IBK n’a pas osé, comme son ancien Premier ministre Moussa Mara, aller à Kidal où des manifestations avaient eu lieu contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma).
IBK n’a pas osé, comme son ancien Premier ministre Moussa Mara, aller à Kidal où des manifestations avaient eu lieu contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma).
Les manifestants continuent toujours d’occuper l’aérogare de cette ville et les forces onusiennes y sont toujours très mal vues, surtout après leur échec à pacifier la zone de Tabancort. Mais, après les manifestations populaires contre la Minusma, et ses dramatiques conséquences, à Gao, le président de la République a renoncé au 24ème sommet de l’Union africaine pour se rendre dans cette ville, le jeudi 29 janvier dernier, sous escorte des forces onusiennes pour honorer la mémoire des trois personnes tuées et rendre visite aux blessés. A Gao, le chef de l’Etat a encore réaffirmé le caractère indivisible de son pays alors même qu’il n’a aucun moyen, pour le moment, de s’opposer à la partition du Mali, ni d’y garantir la laïcité. Ne sachant plus sur qui compter parmi tous ces pays qui se disent amis du Mali, le chef de l’Etat choisit les mots qui enivrent et les larmes qui émeuvent, et refuse de passer aux actes qui libèrent et lui permettront un jour de se rendre à Kidal pour prier sur les tombes des civils et militaires lâchement assassinés dans cette région.
Hommages frustrants et discours endormants
Mais au-delà des hommages frustrants, des discours endormants et des actes symboliques, Ibrahim Boubacar Kéita, en vieux briscard de la scène politique, a certainement profité de cette visite pour jauger sa cote de popularité et l’état de santé de son parti dans la région de Gao. Et a constaté que lui et son RPM n’y sont plus populaires pour avoir échoué dans la gestion de la crise sécuritaire que vit le nord depuis 2012. A Tombouctou, Gao et Kidal mais aussi dans le centre du pays, c’est toujours l’insécurité, et des gens sont tués ou mutilés par des roquettes ou des mines anti-personnel. Le vieux briscard a donc certainement compris que dans ce nord, le seul souhait des populations est la signature d’un accord durable de paix, qui permettrait de relancer les activités économiques. Ce dont elles se soucient très peu, en revanche, ce sont ces élections communales et régionales qui mettent en ébullition la classe politique.
Avril n’est pas loin et déjà les acteurs politiques se posent des questions quant à la tenue de ces élections de proximité à la date indiquée. Mais le doute n’exclut pas la prudence. Aussi, quatre jours après le chef de l’Etat et sa délégation, son opposition prend le même avion onusien, se fait escorter par les mêmes forces onusiennes, et se rend dans la même ville. Pour les mêmes raisons. Soumaïla Cissé, président de l’Urd et chef de file autoproclamé de l’opposition parce que son parti compte plus de députés que les autres, Tiébilé Dramé, président du Parena et responsable politique qui en sait le plus sur le nord malien et sur la manière d’y faire revenir la paix et la sécurité, Ahmadou Abdoulaye Diallo, président du Pdes, le navire que tous les rats ont abandonné après la chute du grand timonier, et Yaya Coulibaly, président d’un fantomatique parti nommé Prvm-Fasoko, tous se réclamant de l’opposition, tiennent meeting dans la Cité des Askia, au siège local du Pdes. Même scénario que lors de la visite présidentielle sauf que, cette fois, ils sont quatre à tenir les mêmes discours et à verser les mêmes larmes que le président Kéita.
Absences remarquées et explicables
Et comme le président de tous les Maliens, ils n’ont pas tardé, chacun dans son coin et après avoir enterré les morts et pansé les plaies, à se réunir avec leurs militants respectifs. Le sujet n’avait rien de sécuritaire, bien sûr ! car il faut avant tout parler d’élections communales et régionales, et trouver la meilleure stratégie de faire tomber le RPM tombé en disgrâce. Ainsi, grâce à cette Minusma tant décriée et bientôt honnie par les populations si les enquêtes prouvaient qu’elle avait bien tiré sur des manifestants sans arme, les plus malins de la classe politique ont trouvé le moyen de se rendre à Gao, en toute sécurité et à peu de frais.
Les moins malins sont restés à Bamako pour des raisons diverses. Et pourtant, au lendemain des manifestations de Gao, ils étaient douze partis se réclamant de l’opposition à signer une déclaration qui fustigeait la volonté de la Minusma de faire signer aux groupes armés non étatiques un accord de démilitarisation tendant à faire de Tabancort une zone temporaire de sécurité et condamnaient les tirs des forces onusiennes sur la population. Les absents les plus illustres resteront Modibo Sidibé, qui a fait un score honorable lors de la dernière présidentielle, mais dont le parti, Fare, n’a pas su garder ses députés partis « prédater » ailleurs, et Amadou Koïta, président d’un autre parti fantomatique, PS-Yelen Kura, mais connu surtout pour être le plus bavard de l’opposition. Ils ont certainement compris qu’en un jour de visite ils ne pourront pas implanter leurs partis à Gao où ils sont inconnus.
Cheick TANDINA
source : Le Prétoire