherche et ne préfigure pas d’une bonne gestion du Règlement Sanitaire international 2005 « .
Ce membre du CNT, qui a adressé des questions orales au ministre de la Santé, évoque une » violation flagrante des textes qui régissent le Règlement Sanitaire International, surtout en cette période de hausse des cas de Covid-19 « . » La jurisprudence française, relative à la démission refusée par les plus hautes autorités du Directeur National de la Santé, monsieur Salomon ne devrait-elle pas servir d’exemple à la ministre de la Santé ? « , s’interroge-t-il.
En réponse, la ministre Dr Fanta estime qu’il n’y a pas eu de violation de texte. L’article 13 de l’ordonnance n°2019-011/P-RM du 27 mars portant création de l’Institut National de Santé Publique prévoit, en effet, que » le Directeur général est nommé par décret pris en Conseil des ministres « . » Nous sommes en parfaite harmonie avec les textes. Nullement, il n’y a référence à un professeur de recherche pour gérer la structure « , a déclaré Dr Fanta Siby.
Selon elle, la loi de 2014 portant principes fondamentaux de la création, de l’organisation et du contrôle des services publics dans son article 52 prévoit que les emplois administratifs supérieurs sont réservés au personnel des grades les plus élevés de la catégorie A du statut général des fonctionnaires, aux magistrats de grades les plus élevés, aux officiers généraux et supérieurs des forces armées de sécurité et aux fonctionnaires les plus gradés de la police.
Le Directeur sortant, Pr Akory Ag Iknane est ainsi freiné dans son élan de lutte contre la Covid-19. Sa dernière innovation concerne la mise en place d’un système de gestion informatisé du processus des tests Covid-19 voyage. Cet outil, présenté hier à la presse, permet de gérer les tickets, la caisse, les prélèvements, les résultats, l’authenticité, la sécurité, les données et les rendez-vous via www.testcovid.insp.ml . Ce logiciel constitue une innovation dans le cadre de la délivrance des certificats aux voyageurs.
Au moment de la grève de son personnel pour réclamer les ristournes, il effectuait lui-même les prélèvements. Sa structure a pu mobiliser près de 5 milliards de francs CFA. Le gouvernement, qui prenait ces gains issus des tests, a finalement attribué les 50% de frais de test à l’INSP.
Ainsi, après l’administration territoriale, plusieurs établissements publics à caractère administratif ou commercial, les ambassades, la » Militarisation » voire » Colonelisation » atteint les services de santé, dont des hôpitaux. Le personnel du CHU Gabriel Touré s’oppose, par ailleurs, depuis quelques jours à la nomination d’un autre médecin Lieutenant-colonel (Moussa Sidibé) comme Directeur général de l’établissement.
M.S.C
Source: l’Indépendant