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La guerre de la CEDEAO : Nul n’est à l’abri de décisions légères et absurdes de la Cédéao

Le Niger a enregistré un autre coup d’état le 26 juillet de cette année. Les coups d’état déclenchent toute une série de réactions en chaîne, imprévisibles et incontrôlables.

En effet, les événements qui ont conduit à ce coup de force, qui peuvent être ni souhaitables ni acceptables dans une véritable démocratie, ne sont que les conséquences des actions et décisions prises par les classes dirigeantes de nos pays au cours de ces dernières décennies. La gouvernance de ces politiciens a amplifié l’affairisme et la corruption endémique, le tripatouillage des constitutions pour leur maintien au pouvoir ou la sauvegarde des intérêts personnels, les élections truquées et fortement contestées, et les crises alimentaires et sécuritaire alimentées par la faiblesse et l’échec d’une démocratie pervertie. Il y a une césure de plus en plus évidente entre nos populations et nos politiciens. C’est pour cela que nos peuples applaudissent et soutiennent les coups d’état de nos jours. Nos peuples cherchent une nouvelle voie. Cette soif de renouveau politique est peut-être encore plus grande chez les plus jeunes. Le modèle de démocratie abâtardie imposé à nos peuples s’est essoufflé. C’est pourquoi nous devons tous réaffirmer notre engagement à œuvrer sans relâche pour l’avènement d’une vraie démocratie liée à nos valeurs et à notre identité, et surtout d’États qui garantissent une plus grande justice sociale pour l’ensemble de nos peuples.

A présent, les dirigeants de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont fixé un ultimatum d’une semaine aux militaires nigériens pour un retour complet à l’ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure un recours à la force si ce n’était pas le cas. Ils ont également décidé de suspendre toutes les transactions commerciales et financières entre les États membres et le Niger.

Face à cette mise en garde de la menace d’usage de la force proférée par les dirigeants de la sous régions et soutenus par leurs partenaires occidentaux, dont la France, ex-puissance coloniale, les Officiers dirigeants du Burkina Faso et du Mali ; à l’image du Général Moussa Traoré, toutefois dans un contexte bien diffèrent, qui fut atterrir ses soldats en quelques heures à Conakry pour faire face à l’agression impérialiste contre la Guinée en novembre 1970; préviennent que toute intervention militaire contre le Niger entraînerait un retrait de leurs pays de la CEDEAO, ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger. Ils ajoutent qu’ils refusent d’appliquer les sanctions contre le peuple et les autorités nigériennes autorisée par la CEDEAO. Pourtant, le Général Moussa Traoré fut l’un des initiateurs et pères fondateurs de cette même organisation sous régionale. Quant au gouvernement de transition guinéen, tout en affichant son soutien aux militaires et au peuple nigérien, a exprimé son désaccord concernant les sanctions préconisées par la CEDEAO. Et l’Algérie n’a pas hésité à émettre une mise en garde concernant une intervention militaire de la CEDEAO au Niger. Il reste à savoir si la CEDEAO a les moyens de soutenir ses décisions ou d’intervenir militairement au Niger. Quoi qu’il en soit, les dirigeants de l’organisation peuvent se féliciter d’avoir réussi à tracer les premiers pas vers le déclenchement des hostilités entre les pays membres ou même d’une guerre régionale.

Décidément, nul n’est à l’abri de décisions légères et absurdes de la CEDEAO. Elle semble passer son temps à lancer des menaces au lieu de trouver des solutions durables aux problèmes politiques ou de société dans les états membres. Les hommes d’État continuent à se réunir et à rédiger des communiqués qui ne sont point pertinents ni avoir de lien avec ce qu’ils essaient de faire ou d’accomplir en premier lieu. Était-il nécessaire d’inviter l’Officier à la tête de la transition Tchadienne au sommet de l’organisation et l’envoyer en catimini en médiation auprès des militaires nigériens ? Cette posture de ‘‘deux poids, deux mesures’’ enlève toute crédibilité à leur action de dénonciation et de légitimité aux sanctions prises. Il nous semble qu’il y a un manque de connaissances adéquates des enjeux ou de réflexion défaillante, ou même d’une impulsion mal maitrisée et de débordement émotionnel chez les dirigeants de cette organisation. Fallait-il fermer les frontières pour faire souffrir les pauvres populations après le malheureux exemple au Mali ? Quoi qu’il arrive, les portes de Dieu seront toujours grandement et gracieusement ouvertes pour les pauvres nigériens à la recherche d’une vie meilleure. Il est temps que ces dirigeants aient la capacité d’anticiper les conséquences de leurs décisions et actes.

Aussi, les dirigeants de l’organisation doivent démontrer plus de connaissance et de compétences nécessaires pour prendre leurs propres décisions concernant nos affaires et surtout savoir évaluer correctement les risques encourus par ces décisions. Ils doivent éviter de faire l’erreur de penser que ces risques ne les concernent pas ou qu’ils échapperont aux conséquences potentiellement négatives de leurs choix. A cet effet, Il est important de savoir qu’un conflit qui touche un pays peut rapidement embraser la région entière du fait des liens sociaux, économiques et culturels qui existent entre nos peuples. Il est alors important de travailler avec les militaires, les politiques et la société civile au Niger pour redéfinir le cadre de l’intervention de l’organisation sous régionale et éviter les erreurs du passé. Au lieu d’une guerre régionale, ils doivent intelligemment travailler pour la paix et sommer les militaires au retour à une vie constitutionnelle normale dans un bref délai. Il est tout aussi souhaitable que la CEDEAO commence à consulter nos peuples avant de prendre des décisions qui affectent leur vie quotidienne et leur sécurité, et pouvant avoir des répercussions négatives. Nous sommes convaincus que les citoyens des pays membres de la CEDEAO veulent une organisation qui permet l’émergence d’un système économique et social au service des peuples de la communauté. Le destin de nos pays se jouera dans une CEDEAO plus rassemblée. Nos peuples veulent une CEDEAO qui change, dans un monde nouveau, une CEDEAO qui œuvre pour des changements politiques et sécuritaires, économiques et sociaux qui répondent à leurs attentes. Ils veulent sûrement une CEDEAO qui gagne en efficacité. Enfin, ils veulent une CEDEAO qui défend de bonnes politiques de gouvernance et non une démocratie de façade.

Cheick Boucadry Traoré

 

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Mali Tribune

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