Amman avait prévenu. Les autorités jordaniennes n’ont pas attendu pour mettre à exécution la « réponse terrible » promise après la mort du pilote de chasse, brûlé vif par les djihadistes de l’Etat islamique (EI). Dès mercredi matin, deux islamistes ont été pendus, dont une Irakienne condamnée à mort en 2006 et dont EI réclamait la libération. L’assassinat du pilote a donné lieu à des rassemblements de centaines de Jordaniens dans le centre de la capitale pour appeler à la vengeance aux cris de « mort à Daech ». A Karak, la ville natale de l’aviateur, plusieurs dizaines de manifestants s’en sont brièvement pris à un bâtiment de l’administration, reprochant au pouvoir de ne pas en avoir fait assez pour obtenir sa libération. Le propre père du lieutenant a appelé à une réponse plus forte encore. « Les Jordaniens veulent que l’Etat et la coalition portent des coups encore plus durs pour détruire ces criminels », a-t-il dit.
Depuis son arrestation le 24 décembre, le sort de l’officier de l’armée de l’air a fortement mobilisé la population du royaume hachémite et provoqué des rassemblements contre le roi Abdallah, jugé responsable d’avoir entraîné le pays dans la coalition militaire anti-Etat islamique. En déplacement aux Etats-Unis, le roi Abdallah a écourté sa visite. Non sans avoir auparavant dénoncé, à la télévision, un acte de lâche terrorisme commis par un groupe déviant, qui n’a rien à voir avec l’islam.
Appel à la mobilisation internationale
L’exécution a soulevé des réactions d’indignation partout dans le monde occidental, ainsi que dans les monarchies du Golfe et en Iran. Le Japon, encore sous le choc du meurtre de ses deux otages , a dénoncé un meurtre ignoble.
En France, Nathalie Goulet, présidente centriste de la commission d’enquête du Sénat sur l’organisation et les moyens de lutte contre les réseaux djihadistes, a appelé la communauté internationale à se mobiliser autour de la Jordanie. « Dans son projet de califat, l’Etat islamique a toujours eu la Jordanie en ligne de mire », écrit la sénatrice de l’Orne. Il est temps d’activer la politique euro-méditerranéenne à l’égard de ce royaume, qui accueille « plus de deux millions de Palestiniens et 100.000 Syriens », poursuit l’élue.
La presse syrienne estimait, mercredi, que la Jordanie payait le prix pour avoir laissé passer à sa frontière avec la Syrie des hommes armés venus combattre le régime de Damas. Al Azhar, l’une des plus prestigieuses institutions de l’islam sunnite basée au Caire, a appelé à « tuer et crucifier » les « terroristes » du groupe Etat islamique (EI).
M. G.
Source: lesechos.fr