PARIS – La France a réorganisé ses efforts militaires en Afrique de l’Ouest pour accorder davantage d’attention à la lutte contre l’organisation extrémiste nigériane Boko Haram, plus particulièrement en offrant des renseignements aux pays africains qui se sont unis pour combattre les djihadistes.
La France appuie ainsi l’offensive dirigée par le Tchad en collaboration avec le Cameroun, le Nigeria, le Bénin et le Niger.
Une trentaine de militaires français sont déployés au Niger depuis le mois dernier, près de la frontière avec le Nigeria, et des avions français survolent régulièrement le secteur afin de recueillir des renseignements, ont indiqué sous le couvert de l’anonymat deux diplomates français.
La France fournit également du carburant et des vivres aux forces tchadiennes, a dit un de ces diplomates.
La France dispose d’une importante base aérienne d’environ 600 hommes à N’Djamena, la capitale du Tchad, près de la frontière avec le Cameroun et le nord du Nigeria.
Elle a déployé quelque 3000 militaires dans cinq pays du Sahel afin de combattre les islamistes dans la région.
L’opération contre Boko Haram est «flexible», ce qui signifie que certains hommes peuvent être redéployés d’un pays vers un autre, a dit un des diplomates sans fournir plus de détails.
Le ministre français de la Défense a déclaré cette semaine que son pays augmenterait «légèrement» son nombre d’hommes dans le Sahel d’ici la fin de l’année, mais qu’il n’entend pas participer activement aux combats contre Boko Haram.
La France a précédemment aidé à chasser des islamistes qui s’étaient emparés du nord du Mali, une ancienne colonie française.
Le groupe djihadiste État islamique a par ailleurs annoncé jeudi qu’il acceptait la promesse d’allégeance de Boko Haram.
Jeudi, la branche médiatique de l’ÉI, Al-Furqan, a publié un enregistrement du porte-parole Abou Mohammed al-Adnani disant que le serment de Boko Haram était accepté et annonçant que le califat du groupe s’étend maintenant à l’Afrique de l’Ouest et que «personne ne peut lui bloquer le chemin».
Le directeur du centre pour l’Afrique du conseil atlantique, un groupe de réflexion à Washington, croit que la rapidité de l’acceptation du groupe armé ÉI pourrait être de mauvais augure pour l’Afrique.
«Les militants trouvant de plus en plus difficile de se rendre en Syrie et en Irak, ils pourraient choisir de se rendre plutôt dans le nord-est du Nigeria pour internationaliser le conflit», a affirmé J. Peter Pham.
«L’acceptation prompte – on pourrait même dire accélérée – par l’auto-proclamé État islamique du serment d’allégeance de Boko Haram» démontre qu’ils ont tous deux besoin de la publicité découlant de leur affiliation», croit M. Pham.